Les producteurs de fruits à Nancy entrent dans la période à risque. Avec le changement climatique, les arbres fleurissent plus tôt et sont plus vulnérables au gel. Les agriculteurs disposent de peu de solutions pour protéger les futures récoltes
Les producteurs de fruits à Nancy entrent le 5 avril 2023 dans la période à risque. Avec le changement climatique, les arbres fleurissent plus tôt et sont plus vulnérables aux gels tardifs. Pour parer ce risque, les agriculteurs disposent de peu de solutions pour protéger leurs futures récoltes.
Ludovic Declercq est arboriculteur dans le secteur de Nancy (Meurthe-et-Moselle). Il produit des mirabelles, des quetsches, des cerises, des pommes et des pêches. C'est ce dernier fruit qui l'inquiète ce matin. Le gel nocturne frôlant les - 5 degrés a saisi les pêchers en pleine floraison : " à -1 degré, ça commence à devenir critique, on sait qu'on aura 20% de dégâts. Si on passe à - 2, ça sera 50 % et à -3, 75 % de pertes."
Pour protéger ses vergers du gel, Ludovic Declercq utilise tous les moyens disponibles. Petite revue des armes à sa disposition.
La plus connue et la plus spectaculaire : les brûlots. Ces gros pots de paraffine peuvent faire chuter la température de 3 degrés. Inconvénient, le coût. Il faut en aligner 600 pour protéger un hectare. A 10 € pièce, cela revient très cher pour une efficacité relative en cas de fort gel.
La tour de brassage. Un grand ventilateur d'une dizaine de mètres surplombe les vergers. Sa fonction consiste à rabattre vers le sol l'air toujours plus chaud en hauteur. Un différentiel de 3 degrés qui peut suffire à sauver une récolte.
Enfin, le thermonébulisateur. Très utilisé dans les vignes du sud-ouest, cet équipement vaporise un brouillard protecteur chargé en glycérol et oligo-éléments naturels. Ludovic Declercq vient juste d'en faire l'acquisition et espère beaucoup dans l'efficacité de cet outil. A condition qu'il ne fasse pas de vent, auquel cas, le brouillard se disperse.
Luc Barbier est élu à la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles de Meurthe-et-Moselle (FDSEA 54). Il est en charge du dossier des fruits et des céréales. Il constate qu'avec le changement climatique et les hivers doux, la floraison commence plus tôt : " Cette année les mirabelliers vont fleurirent vers le 15 avril. Voilà 20 ans, on récoltait vers la mi-août. Aujourd'hui c'est plutôt fin juillet "
Pour l'élu et producteur de fruits, la meilleure protection contre le gel est l'aspersion. Cette technique consiste à vaporiser de l'eau sur les arbres afin de créer une gangue de glace protectrice. Cependant, elle est déconseillée pour les vergers qui poussent sur des sols argileux. L'accumulation d'eau qui résulte de cette opération provoque des dégâts au niveau des racines.
Les épisodes de gel ne sont pas nouveaux en Lorraine et font partie des aléas météorologiques que les agriculteurs tentent de contrer avec des armes à l'efficacité souvent toute relative. La question qui préoccupe à ce jour la FDSEA 54 est à l'antipode du gel. Elle concerne le réchauffement climatique et son corollaire : le stress hydrique engendré par le manque d'eau. Les arboriculteur lorrains réfléchissent à la possibilité de cultiver des arbres fruitiers que nous trouvons plus au sud: les pêchers, les abricotiers et la vigne pour produire du raisin de table.
Quant à la mirabelle, elle reste le fruit emblématique de la région mais il faudra recourir dans un avenir très proche à l'irrigation en fin de cycle, au mois de juillet afin de mener la récolte à son terme.