Camaïeu, Go Sport, Celio, Kookaï, André… partout, c’est l'hécatombe. Les marques de prêt-à-porter françaises vont mal et leurs magasins ferment les uns après les autres. En Lorraine et partout dans le pays, c’est au tour de l’enseigne San Marina de mettre la clef sous la porte. Pour le président des Vitrines de Nancy, Sébastien Duchowicz, "ces grandes enseignes ont été trop gourmandes et se sont surdéveloppées".
À l'instar de Camaïeu en octobre dernier, c’est maintenant l’enseigne San Marina qui ferme boutique. L'ensemble des 680 salariés et des 163 magasins est concerné. De Sarreguemines (Moselle) à Nancy (Meurthe-et-Moselle), le constat est le même. Le prêt-à-porter moyen de gamme français s’effondre et seules les marques les plus solides tiennent le cap.
Clap de fin pour San Marina
À deux jours de sa fermeture, le magasin San Marina de Sarreguemines (Moselle) n'a jamais été aussi plein. Les clients se précipitent sur les dernières paires de chaussures, sacs et autres accessoires bradés à -50% ou plus. Comme toutes les autres boutiques de la marque créée dans les années 80 et placée en redressement judiciaire depuis septembre dernier, cette enseigne du centre-ville baissera définitivement le rideau le samedi soir 18 février 2023.
À Sarreguemines on n’a déjà pas beaucoup de choix, mais là il ne va plus rien rester, je ne sais pas comment les gens vont se chausser
Rosalinda Dorr, responsable du magasin San Marina de Sarreguemines
Dans cette boutique mosellane, ouverte en 1999, deux vendeuses travaillent à temps plein et une à temps partiel. Dans quelques heures, ces trois employées seront au chômage, licenciées pour motif économique. Rosalinda Dorr est la responsable du magasin. Cette vendeuse de 42 ans travaille ici depuis 19 ans. “C’est dommage car c’est une grande marque que les gens connaissent bien, et c’est un bon rapport qualité-prix. À Sarreguemines on n’a déjà pas beaucoup de choix, mais là il ne va plus rien rester, je ne sais pas comment les gens vont se chausser”, déplore Rosalinda, qui pense d'abord à ses clients avant d'envisager son propre avenir.
Il y a de l’humain derrière tout ça, les gens se retrouvent sur le carreau
Sébastien Duchowicz, président des Vitrines de Nancy
En Meurthe-et-Moselle, les deux magasins San Marina de dans la Métropole du Grand Nancy vont aussi fermer leurs portes. Au total, huit employés seront sans travail dès samedi. “Cette situation est surtout dommageable pour le personnel. Il y a de l’humain derrière tout ça, les gens se retrouvent sur le carreau. C’est dommage aussi pour l'attractivité du centre-ville, qui se vide peu à peu de ses enseignes”, observe, amer, Sébastien Duchowicz, le président des Vitrines de Nancy.
Fermetures en cascade dans le prêt-à-porter
Camaïeu, Go Sport, Celio, Kookaï, André… partout, c’est l'hécatombe. Les marques de prêt-à-porter françaises vont mal et leurs magasins ferment les uns après les autres. “Ces marques subissent une période très compliquée depuis quatre ans et aujourd’hui, elles sont prises à la gorge. On sait que Pimkie ou Naf Naf, par exemple, sont en difficulté. On craint de nouvelles fermetures en cascade”, analyse Sébastien Duchowicz.
Quand on a 25 ans, on préfère s’acheter trois pulls chez Zara ou H&M, plutôt qu’un seul chez Promod pour le même prix
Sébastien Duchowicz, président des Vitrines de Nancy
Crise du Covid, inflation, boom de la vente en ligne, concurrence des colosses de la fast fashion, comme Primark ou Shein qui proposent des prix défiant toute concurrence, les facteurs sont multiples. “Quand on a 25 ans, on préfère s’acheter trois pulls chez Zara ou H&M, plutôt qu’un seul chez Promod pour le même prix. Aujourd’hui, on peut aussi acheter une paire de chaussures à bas coût à l’autre bout du monde et être livré en 72 heures”, constate le président des Vitrines de Nancy.
Pendant leurs années fastes, ces grandes enseignes ont été trop gourmandes et se sont surdéveloppées
Sébastien Duchowicz, président des Vitrines de Nancy
Si le haut de gamme est moins touché, car réservé à une clientèle plus aisée, le moyen de gamme est en souffrance. “Il y a beaucoup trop de choix, la diversité commerciale est énorme donc ceux qui ont les reins les moins solides passent à la trappe. Pour le prêt-à-porter femme, regardez la multitude de produits qui sont proposés. Pendant leurs années fastes, ces grandes enseignes ont été trop gourmandes et se sont surdéveloppées. On comptait, par exemple, cinq boutiques Celio dans la Métropole du Grand Nancy, aujourd’hui tout a fermé car le chiffre d'affaires n’a pas été à la hauteur des ambitions de la marque, écrasée par les charges”, conclut Sébastien Duchowicz, le président des Vitrines de Nancy.