Une AESH, accompagnatrice d’élève en situation de handicap, a été violemment agressée à coup de poing et de pied par l’élève de 16 ans dont elle avait la charge, ce mardi 28 février 2023, au sein du collège Jacques Monod à Ludres.
Une chaise jetée à la figure, des coups de poing et des coups de pieds… Ce mardi 28 février 2023, l’heure du déjeuner a tourné au cauchemar pour une accompagnatrice. Elle a été violemment battue par le collégien en situation de handicap psychique dont elle s'occupait à la cantine du collège Monod à Ludres.
La victime présente des traces de coups au visage et à la tête. Elle a passé un scanner aux urgences de Nancy cette nuit. Elle est traumatisée par les événements, mais elle a pu rejoindre son domicile.
Selon nos informations, le garçon de 16 ans, en classe de troisième, aurait déjà fait l'objet de signalements pour des faits de violences. Il aurait dû changer plusieurs fois d’établissement suite des agressions. Il déjeunait dans une salle à part avec son accompagnatrice quand les faits se sont produits.
"Ce que l’on sait, sous réserve de vérification, c’est que lors de sa pause déjeuner, l’élève aurait donné des coups au visage de cette collègue. Un autre élève aurait donné l’alerte au corps enseignant ", nous explique au téléphone Emmanuel Bourel, directeur académique des services de l'Éducation nationale (DASEN) de Meurthe-et-Moselle.
Nous avons eu au téléphone le conjoint de la victime. Selon lui, son épouse et ses collègues craignaient cet élève.
"À la fin du repas, vers 13:30, ma femme lui a dit qu’il était l’heure de retourner en cours. Le jeune s’est énervé, l’a insultée et a jeté la chaise, avant de lui sauter dessus pour la rouer de coups", nous confie, pris par l'émotion, le conjoint de la victime. "Cet élève mangeait seul, accompagné par ma femme dans une salle de la cantine à l’écart des autres. J’imagine un dispositif à part pour des élèves avec des troubles pareils… Elle a crié au secours pendant de longues minutes, personne ne l’entendait. Ce sont des jeunes qui ont vu la scène, mais choqués, ils n’ont pas osé intervenir. C’est un collégien qui s’est interposé pour arrêter les coups, sinon je ne sais pas ce qui aurait pu arriver."
Des élèves avec des pathologies de plus en plus lourdes
Selon le syndicat CGT éducation, les AESH sont confrontés à des élèves avec des handicaps de plus en plus lourds, difficiles à gérer. Des cas d’agression que l’Éducation nationale aurait tendance à minimiser.
"Ça me met particulièrement en colère, je réponds à des situations d’agression tous les jours. Ces élèves sont des patates chaudes que tout le monde se rejette. Nous, nous sommes en souffrance et les élèves aussi ! Nous ne sommes ni des médecins ni des thérapeutes. Ces élèves ont besoin de soins ! Il faut des places dans les Instituts Médico-Educatifs (IME). Ce qui s’est passé aujourd’hui, c’est d’une violence extrême, sur le lieu de travail. La semaine dernière, on perd une enseignante, cette semaine une collègue se fait passer à tabac. Rien ne va dans l’éducation nationale ! " s'emporte Virginie Schmitt, déléguée syndicale CGT Éducation, pôle AESH.
Pour le directeur académique du département, cet incident reste un cas exceptionnel.
"Éducation nationale a pour mission de scolariser tous les élèves en situation de handicap très différents : physique ou psychique. Les décisions sont prises en concertation avec la MDPH pour une scolarisation en milieu classique… L'académie va accompagner la victime pour sa carrière, écouter l’intéressée, et trouver la solution la plus adaptée", déclare Emmanuel Bourel, directeur académique du département de Meurthe-et-Moselle.
Mais à quel moment l’institution considère-t-elle qu’un élève est dangereux pour lui-même et pour les autres ? À cette question, le DASEN n'apporte pas de réponses.
Sur les réseaux sociaux, le personnel de l'enseignement scolaire témoigne des difficultés qu’il rencontre face aux élèves difficiles et face à l’abandon de leur hiérarchie sur #pasdevague.
Renvoyé chez lui, le collégien passera en conseil de discipline prochainement.