Aide active à mourir : “500 personnes meurent chaque jour en France sans avoir pu bénéficier de soins palliatifs”

Le projet de loi sur la fin de vie doit être examiné à l’Assemblée nationale à la fin du mois de mai. Un texte qui comprend notamment un sujet sensible, l’ouverture d’une “aide active à mourir”. Claire Fourcade, médecin et présidente de la Société française d'accompagnement et de soins palliatifs, estime qu'il est surtout urgent d'investir dans les soins palliatifs.

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Attendu de longue date, le projet de loi sur la fin de vie doit arriver en première lecture à l’Assemblée nationale le 27 mai 2024. Un texte en deux volets, qui comprend d’abord un plan de renforcement des soins palliatifs, puis une “aide active à mourir”, avec la prescription d’un produit létal, pour certains malades incurables. Dans ce contexte, le député socialiste Dominique Potier organisait lundi 16 avril un débat sur ce sujet à Bois-de-Haye (Meurthe-et-Moselle). Parmi les participants, le Dr Claire Fourcade, présidente de la Société française d'accompagnement et de soins palliatifs (SFAP). Elle répond aux questions de France 3 Lorraine.

Vous réjouissez-vous de ce nouveau projet de loi ?

Dr Claire Fourcade : Avant de proposer un nouveau projet de loi, il faudrait déjà que les lois existantes soient appliquées. Depuis 1999, la loi française assure à toutes les personnes gravement malades un accompagnement et des soins palliatifs permettant de soulager la douleur et d’aider les proches. Or, cette loi n’est appliquée que pour la moitié des patients qui en auraient besoin. Cela signifie que 500 personnes meurent chaque jour en France sans avoir pu bénéficier de soins palliatifs et de l’accompagnement nécessaire. C’est cette première inégalité qui doit être corrigée en urgence. Dans le Grand Est, il y a des départements dans lesquels il n’y a pas de services de soins palliatifs. Ce sujet fait consensus dans la société et il nous semble que la priorité est avant tout de proposer à toutes les personnes malades et à leurs familles de pouvoir être accompagnées, soulagées et de pouvoir vivre dans la dignité jusqu’à la mort.

Le second volet du projet de loi légaliserait notamment "le suicide assisté" et "l'euthanasie" dans certains cas précis, qu’en disent les soignants ?

Dr Claire Fourcade : La loi française actuelle ne répond pas à ceux qui ne sont pas en fin de vie mais qui souhaitent anticiper leur mort. Pour nous, c’est un tout autre sujet que les soins palliatifs, un sujet de société. Nous sommes de très nombreux soignants à dire que cette problématique est une question sociétale et pas forcément une question médicale. Nous souhaitons avant tout insister sur le fait que notre métier est d’accompagner les patients jusqu’à la mort. Si la société décide d’avancer vers une forme de mort provoquée, que ce soit le suicide assisté ou l’euthanasie, il nous semble qu’il faut absolument préserver le soin et permettre aux soignants de continuer à faire leur métier.

Les conditions de cette nouvelle "aide active à mourir" sont considérées comme strictes par le gouvernement, qu’en pensez-vous ?

Dr Claire Fourcade : Je pense surtout que ces conditions sont provisoires, qu’elles ne tiendront pas dans le temps. Dans tous les pays qui légalisent des formes de mort provoquée et en particulier l’euthanasie, les conditions sont toujours très strictes au départ, puis la loi a évolué. Car si on part du principe que c’est l’État qui doit répondre à la question de la souffrance individuelle, il faut savoir que la souffrance est quelque chose de subjectif. Il y aura toujours quelqu’un qui dira “ma souffrance ne rentre pas dans le cadre de la loi, il faut la faire évoluer”. La priorité nous semble plutôt de donner accès au soulagement. Trop de personnes pensent qu’elles ont besoin de demander à mourir car elles ont peur de ne pas être soulagées comme il faut. Or nous avons les moyens de soulager les souffrances physiques et psychologiques mais aussi d’accompagner les proches. C’est l’extrême priorité, car c’est un sujet qui fait l’unanimité en France, contrairement au sujet de la mort provoquée qui est plus clivant.

En France, l’inquiétude monte chez une partie du corps médical, qui s’interroge sur les modalités de mise en œuvre de cette “aide active à mourir”. Le second volet du projet de loi qui sera présenté en première lecture aux députés le 27 mai 2024, consacré à la mise en place d’une assistance au suicide, concernerait “les patients majeurs, capables de discernement, atteints d’une pathologie incurable avec un pronostic vital engagé à court ou moyen terme. Ils pourraient se voir prescrire un produit létal à absorber seul, ou, si leur état physique ne leur permet plus d’accomplir ce geste, avec l’assistance d’un membre du corps médical ou d’une personne volontaire qu’ils auront désignée”. Cette réforme, soutenue en grande partie par la majorité et la gauche, divise. La droite estime de son côté que les soins palliatifs doivent être privilégiés et priorisés.

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