Des centaines d’Ukrainiens arrivent chaque jour gare de l'Est à Paris. Depuis un mois, la Croix Rouge s'est installée dans une ancienne brasserie. Point d'accueil des exilés qui fuient la guerre.
Des familles entières venues d'Ukraine arrivent chaque jour gare de l’Est à Paris. Elles sont accueillies par des bénévoles de la Croix-Rouge. Même si vendredi 25 mars 2022, "il y a moins de monde qu’hier. Jeudi, ils étaient vraiment nombreux".
Le désespoir des réfugiés ukrainiens
Depuis un mois, la SNCF traduit les annonces des trains en provenance d’Allemagne dans plusieurs langues. Et en ukrainien. Quai 24, c’est le train de 10h40 qui doit "entrer en gare", il vient de Francfort, en Allemagne. Idriss, bénévole d’un jour de la Croix-Rouge, se met en place. Un monde fou descend du train. "On va les chercher en sortant du quai, et on les emmène ici".
Devant le panneau Croix-Rouge, toute une famille de réfugiés s'arrête. Ils viennent de Kharkiv, la deuxième plus grande ville d’Ukraine, à 30 km de la frontière russe. Ils ont quitté leur pays il y a deux semaines. Ils sont quatre. Des parents avec leur petite fille et la grand-mère. "Ils sont très fatigués, émotionnellement, physiquement. Ils ont quitté leur pays en catastrophe", explique Elodie Estève de la Croix-Rouge. "Dès que le panneau indique un train en provenance d’Allemagne, on sait à l'avance qu’à son bord, il y a des exilés".
Nous sommes partis il y a deux semaines. Tous les jours, la ville Kharkiv était bombardée. On a une petite fille de cinq ans. Elle avait peur
Un réfugié
Epuisés, ils marchent dans la gare au milieu de tous les voyageurs qui regardent leurs téléphones portables. D'autres sont avec leurs billets à la main. Direction Nancy, Saint-Dié ou Strasbourg. Mais personne ne fait pas attention à eux. Les volontaires de la Croix-Rouge sont bien reconnaissables avec leurs gilets oranges. La scène pourtant anodine est émouvante. Ce sont des réfugiés ukrainiens sortis quelques minutes plus tôt d’un train venu de l'Est. Un long parcours.
Ils ont traversé l’Europe. La Pologne, l’Allemagne et enfin la France, Paris. "Tous les jours, la ville de Kharkiv était bombardée. On a une petite fille de cinq ans. Elle avait peur. D’abord, on a pris notre voiture pour fuir, mais rapidement, on a abandonné la voiture. On a pris des trains et après deux semaines, nous sommes enfin arrivés ici à Paris". Juste derrière, une adolescente nous écoute, avec son chien dans les bras. Elle attend son tour. Comme les autres.
A peine arrivés, ils sont dirigés vers une ancienne brasserie, juste à côté de la sortie. Elle s’est transformée en lieu d’accueil. A l’intérieur, des femmes, le visage fatigué, attendent et écoutent les consignes. Des enfants jouent. Souvent avec un sac à dos et une doudoune bien visible, rose fluo ou verte, sur les épaules. "Il y a beaucoup de femmes, d’enfants, de personnes âgées, parfois même, elles ont plus de 80 ans. Ici, ils peuvent enfin se poser et se reposer. La gare n’est qu’un lieu de passage. Ils ne vont pas y rester", explique Elodie Estève, directrice adjointe à la direction générale des opérations de la Croix-Rouge.
Il y a beaucoup de femmes, d’enfants, de personnes âgées, parfois même elles ont plus de 80 ans. Ici ils peuvent enfin se poser et se reposer
Elodie Estève, Croix-Rouge Française
En quelques minutes, une petite file d’attente s’est formée. "Ensuite, on leur donne les papiers pour rester en France, et les orienter, vers les lieux d’accueil, ou une autre gare s’ils veulent partir. On leur indique la marche à suivre pour obtenir un billet gratuit, sur présentation d'une pièce d'identité".
Dehors, ils sont quelques-uns à attendre le bus qui va les emmener porte de Versailles, à France Terres d’Asile. Pour ensuite partir vers une autre destination, souvent, le sud, l’Espagne.
A l'intérieur, le haut parleur résonne et annonce en français, en anglais, en ukrainien : "le train en provenance de Francfort entrera en gare à 12h20".