Dix policiers jugés à Nancy : "des gens dangereux, qui n’ont rien à faire dans les rangs de la police nationale"

Dix policiers de la Brigade anti-criminalité (BAC) de nuit de Nancy jugés pour harcèlement moral et injures racistes. Le procès se tient sur deux jours les jeudi 10 et vendredi 11 mars 2022.

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Ils sont dix prévenus, tous policiers de la Brigade anti-criminalité (BAC) de nuit  de Nancy à comparaitre devant le tribunal correctionnel pour harcèlement moral et injures racistes envers quatre de leurs anciens collègues, dont leur chef, des faits révélés par une enquête de l'IGPN ouverte en octobre 2018.

"Voldemort", " bicot", "bougnoule", les victimes témoignent ce matin devant le tribunal

Ce matin, "ce sont les victimes qui ont été entendues par le tribunal" nous raconte David Bailly qui suit l'audience, pour France3 Lorraine, avec Jean-Pierre Petitcolas. 

"Voldemort, " bicot", "bougnoule", voilà comment il était surnommé au sein de la BAC de nuit de Nancy raconte le policier d’origine maghrébine venu livrer son témoignage au tribunal correctionnel de Nancy. Il ajoute que cela se passait toujours à l’arrière des voitures, toujours alors qu’il était isolé. 

Les victimes ont raconté ce matin leur calvaire dans ce commissariat. Le racisme, est-il généralisé au sein de ce commissariat ? C’est une des questions que se posera le tribunal pendant ces deux journées. 

ce sont des gens qui sont dangereux, qui n’ont rien à faire dans les rangs de la police nationale

Frédéric Berna, avocat des parties civiles

Pour Frédéric Berna, avocat des parties civiles, les policiers sur le banc des prévenus sont indignes de la police de la République. Répondant à nos confrères David Bailly et Jean-Pierre Petitcolas, il indique : "pour les policiers sur le banc des accusés très clairement, et c’est révélé par l’enquête, le racisme est quelque chose de totalement décomplexé. Le fait de s’affranchir de l’autorité hiérarchique dans la police est tout à fait naturel. Ils ont évolué pendant des années comme des électrons libres et fait un peu tout et n’importe quoi".

Il ajoute : "ce sont des gens qui sont dangereux, qui n’ont rien à faire dans les rangs de la police nationale. Le commissaire, qui est venu témoigner à la barre, vient de dire que tout ce qu’il a vu et entendu aujourd’hui est indigne de fonctionnaires de la police nationale ».

Le ministère de l'Intérieur a d'ores et déjà révoqué quatre de ces policiers sans attendre l’avis du tribunal.

Une enquête de l'IGPN 

L'enquête de l'IGPN  a mis en lumière des "actes de harcèlement" répétés, commis entre 2015 et 2018, qui ont conduit à "l'isolement" de plusieurs policiers de ce service nancéien, indique le rapport de décembre 2019 rapporte l'AFP.   

Selon ce document accablant, les quatre plaignants ont tous "évoqué des propos ou décrit des comportements réitérés visant à les exclure" du service. Des attitudes qui ont aussi entraîné "une dégradation de leurs conditions de travail" et surtout "une altération de leur santé physique et morale", l'IGPN décrivant même "le mal-être" des victimes lors de leurs auditions, pour certaines plusieurs années après les faits. 

Un groupe de discussion sur Messenger

Un des plaignants, d'origine maghrébine, a aussi porté plainte pour injures racistes non publiques, en plus du harcèlement moral. Après un poste en région parisienne, ce gardien de la paix avait été affecté à la BAC de nuit de Nancy en avril 2017. Quelques mois après son arrivée, d'autres membres de l'unité avaient créé un groupe de discussion sur Messenger et échangé des "phrases insultantes à connotation raciste", le traitant notamment de "bicot" ou de "bougnoule", note le rapport. 

Des accusations balayées par les prévenus, un d'entre eux allant même jusqu'à affirmer devant l'IGPN que "bicot" est un mot... portugais. C'est finalement un policier de la BAC de nuit qui, témoin des agissements de ses coéquipiers, a décidé d'en parler à sa hiérarchie, conduisant à l'ouverture de l'enquête de la police des polices en 2018. Faisant partie du groupe de discussion Messenger, il avait enregistré les échanges, que son chef de service avait ensuite compilé. 

D'après l'IGPN, le témoignage de ce policier "corroborait l'ensemble des accusations portées par les plaignants". Il a ainsi expliqué que le but des prévenus était de pousser les victimes "vers la sortie, en exerçant sur eux une pression psychologique, afin qu'ils partent d'eux-mêmes" du service.

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