Le rapport de l’IGAS intitulé "Qualité de l’accueil et prévention de la maltraitance dans les crèches", publié ce mardi 11 avril 2023 a vivement fait réagir la Nancéienne Élisabeth Laithier. Elle est présidente du comité de filière petite enfance. Pour autant, il ne doit pas "jeter l’opprobre sur toute une profession".
"Laisser un enfant avec une couche souillée, car ce n’est pas le moment des changes" ; "forcer des enfants à rester allongés dans le noir sans bouger ni parler alors qu’ils n’ont pas ou plus sommeil". Ces témoignages, on les trouve dans le Rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) "Qualité de l’accueil et prévention de la maltraitance dans les crèches", publié ce mardi 11 avril 2023.
La qualité d'accueil est "très disparate" dans les crèches, un secteur où se côtoient le meilleur comme le pire, soulignent les auteurs de ce rapport commandé par le gouvernement après un drame survenu dans une crèche à Lyon en juin dernier. Un rapport qui appelle à de profondes réformes. Les inspecteurs se sont rendus dans 36 établissements publics et privés à travers la France, et ont diffusé un questionnaire auquel ont répondu 5.275 directeurs, 12.545 salariés de crèches et 27.671 parents.
Parmi les personnes entendues, la Nancéienne Élisabeth Laithier, présidente du comité de filière petite enfance et rapporteure générale de la concertation menée dans le cadre du Conseil national de la refondation (CNR). Élisabeth Laithier est une spécialiste de la petite enfance. Elle a été présidente du groupe de travail petite enfance de l’Association des maires de France (AMF) membre du collège Défense et promotion droits de l’enfant et maire-adjoint à la politique familiale et la petite enfance de la ville de Nancy pendant 19 ans.
C’était dur à lire. Cela fait mal. C’est choquant. Ce rapport contient des verbatim inadmissibles.
Élisabeth Laithier, présidente du comité de filière petite enfance
En préambule, Élisabeth Laithier souhaite souligner que "c’est la première fois que nous avons un état des lieux précis de l’accueil du jeune enfant en France. Pour corriger les choses, c’est bien de partir du réel." Elle remercie les inspecteurs de l’IGAS pour ce travail "très bien documenté". Enfin, elle ne souhaite pas que ce rapport "jette l’opprobre sur l’ensemble de la profession."
"C’était dur à lire. Cela fait mal. C’est choquant. Ce rapport contient des verbatim inadmissibles." Sur le contenu du rapport de l’IGAS, Élisabeth Laithier est sans équivoque : "Quand en plus, on parle d’êtres fragiles, sans défense, cela est totalement insupportable"
Pour elle, ce rapport a le mérite de poser le diagnostic et de proposer 38 recommandations fortes. Elle voit d’un bon œil la recommandation sur le contrôle des crèches. " Il faut un contrôle de la qualité, et pas seulement de la hauteur des poignées de porte, qui soit renforcé et différent. Il faut prendre en compte les connaissances d’aujourd’hui. Ce que nous permettent les neurosciences. Il y a beaucoup à faire aussi en matière de formation. Là aussi, c’est dans les préconisations.
Pour créer un service d’accueil de la petite enfance, il faut mettre des moyens financiers, humains et politiques. On n’a pas le choix. Le ministre s’est engagé à y travailler rapidement. Nous sommes à un tournant de l’accueil de la petite enfance."
Établissements publics ou privés à la même enseigne
Le rapport de l’IGAS indique : "dans une micro-crèche privée, la directrice évitait le plus possible de changer les couches des enfants pour économiser (c’était sa structure.)" On pourrait faire un rapprochement avec le récent scandale de certains EHPAD. "Il y a des droits, mais aussi des devoirs." insiste Élisabeth Laithier.
Face à ces constats, "l'ensemble des recommandations" de ce document seront prises en compte, a assuré mardi dans un communiqué le ministre des Solidarités, Jean-Christophe Combe, qui souhaite "agir rapidement".
Le ministre devrait annoncer des mesures dans le courant du printemps, dans le cadre du "service public de la petite enfance" promis par le président Macron : ce chantier a une dimension quantitative, avec la création nécessaire de davantage de places, mais aussi une dimension qualitative, a souligné l'entourage de Monsieur Combe.
Le tour de France d’Élisabeth Laithier
Ce mercredi 12 avril 2023, Élisabeth Laithier bouclait son tour de France après 14 jours à la rencontre des acteurs de la petite enfance. Il s’agissait de déplacements afin d'alimenter la concertation menée dans le cadre du Conseil national de la refondation (CNR). "J’avais pour mission d’aller dans des territoires identifiés pour avoir une photographie du rural, du semi-rural, des métropoles de l’accueil du jeune enfant dans ce cadre-là. Je suis allée du petit village près de Limoges à Marseille, en passant par l’île de la Réunion. J’ai vu des choses fabuleuses."
Le rendu de ce "tour de France" se fera à Nancy dans quelques semaines nous a confié Élisabeth Laithier.