Le vice-président de Meurthe-et-Moselle interpelle le ministre de la Fonction publique, Stanislas Guerini. Dans un courrier daté du mercredi 14 décembre, André Corzani demande une indemnité de résidence pour les fonctionnaires français frontaliers du Luxembourg. Selon l’élu, ces travailleurs seraient soumis à un coût de la vie particulièrement élevé en raison de l’attractivité du territoire, et de sa proximité avec le Luxembourg.
Même situation, mêmes conséquences. Depuis le 12 décembre 2023, les fonctionnaires habitant sur le territoire frontalier de Genève (Suisse) bénéficient d'une indemnité de résidence correspondant à 3% de leur salaire de base. Il s’agit, pour le gouvernement, de leur faciliter l’accès au logement, alors que le prix des loyers augmente d’années en années.
Dès la publication de ce décret, André Corzani, vice-président de Meurthe-et-Moselle, demande au gouvernement une extension de cette mesure au territoire nord lorrain, frontalier du Luxembourg. "Il y a une parfaite similitude entre les deux territoires" déclare l’élu "Cherté de la vie, difficulté d’accès au logement…Le Luxembourg est le pays qui a le PIB le plus élevé au monde, les distorsions sont donc encore plus criantes ici que dans le Genevois" argue-t-il.
Depuis plusieurs années, l’attractivité de la zone, due en partie à la proximité avec le Luxembourg, fait flamber le prix des loyers. Les Français travaillant au Luxembourg, ou les Luxembourgeois vivant en France peuvent accéder à ces logements coûteux. Mais pas les travailleurs français vivants sur cette bande frontalière. "Par comparaison, Mont-saint-Martin, qui compte près de 10 000 habitants, dispose d’un budget annuel de 12 millions d’euros. Pour une ville de même densité, mais côté luxembourgeois, c’est un budget de 120 millions d’euros. Dix fois plus !" s’indigne André Corzani. "Toutes les villes du Nord-Lorrain se paupérisent et sont en grande souffrance, elles ne peuvent pas accompagner le développement du Luxembourg" ajoute-t-il.
Les fonctionnaires désertent le territoire
"On est sur un territoire très tendu dans le secteur immobilier, car le mécanisme au Luxembourg est contre-productif" explique Julien Schmitz, directeur de l’Agape (agence d’urbanisme Lorraine-Nord) "Le Luxembourg ne produit qu’un tiers des logements dont il a besoin pour son économie. Donc les travailleurs luxembourgeois viennent, avec des salaires élevés, vivre de ce côté de la frontière. Le prix de l’immobilier suit ". Conséquence : les fonctionnaires n’ont plus les moyens de se loger. Soit, ils partent vivre plus loin de la frontière, soit ils se reconvertissent dans le privé pour travailler au Luxembourg.
Les postes à pourvoir au sein des collectivités locales restent inexorablement vacants. "Dans ma propre structure, nous ne parvenons pas à nous loger" raconte Julien Schmitz, dont l’agence est basée à Longlaville. "Même avec des salaires à 2000 euros en moyenne, mes salariés ne se logent pas sur la bande frontalière, sur le secteur de Longwy. On va plutôt sur la deuxième couronne, à 40 km de la frontière et 25 km de Longwy où les loyers sont moins chers".
Le jeune cadre s’inquiète de l’avenir de sa région : "Il n’y a presque plus d’emploi ici. Sur le ratio nombre d’actifs/nombre d’emplois, on est au plus bas du niveau national. Donc si on n’arrive pas à retenir nos fonctionnaires, on va devenir des cités-dortoirs".
Dans l'Ain et la Haute-Savoie, 133 communes et près de 29 000 fonctionnaires sont concernés par cette mesure. Selon les estimations du ministère de la Fonction publique, les agents territoriaux toucheraient environ 840 euros par an, soit 70 euros brut mensuels d’indemnité. La mesure sera effective dans ces deux départements dès la fin du mois de décembre ; le vice-président de Meurthe-et-Moselle attend quant à lui une réponse du gouvernement.