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DOCUMENTAIRE. Deux jeunes médecins remplaçants cherchent cabinet où s'installer

Deux jeunes médecins fraîchement diplômés -deux docteurs donc- partent en quête leur lieu d'installation. Où vont-ils poser leurs mallettes ? Dans le Berry, rural, en Lorraine, leur région natale ou en Bretagne tout près de la mer ? Suivez leur périple, lors de remplacements successifs. Vont-ils trouver le cabinet de leur vie ?

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C'est une sorte de conte moderne que vous propose Camille Pitron, dans son documentaire "Aux petits soins". Un conte, où Mathilde et Antoine, tous deux jeunes carabins (comprenez étudiants en médecine) se sont rencontrés. Devenus médecins, puis docteurs, à 28 ans, leur histoire aurait pu se terminer par un "ils s'installèrent, firent carrière, eurent accessoirement des enfants et vécurent heureux". Sauf que ni Mathilde ni Antoine ne l'entendent ainsi. 

Leur envie, au-delà de leur métier passion, c'est de réussir leur vie de couple. C'est d'avoir des désirs, des loisirs, comme tous les jeunes gens de leur âge. Alors, pour trouver le lieu de vie qui leur sied le mieux, ils ont décidé de ne pas se précipiter pour s'installer. Ils s'engagent dans une sorte de tour de France des cabinets médicaux. Et de remplacements en remplacements, ils espèrent voir l'horizon se dégager et leur avenir se tracer. 

Voici trois bonnes raisons de regarder ci-dessus "Aux petits soins".

Le documentaire est suivi d'un débat que vous pouvez également suivre ici : Débadoc.

1. Pour le goût de la liberté

Antoine et Mathilde appartiennent à une génération qui bouleverse l'ordre établi dans le monde du travail. Naguère, il fallait trouver un emploi stable, puis, le cas échéant, fonder une famille. Désormais, les jeunes générations portent leur attention sur leur qualité de vie. Ils recherchent un équilibre entre leur temps professionnel et leur temps personnel. 

Mathilde et Antoine ne font pas exception. Bien qu'ayant choisi un métier prenant, une mission permanente, ils n'en demeurent pas moins de jeunes gens qui veulent vivre pleinement leur vie de couple. Mathilde déclare : "on fait partie d'une génération qui adore voyager ; on est deux ; on est dispo en même temps ; on n'a pas d'attaches ; on est hypermobiles et on n'a pas d'enfant". Libres comme l'air donc.

Mais attention, ils veulent exercer leur métier, certes, mais pas n'importe comment. Pas question pour eux de s'y consacrer corps et âmes. Mathilde précise d'ailleurs, en comparant la vie de ses amis agriculteurs et celle qu'elle souhaite : "leur système est intéressant : ils sont quatre et partagent les gardes de weekend. Leur objectif, c'est de bosser dans des horaires définis, de ne pas faire des journées à rallonge comme les paysans avant. Comme les médecins qui faisaient des astreintes et étaient mobilisables tout le temps. C'est plus forcément ce que l'on veut maintenant".

Alors Antoine le dit "avec Mathilde, on a décidé de faire un tour de France des remplacements pour voir où est-ce qu'on a envie de s'installer". Mais aussi à quelles conditions. Libres tout simplement.

2. Pour (re)découvrir des régions

Lyon est leur point de départ. Le jeune couple de docteurs vient d'y finir une mission de remplacement. Première étape rurale, le Berry dans la région Centre-Val de Loire, Puis le Grand Est, dont ils sont tous les deux originaires et enfin la Bretagne qui leur fait des yeux doux, grâce à son atout bonus : la mer.

"On est venus dans le Berry, parce que j'ai une copine qui s'est installée ici, dans une ferme", explique Mathilde. "Elle est devenue éleveuse de chèvres et cette histoire de ruralité, de vivre à la campagne, c'est quelque chose qui nous intéresse depuis longtemps". Elle fait le parallèle entre la situation de ses amis et la leur : "Ils ont réfléchi à un projet pour s'accorder de la qualité de vie ; ça nous parle vraiment".

L'étape suivante dans le Grand Est est plus liée à l'enfance. Ils ont grandi là, tous les deux, elle, en Meurthe-et-Moselle du côté de Flavigny-sur-Moselle et lui dans la Meuse près de Dieue-sur-Meuse. Chacun retourne donc sur ses terres natales pour assurer un remplacement. "On a toujours besoin de revenir là où il y a les gens les plus importants pour nous. C'est plus lié aux gens qu'au lieu". Le départ pour l'étape suivante fait un petit pincement au cœur. Quel que soit l'âge, quand tout se passe bien, on reste toujours les petits de ses parents. 

Et c'est enfin la Bretagne, à l'approche des grandes vacances d'été. Dinan, ses rues médiévales puis Saint-Malo et sa plage du Sillon, ses activités nautiques et sa piscine d'eau de mer. De véritables cartes postales en cette période estivale. Encore un lieu que le jeune couple quitte à regret : "C'est fini la Bretagne" soupirent-ils en reprenant la route. 

Trois lieux, trois ambiances, trois choix de vie différents, imposés par la géographie. Mais le contexte territorial suffit-il aux deux docteurs pour établir leur sélection ? 

3. Pour se rendre compte des inégalités médicales

Après avoir choisi les régions qui les intéressent, Mathilde et Antoine ont déterminé leurs points de chute en fonction des cabinets de leurs confrères. Leur objectif : trouver deux remplacements simultanés dans un même secteur géographique, mais aussi des lieux d'accueil suffisamment sécurisants. Leurs choix se sont donc porté sur des maisons de santé, où ils savent pouvoir compter sur les conseils des autres praticiens. Pas question pour eux de se retrouver isolés dans un cabinet. "Il [le médecin qu'il remplace] a pris du temps avec moi pour me présenter les logiciels et les différentes personnes avec qui je vais travailler ; c'est cool d'avoir quelqu'un de dispo comme ça à l'arrivée, parce qu'un remplacement, ce n'est pas toujours rassurant".

Dans un contexte de manque de médecins et de médecins remplaçants, les offres sont supérieures à la demande. Ils ont ainsi l'embarras du choix. Antoine ne s'en cache pas : "on est facilement accueillis parce qu'ils manquent de médecins partout. Nous, quand on arrive, c'est une bénédiction.  Étant donné qu'il y a beaucoup plus d'offres que de demandes, on n'a pas trop besoin de chercher et ça vient à nous".

Mais au-delà de la satisfaction du service rendu aux médecins qu'ils remplacent, -"ça permet de rendre service à des confrères qui ont besoin de partir en vacances" s'enorgueillit Mathilde- ce sont surtout les patients qui sont heureux de voir débarquer de jeunes remplaçants. Une patiente précise son cas : "j'ai contacté au moins une quinzaine de médecins avant d'un trouver un. Et encore, je l'ai eu par relation. Je suis une ancienne infirmière, c'est vous dire les problèmes qu'on a. J'ai des amies qui sont obligées d'aller aux urgences pour avoir quelque chose".

Partout les mêmes témoignages, en visites à domicile ou en consultation, du manque de médecin. Partout, les maires et les confrères leur font les yeux doux et cherchent à les garder dans leur secteur. "Tout le monde veut qu'on s'installe. Tu arrives là en mode : je vais découvrir, c'est sympa et les gens sont vraiment en mode : "RESTE", on a vraiment besoin de toi [...] Mais c'est comme une relation, il faut que ça aille petit à petit, et que les deux parties soient consentantes". 

Un choix résumé par l'envie et la liberté ; celle de s'installer où ils veulent, dans les conditions qu'ils déterminent, mais certainement pas basé sur un modèle passé. Un système à réinventer. À deux.

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