Coqueluche : "on a constaté qu’il y avait plus d’enfants hospitalisés et plus d’enfants en réanimation"

La coqueluche est en nette augmentation sur le territoire français. Cette infection respiratoire due à une bactérie appelée Bordetella pertussis touche aussi le Grand Est. Pour parler de cette maladie très contagieuse, nous avons interrogé le professeur Cyril Schweitzer, chef du Pôle Enfants-Néonatalogie du CHRU de Nancy.

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Elle n’avait presque plus fait parler d’elle depuis 2019. La coqueluche fait son grand retour en France et le Grand Est n’échappe pas à la règle. Dans son dernier rapport publié ce vendredi 7 juin 2024, Santé publique France rapporte qu’au premier trimestre 2024, seulement quelques régions avaient déclaré des cas groupés. Désormais, l’ensemble du territoire est concerné avec des hausses importantes observées sur tous les réseaux de surveillance. L'Institut Pasteur a recensé quant à lui, en France, plus de 5 800 cas entre janvier et mai 2024, contre moins de 500 en 2023.

Le Grand Est n’est pas épargné. Les parents d’un collège lycée du Grand-Nancy, par exemple, ont reçu ces derniers jours un message leur informant que des cas de coqueluche circulaient au sein de l’établissement. Cyril Schweitzer, chef du Pôle Enfants-Néonatalogie du CHRU de Nancy nous confirme lui aussi une recrudescence des cas.

Y a-t-il des cas en Lorraine ?

Cyril Schweitzer : Nous n’avons pas de chiffres précis. Globalement, on a constaté qu’il y avait plus d’enfants atteints de coqueluche hospitalisés et plus d’enfants en réanimation. De ce que nous voyons au quotidien, nous ne sommes pas différents des chiffres au niveau national.

Quels sont les symptômes ?

Les symptômes sont surtout une toux importante, rémanente. Elle peut durer d’une à huit semaines. C’est pour cela qu’on l’appelle la toux des cent jours. En parallèle, il va y avoir la possibilité de développer tous les signes d’une infection respiratoire. Cela peut commencer par une infection rhinopharyngée, une rhinopharyngite et ensuite la toux excessive. Pour les enfants, à partir des premiers symptômes, il faut l’amener chez le médecin. Dès que l’on voit des signes d’infection respiratoires, des signes d’infection méningée pour les coqueluches très malignes ou des enfants qui toussent beaucoup puis qui s'arrêtent de respirer après qu’il tousse, il faut consulter.

Quels sont les risques ?

Chez l’adulte en bonne santé, ce n’est pas très grave, il va surtout beaucoup tousser, cela peut donc l'empêcher de dormir. Ce sont surtout les nourrissons, dont les plus petits qui développent des formes graves. C’est ce que l’on appelle des coqueluches malignes. Cela signifie qu’ils vont faire une forme avec une réaction méningée, donc une méningite. Il y a des enfants qui peuvent mourir. Il y en a eu en France depuis le début de l’année.

On a aussi des enfants qui font des coqueluches avec des apnées sévères. En gros, ils vont avoir des petits arrêts respiratoires très fréquents juste après la toux. Ce sont donc des enfants que nous sommes obligés de garder à l'hôpital en réanimation à cause de cette apnée sévère qui menace leur développement.

Comment peut-on prévenir et soigner cette maladie ?

Avant toute chose, cela se prévient. Le meilleur traitement, je le répète, c’est la prévention et donc la vaccination. Elle se fait chez les enfants de deux mois, de quatre mois, de six ans, de douze ans puis il y a un rappel à 25 ans. Ensuite, c'est tous les dix ans. Elle est très efficace, il faut la faire chez tous les nourrissons et régulièrement chez les adultes, en particulier chez les jeunes parents pour pas qu’ils ne contaminent leurs enfants. Il faut aussi que les femmes enceintes se fassent vacciner car quand le nourrisson naît, il n’a pas suffisamment d’anticorps. Donc c'est la meilleure façon de protéger son bébé.

Ensuite, concernant les traitements, on peut donner un peu d'antibiotiques, surtout quand on fait le diagnostic au début, car c’est une bactérie qui est sensible à certains antibiotiques, en particulier les macrolides comme l’azithromycine. Par contre, ce n’est qu’un traitement d’appoint. Nous allons essentiellement guérir “tout seul” comme pour la bronchiolite, mais ça peut être long. Après, on peut essayer d’utiliser des traitements symptomatiques où on va essayer de soulager la toux par exemple. Enfin, on va essayer de surveiller l’enfant, lui donner un peu d’oxygène s’il fait trop d’apnées. Quand l’enfant est affecté, il y a probablement une irritation des nerfs qui contrôle la respiration et ça, il faut attendre que ça passe.

Face au phénomène, Santé publique France recommande, comme pour toute épidémie d’infections respiratoires, de porter un masque, en particulier en présence de personnes fragiles, dans les établissements sanitaires et médico-sociaux, ainsi que dans les espaces clos et dans les transports en commun.

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