Après la mort brutale d’un enfant, d’une mère ou d’un frère, la justice décide si le tueur est responsable ou non de ses actes. Ira-t-il en prison ou à l’hôpital psychiatrique ? Voici trois bonnes raisons de regarder « Irresponsables », un documentaire sans langue de bois.
Jugés irresponsables de leurs actes malgré leurs crimes, ils seront envoyés en hôpital psychiatrique. Nombreux sont ceux à avoir témoigné dans ce documentaire : familles de victimes et de meurtriers, psychiatres, magistrats, avocats, surveillants pénitentiaires et universitaires. Tous mettent en lumière la situation actuelle en France, avec leurs doutes, leurs craintes ou leur colère.
Voici trois bonnes raisons de regarder le documentaire poignant du journaliste lorrain Alain Morvan, "Irresponsables", en replay ci-dessus.
1. Pour comprendre la douleur des familles
"Il s’est acharné sur notre fils." Voici les premiers mots de Natacha Leroy, la mère du petit Luca poignardé en pleine rue à Jœuf (Meurthe-et-Moselle) en 2015. Son meurtrier a été jugé irresponsable car selon ses parents, "il est schizophrène, c’est pas de sa faute." En plus de la douleur insoutenable d’avoir perdu leur enfant, les parents de Luca découvrent que l’auteur des faits avait déjà tenté de tuer quelqu’un. La famille se sent abandonnée par l’État qui selon eux n’a pas su protéger leur fils.
Depuis 1994,"les experts doivent déterminer si le discernement a été altéré et non aboli au moment des faits." Face à la pression de l’opinion publique, les experts-psychiatres penchent plus facilement pour une altération du discernement. Ainsi, en 20 ans, le taux d'irresponsabilité pénale est passé de 3% à 0,2%. Et pourtant, selon Anne-Lise Trudon, avocate, "si la personne n’est pas en capacité de comprendre ce qu’elle a fait de mal, il n’y a aucun intérêt à la juger."
2. Pour en savoir plus sur ces meurtriers
Pour Guillaume Vlaminck, expert-psychiatre, "les irresponsables pénaux sont des personnes qui souffrent de psychoses chroniques. Elles entendent des voix et vont se sentir menacées." Georgio fait partie de ces personnes. Ce SDF allemand a tué une femme de ménage à Metz en 2020 et admet : "je n’avais pas l’intention de tuer cette personne, mais j’ai fait ce que les voix m’ont dit de faire."
Ces passages à l’acte arrivent lorsque le patient n’est plus hospitalisé et qu’il ne prend plus son traitement. Jean Schreiber, meurtrier d’Alexis Goeury dans les Vosges en 2019, n’a pas été hospitalisé avant son passage à l’acte. Mais ses parents "regrettent le manque de suivi régulier de leur enfant par les institutions." Ils se demandent s’il serait passé à l’acte s’il avait été mieux soigné.
3. Pour s’interroger sur le système judiciaire
Comment prendre en charge ces malades meurtriers ? Où doivent-ils aller ? Comment faire pour qu’ils ne recommencent pas ? Pour le réalisateur Alain Morvan, "la sécurité a pris le pas sur le soin." Selon Fadila Doukhy, surveillante pénitentiaire, les soins psychiatriques en prison restent très limités. Et "c’est en prison que les symptômes se développent et s’accentuent. Le fait de ne pas les voir et les mettre derrière un mur, ça les arrange."
Une négligence administrative a conduit à l’homicide de ma mère.
Fréderic Grosjean
Pour Fréderic Grosjean, dont le frère a tué leur mère, "une négligence administrative a conduit à l’homicide de ma mère." Son frère n’était pas stabilisé mais a pourtant pu sortir de l’hôpital. Pour certains professionnels de santé, il faudrait restaurer l’hôpital psychiatrique. Mais les moyens sont pour le moment insuffisants.