Dans le cadre de la Semaine européenne pour l'emploi des personnes handicapées (SEEPH), du 20 au 27 novembre, zoom sur le handicap invisible. Ils sont salariés ou stagiaire, ils nous racontent. Parfois le handicap est un superpouvoir.
Le handicap moteur n’est pas le seul, dont il est question lorsque l’on évoque la thématique du travail des personnes handicapées. 85 % des handicaps sont invisibles ou peu visibles. C’est le cas de ce jeune autiste Asperger que nous nommerons Julien. C’est aussi le cas de Louka qui présente des troubles du spectre autistique, tout comme Odile qui est malvoyante et kinésithérapeute depuis plus de 20 ans. Tous sont en activité au sein de l’association J-B Thiery de Maxéville.
C’est moi qui m’adapte à la situation
Odile, kinésithérapeute
À la question que représente le travail pour vous, Julien, Louka et Odile sont à peu près d’accord. Pour eux, c’est une source d’autonomie et d’insertion dans la vie sociale. "C’est moi qui m’adapte à la situation", explique Odile, qui a 51 ans. "Le choix de ma profession correspond et répond aussi aux possibilités proposées à une personne déficiente visuelle. Le travail est une façon de s’intégrer à la société pour être comme tout le monde".
Pour Louka, 21 ans, qui travaille auprès du service RH de l’association, "Le travail est une nécessité. On doit être utile à la société. Et on doit tirer un revenu de cette utilité. Je suis satisfait du métier que j’exerce là où je suis." Même type de réponse pour Julien qui ajoute que pour lui les relations de travail avec ses collègues sont très importantes. Julien est actuellement en stage. Il évolue dans le monde numérique.
Pour le moment, il met au point un jeu en réalité virtuelle. Pas n’importe quel jeu. Il s’agit de modéliser le quartier dans lequel se trouve l’association J-B Thiery avec la circulation et les bruits de la ville pour permettre à de jeunes autistes de progressivement s’habituer, d’abord virtuellement, à parcourir le chemin pour pouvoir, ensuite, le faire dans la réalité.
Changer les choses
Ces trois personnes, salariées et stagiaire, ont une vision fine du monde du travail. Ils ont trouvé un équilibre, mais chacun a mentionné le parcours semé d’embûches qu’il a traversé. Il reste des choses à améliorer. Pour Louka, comme pour Julien, la compréhension des directives de travail peut poser un problème. "Parfois, les demandes ne sont pas assez claires ou précises", indique Julien "Elles prêtent à confusion pour moi. Il y a aussi le bruit qui peut me gêner. Je n’arrive pas à me concentrer. La solution est de mettre des bouchons d’oreilles. Mais cela n’a rien de pratique."
Louka ajoute la lumière, qui n’est pas toujours adaptée pour lui. " Il faudrait aussi plus de sensibilisation dans les entreprises à nos situations. Notre handicap n’est pas visible". Il est pourtant bien réel. Pour Odile, c’est l’administratif et l’informatique en particulier qu’il faudrait améliorer. "L’usage de cet outil reste compliqué pour une personne malvoyante."
Le superpouvoir du handicap
Dans le cas d’Odile, le métier de kinésithérapeute est adapté à sa situation. Elle peut même avoir un avantage sur ses confrères. "J’ai développé une sensibilité plus fine". Odile a un sens du toucher hyper développé, commun aux personnes malvoyantes. C’est un véritable atout dans sa profession.
Louka, Julien et Odile s’estiment tous les trois chanceux de pouvoir évoluer dans un univers professionnel dans lequel ils sont considérés et où la bienveillance est le mot d’ordre à tous les étages.
Semaine européenne pour l'emploi des personnes handicapées (SEEPH), du 20 au 27 novembre 2023