La mise en place d’un guichet unique à la préfecture de Nancy a permis de recenser l’arrivée de près de 700 réfugiés ukrainiens en Meurthe-et-Moselle. Les capacités d’accueil et d’hébergement sont jugées suffisantes pour en accueillir davantage, selon l’Etat et les bénévoles qui s’occupent d’eux dans le département.
"Lorsqu’ils sont descendus du bus, les réfugiés ont été très surpris de la qualité de l’accueil, nappes blanches, traiteur, c’était très digne et chaleureux." Veronika Bolshakova, doctorante en architecture à Nancy et originaire de Dnipro, a effectué le voyage organisé par la mairie de Nancy vers Lublin (Pologne) pour rapatrier près d’une centaine d’Ukrainiens.
"Il y avait un grand tableau, avec d’un côté les noms des familles qui proposaient d’héberger, et de l’autre les réfugiés qui pouvaient s’inscrire" explique l’étudiante qui travaille bénévolement comme interprète depuis le début de la guerre, "et il y avait plus d’offres que de demandes, clairement".
Ce constat est partagé par les services de l’Etat qui confirme la bonne capacité d’accueil à l’heure actuelle : "certains d'entre eux se sont vu proposer une solution d'hébergement dans des bâtiments appartenant à l’État, aux communes (foyers, gîtes, etc.) dans le parc des bailleurs sociaux et privés ou encore par l'UDAF (Union départementale des associations familiales ndlr). Les déplacés peuvent aussi être hébergés chez des particuliers, chez des personnes de leur entourage ou en lien avec des associations. A l'heure actuelle, aucune structure collective de "mise à l'abri" (type gymnase) n'a dû être utilisée".
Veronika précise : "l’accueil des familles nombreuses, qui souhaitent être hébergées ensembles, peut parfois être plus compliqué mais, globalement, je n’ai pas eu de retours de grosses difficultés."
Tout le département se mobilise
Certaines communes du département, comme celle de Pierre-la-Treiche, à trente kilomètres de Nancy, se sont même mobilisées en un temps record : "nous avions deux maisons vides, léguées par un généreux donateur. En vingt-quatre heures, plus d’une centaine de bénévoles ont travaillé à les rendre habitables, à les équiper, avec l’aide d’entreprises du secteur. Désormais, douze réfugiés ukrainiens y vivent, dont huit enfants", raconte le maire Xavier Colin.
Au 23 mars 2022, la préfecture de Meurthe-et-Moselle a accueilli et accompagné au sein de son dispositif de guichet unique 642 "déplacés" ukrainiens. Elle a élaboré un "flyer" bilingue (ukrainien/russe) qui leur est remis à leur arrivée. Ce support détaille le processus de démarches administratives au sein du guichet unique. Selon les derniers éléments, une quarantaine de réfugiés sont accueillis chaque jour en préfecture de 14h à 16h30, mais "certains sont obligés de venir plusieurs fois pour compléter leurs dossiers" expliquent les interprètes sur place.
Réfugiés ou déplacés ?
Le secrétaire général de la préfecture de Meurthe-et-Moselle précise l’utilisation du terme "déplacés" plutôt que de celui de "réfugiés" concernant ceux qui fuient les combats en Ukraine. Julien LeGoff explique que "le terme de réfugié s’applique pour ceux qui sont victimes de persécutions de la part de leur pays, et qui doivent le quitter pour ces raisons. Les Ukrainiens que nous accueillons ne sont pas dans ce cas, c’est pour ça que nous préférons le terme de déplacés, d’autant que ces derniers s’inscrivent dans le cadre du dispositif de protection temporaire."
Celui-ci, élaboré par les pays membres de l’Union Européenne en 2001 mais encore jamais mis en oeuvre, accorde aux réfugiés ukrainiens les mêmes droits qu’aux résidents du territoire national, en matière de couverture sociale, de droits aux allocations, etc. Il permet également à ceux qui l’obtiennent de travailler sans aucune démarche administrative particulière. La protection temporaire offre une autorisation de séjour de six mois, renouvelable. Elle est aussi accordée à ceux qui disposaient d’un titre de séjour en Ukraine, et qui ne peuvent pas regagner leur pays d’origine.
En se basant sur les déclarations du président Macron, qui prévoit l’accueil de 200 000 Ukrainiens à l’échelle nationale, la préfecture de Meurthe-et-Moselle estime que le département pourrait accueillir 2 000 réfugiés, soit huit fois la communauté présente avant le début du conflit.