Le 11 mai, si cela n'a pas changé entretemps, les enfants retrouveront donc le chemin de l'école, c'est ce qu'a annoncé le chef de l'état ce lundi 13 avril. Les réactions des professeurs et parents d'élèves oscillent entre soulagement et inquiétudes quant aux conditions sanitaires de cette reprise.
Ça va être l'hécatombe.
- Stéphanie, professeure de français à Nancy
Le ton est donné chez les professeurs qui voudraient bien reprendre sereinement le chemin de l'école mais qui se demandent bien dans quelles conditions ils vont pouvoir le faire. Dans certaines écoles, avant le confinement et la mise en place de l'école à la maison, il n'était pas rare en effet de voir des écoles où les enfants ne disposaient même pas de savon dans les toilettes ... Alors comment mettre en place ces distanciations sociales et ces mesures sanitaires que tous appellent de leurs voeux à l'école?
On est prêt à tenter le coup si les conditions sont garanties.
- François Wey secrétaire départemental FSU 54
Côté syndicat, au lendemain des annonces d'Emmanuel Macron, on s'interroge sur la marche à suivre. "Oui on voudrait que l'école redémarre parce qu'il est clair que les inégalités se creusent et que des élèves ont complètement décroché mais il faudra des masques, des tests, du matériel de désinfection etc. Et comment on va faire dans des classes de plus de trente élèves", s'interroge François Wey, "on ne veut pas être responsable de la seconde vague de contamination!"
Si les professeurs ne se sentent pas suffisamment protégés du virus ils pourraient faire valoir leur droit de retrait. Cela va être l'un des principaux points abordés par les professeurs dans les jours à venir nous confirme François Wey.
"Comme l'hôpital, l'Education nationale n'est pas prête à faire face", explique Tristan, un professeur des écoles dépité, "les structures sont la plupart du temps inadaptées, en maternelle c'est une vaste blague."
J'ai peur que l'on sacrifie les profs dans l'unique but de relancer la machine économique.
- Tristan, professeur des écoles
C'est aussi ce qui ressort de nos échanges avec des enseignants qui craignent d'être sacrifiés pour que les parents puissent retourner travailler et que l'économie redémarre mais à quel prix?
Des parents d'élèves qui s'interrogent
Du côté des parents d'élève,s les interrogations vont bon train et les sentiments se mélangent. D'un côté après un mois d'école à la maison, dans des conditions parfois difficiles avec du télétravail à gérer en plus pour certains (sans compter le fait que nous ne sommes pas tous fait pour la pédagogie), les parents sont plutôt soulagés d'avoir une date de reprise.
Je suis soulagée que les enfants reprennent le chemin de l'école, qu'ils retrouvent à nouveau une vie sociale.
- Karine, maman de 2 garçons
"Je suis aussi inquiète sur les conditions de reprise pour eux" et pour les profs, précise cette mère de famille qui doit aussi reprendre le travail. Des parents à la fois soulagés, inquiets et pas forcément convaincus par cette date du 11 mai voilà ce qui ressort de nos échanges avec eux. "Je suis pas convaincue par cette date même si j'aspire à y croire", nous explique Mélanie.
Cette annonce ça ne serait pas du vent pour redonner confiance à la population?
- Mélanie, maman de 2 garçons
A contrario, Amandine, médecin généraliste et mère de trois enfants, se veut plus positive: "les gestes barrières sont applicables à l'école, c'est plus difficile en maternelle mais nos enfants sont sensibilisés. Enfants et profs masqués c'est possible! La transmission inter enfants est difficile à encadrer mais pas celle entre profs et élèves."
Les profs ne font pas de soins rapprochés à leurs élèves mais des cours, pas de panique!
- Amandine, médecin et mère de famille
Le matériel sera-t-il suffisant? Quelles mesures concrètes seront mises en places pour cette reprise scolaire dans les meilleures conditions possibles?
Des questions encore en suspens au lendemain de l'annonce du chef de l'Etat.