Meurthe-et-Moselle. Face à l'épidémie de bronchiolite, les pédiatres, confrontés au manque de moyens adressent une lettre ouverte à Emmanuel Macron

4000 soignants en pédiatrie ont publié une lettre ouverte à Emmanuel Macron. Ils déclarent ne pas pouvoir faire face à l'épidémie de bronchiolite faute de moyens. Cyril Schweitzer pédiatre au CHRU de Nancy et président de la SP2A tire la sonnette d'alarme

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Le Professeur Cyril Schweitzer pédiatre au CHRU de Nancy et président de la Société Pédiatrique de Pneumologie et d'Allergologie est un des 4000 signataires de la lettre ouverte envoyée à Emmanuel Macron, Comme ces collègues, il craint, faute de moyens, de ne pas pouvoir absorber l'afflux annoncé de jeunes patients victimes de la bronchiolite. Circulant d'ouest en est, l'épidémie hivernale est attendue dans notre région début novembre.

Professeur Cyril Schweitzer, pourquoi avoir adressé cette lettre ouverte au Président de la République ?

La situation est compliquée dans tous les services de pédiatrie de France. Beaucoup sont sous pression et craignent de ne pas pouvoir faire face aux épidémies hivernales. Il faut savoir que l'activité dans ce secteur est saisonnière. En été, au CHRU de Nancy nous enregistrons une cinquantaine d'entrées. En hiver, une centaine. Les urgences pédiatriques sont en grande difficulté, elles représentent un tiers des entrées mais les moyens ne sont pas à la hauteur. Ce qui nous fait dire que la pédiatrie n’est plus une priorité pour la tutelle. Quand on vous donne des moyens calculés par une société de conseil sur un tableur Excel, une moyenne ça ne fait pas entrer les enfants dans des lits. Cette année nous n’avons plus aucune marge de manœuvre pour ouvrir des lits supplémentaires.

Quels autres facteurs expliquent la situation difficile des services de pédiatrie ?

On manque de médecins et de personnels paramédicaux dans les petits centres. Ils sont géographiquement peu attractifs. Difficile aussi de recruter pour des gardes, sur les week-ends.

Qui dit: service de pédiatrie, dit: permanence des soins. C’est une contrainte aujourd’hui mal vécue par les jeunes médecins. Dans les petits centres où travaillent deux ou trois pédiatres, ça veut dire: être de permanence un jour sur trois. Cette désaffection entraine un surplus d'activité pour les grands centres comme Nancy, Metz ou Epinal. Dans mon pôle, les prises en charges ont augmenté de 20% depuis 2016 et les moyens eux n'ont pas suivi. Nous sommes le recours en terme de technicité et de capacités d’accueil. Malgré ce constat, le futur hôpital de Nancy prévu dans dix ans, ne prévoit aucun mètre carré supplémentaire dans mon service.

Quelles solutions pour remédier à ce problème ?

Nous devons réfléchir à l’organisation  générale et territoriale de la prise en charge des enfants. Nous proposons de créer une filière spécifique dans le système de santé. La solution passe par le regroupement des activités de pédiatrie de façon à ce que les professionnels soient plus nombreux au même endroit pour faire face aux flux saisonniers. Mais c’est politiquement sensible car cela touche les petites maternités. Regrouper permettrait une meilleure organisation du travail et cela répondrait aux aspirations des jeunes personnels de santé. L’équilibre entre vie professionnelle et vie privée est devenu un facteur déterminant pour la jeune génération. Sans oublier la revalorisation financière en adéquation avec les responsabilités réelles.

L’épidémie de bronchiolite est attendue début novembre en Lorraine. Faut-il craindre pour la prise en charge des enfants malades ?

Le ministre a dit « les pédiatres savent faire face aux pics épidémiques ». C’est vrai, sauf qu’à ce stade il faut de l’oxygène parce que les soignants sont vraiment à bout. On peut toujours faire face mais à quel prix ? Cela passera par des déprogrammations d’opérations et des pertes de chances pour les jeunes patients sur le moyen et le long terme. Bien sûr nous prendrons toujours en charge et en priorité l’enfant qui arrivera aux urgences.

 

 

 

 

 

 

 

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