L’objectif est de comprendre l’évolution de la pollution des sols et des nappes phréatiques. Explications avec Pierre Faure-Catteloin et Noële Engelvin, les deux chercheurs du Groupement d’intérêt scientifique sur les friches industrielles (Gisfi) qui dirigent les travaux.
Deux laboratoires installés sur l'ancien site industriel d'Homécourt : l’un souterrain et l’autre hors sol. Le premier, installé en plein air, est composé de 24 colonnes dites "lysimétriques". Ces dernières mesurent, chacune, un mètre carré de surface et de deux mètres de profondeur et sont équipées de sondes et de capteurs ultra performants. Remplies de terres contaminées – par des polluants métalliques ou par des hydrocarbures – les colonnes permettent d’analyser le comportement des polluants présents dans les sols. Ce qui permet aux scientifiques de "mieux comprendre comment ces terres évoluent dans le temps, notamment avec la présence de plantes" introduites dans les colonnes.
Dynamique des polluants et changement climatique
Avec l’accélération du changement climatique, les deux scientifiques se sont donné une nouvelle mission : étudier l’influence du dérèglement climatique sur les battements de nappes se trouvant sur les terres industrielles polluées.Pour ce faire, ils ont récemment installé quatre nouvelles colonnes lysimétriques sur le site. Mardi 6 octobre 2020, ils ont déjà rempli deux des quatre colonnes de terres contaminées et de l’eau mais à de niveaux différents afin de mener leur étude. "Le principe c’est de pouvoir faire des intensités de battements de nappes différentes", explique Pierre Faure-Catteloin, président du Groupement d’intérêt scientifique sur les friches industrielles (Gisfi).
"Parmi les deux colonnes, l’une est destinée à faire des battements nappes qui sont représentatifs de ceux qu’on a dans la région Grand Est. L’autre – qui contient beaucoup plus d’eau – va avoir des battements plus importants puisqu’on s’attend dans le contexte du réchauffement climatique dans les 50 années à venir des pluies plus violentes, par conséquent des augmentations des niveaux de battements de nappes", précise le chercheur.
"On essaie de mieux comprendre dans ce contexte d’augmentation d’intensité de battements de nappes les conséquences qu’on peut avoir sur la dissolution des polluants dans l’eau et sur les gaz qu’ils peuvent être générés au moment de ces montées d’eau importantes", explique le scientifique.
Un laboratoire hors sol pour reproduire les nouvelles conditions climatiques
Le laboratoire hors sol, installé cette fois à l’intérieur, est composé de petites colonnes. Il permet aux scientifiques d’étudier à petite échelle le comportement des polluants en simulant des pluies d’intensités variables. "L’intérêt de ce laboratoire est d’appliquer des paramètres qui nous permettent de simuler des effets de changement climatique sur les terres contaminées afin de mesurer les effets de la pollution lors de longue sécheresse ou de fortes pluies", explique Noële Engelvin, directrice du Gisfi.Les données recueillies dans le cadre de ces travaux de recherche sont destinées aux industriels et aux bureaux d'étude partenaires du Gisfi.