Déconfinement des élèves : le casse-tête de la réorganisation des écoles et des collèges en Lorraine

Tous les élèves des écoles et collèges doivent revenir à l’école ce lundi 22 juin. C’est ce qu’a annoncé ce dimanche 14 juin le Président de la République Emmanuel Macron. Dans le corps enseignant, c’est le sentiment de stupéfaction qui règne. Il va falloir tout réorganiser

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"C’est comme si on faisait une troisième rentrée en l’espace d’un mois!" avoue, dépitée, Valérie Lelorrain, directrice d’une école primaire à Nancy. Après avoir retiré la moitié des chaises, des tables, et quelques étagères de toutes les classes de son établissement pour respecter la consigne de 4m² par élève, elle va devoir tout remettre en place.

"On assume déjà deux vacations, toutes nos classes en journée, plus les cours à distance pour les élèves qui sont restés à la maison. Il va falloir prendre du temps en plus pour tout remettre en place, tout désinfecter, le tout en moins de quatre jours ! Je ne sais pas comment je vais faire", poursuit-elle.

Toute mon équipe est usée, fatiguée par ces changements, et devient un public fragile.

- Valérie Lelorrain, directrice d'école primaire à Nancy

Elle est d’autant plus inquiète qu’elle n’a pas assez de personnel pour assurer les garderies si tous les élèves reviennent. La cantine pose, de son côté un vrai problème sanitaire de distanciation.

L’école primaire Jeanne du Lys et St Vincent accueille aujourd’hui une centaine d’élèves. Dans moins d’une semaine elle devra en accueillir 140 de plus. Un vrai casse-tête, à deux semaines des grandes vacances.

Même son de cloche dans les établissements publics. "Les établissements lorrains sont au maximum de leur capacité d’accueil", explique Raymond Castelli, inspecteur d’académique pour la circonscription de Villers les Nancy. Toutes les écoles sont en attente d’un assouplissement du protocole sanitaire, qui devrait être envoyé demain, selon le Rectorat, par le ministère de l’Education Nationale.

Notre priorité sera de n’exposer personne au risque de contamination du COVID-19.

- Raymond Castelli, inspecteur d’académie circonscription de Villers les Nancy

Dans sa circonscription, deux écoles viennent d’être fermées la semaine dernière pour des cas de Covid 19, contaminés dans les familles. Par ailleurs, 220 enseignants sur 250 sont de retour en présentiel pour le moment, ce qui qui risque de freiner le retour de la totalité des élèves dans les écoles de son secteur.

Du côté du rectorat, on attend le nouveau protocole sanitaire "qui devrait être allégé", selon la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye. Pour le recteur de l'Académie, retourner en cours, même pour deux semaines, c'était nécessaire.

Le retour en classe, même bref, est nécessaire pour faire le point sur les acquis, selon le recteur d'Académie Jean-Marc Huart

"On se sent méprisés"

Du côté des syndicats d’enseignants, même s'ils sont d'accord sur le fond, ils sont stupéfaits de la méthode employée par le gouvernement. Ils ont appris, en même temps que la majeure partie des français, ce dimanche 14 juin 2020 devant leur télévision, qu’ils allaient devoir accueillir la totalité de leurs élèves lundi prochain.

On a le sentiment que le gouvernement ne prend pas la mesure des difficultés.

- Bruno Henry, secrétaire académique du SNES-FSU

"Nous n’avons été ni consultés, ni prévenus", s’indigne Bruno Henry, secrétaire académique du SNES-FSU. "Nous aurions aimé pouvoir réfléchir en amont à la façon dont nous allons accueillir nos élèves, surtout en terme de pédagogie". La plupart des collèges ont organisé une rotation des élèves, une semaine sur deux, avec une organisation spécifique du programme et des devoirs. Il va falloir tout remettre à plat.

Par ailleurs, toute l’énergie dépensée pour réorganiser ces deux semaines, aurait pu servir, selon le syndicat, à mieux organiser la rentrée de septembre, avec un accompagnement spécifique des élèves qui ont accumulé de grosses lacunes.

On a le sentiment que le gouvernement nous méprise.

- François Wey, secrétaire départemental FSU 54

"On est un peu à Poudlard, l’école de magie de Harry Potter", ironise François Wey, secrétaire départemental FSU de Meurthe et Moselle. "Aujourd’hui il faut un mètre de distance autour de chaque élève, et parfois des masques, mais dès lundi prochain, le COVID 19 aura disparu d’un coup de baguette magique!

Pour ce syndicaliste, représentant au CHSCT, l’omerta des pouvoirs publics sur les fermetures des lycées Poincaré, Loritz et Jeanne d’Arc à Nancy, pour cause de  COVID, ne permet pas d’anticiper, ni de rassurer les professeurs, comme les élèves.

S’il est clair que les professeurs et les élèves seront contents de se revoir avant les vacances, pour terminer l’année dans la convivialité et l’échange, la méthode aurait pu être différente. On aurait pu par exemple prévoir de décaler les vacances scolaires pour s’adapter à la situation, sans épuiser les équipes" ajoute François Wey.

Une fois encore l’équation s’annonce difficile pour les établissements scolaires. Près de 400.000 élèves doivent être scolarisés d’ici sept jours, alors que seulement  un tiers des écoliers sont de retours, et 40 % des collégiens.

Même si la quasi-totalité des établissements sont déjà ouverts (95% des écoles et 100% des collèges), il n’est pas sûr que la totalité des élèves puissent réellement  retourner en cours le lundi 22 juin 2020 prochain.

 

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