Dernière mine de France en activité, les Salines de Varangéville ouvrent leur musée au fond de la mine à partir du 28 février 2022. Il sera même possible d'y déguster un repas gastronomique
Il est 8h15 ce mardi 22 février 2022. Nous sommes une dizaine de visiteurs au pied du chevalement du puits Saint-Jean Baptiste. Denis Lhommé responsable du tourisme-mine des Salines de Varangéville est notre guide.
La cage vient juste de remonter du fond. Nous nous serrons dans l’espace étroit puis c’est la descente à moins 160 mètres à la vitesse de 4 mètres par seconde. A l’arrivée le rideau s’ouvre comme au spectacle et nous découvrons une vaste galerie très claire. L’air est sec et la fine poussière de sel donne l’impression de marcher sur le sable moelleux d’une plage méditerranéenne.
En 2017, Denis Lhommé propose à la direction son idée de musée de la mine. Il représente la troisième génération d’une famille de mineurs de sel. Plus que le prolongement de son histoire familiale, ce musée sera aussi celui de toute une corporation qui a fait la puissance industrielle de la France: «On a la chance d’être la dernière mine de France en activité. Pendant les visites on évoque aussi les mineurs de fer et de charbon. Nous sommes dépositaires de cette grande histoire»
Ici, pas de reconstitution en surface des galeries de mine. Pour visiter, il faut descendre en groupe de 25 personnes maximum. Casques et bonnes chaussures obligatoires.
Et le spectacle vaut le détour. L’équipe du tourisme-mine a travaillé tout l’hiver pour récupérer les matériels dans les anciens quartiers abandonnés. «On expose sur neuf cents mètres carrés des techniques depuis 1856 jusqu’à nos jours ». Les hommes et les conditions de travail sont au cœur du projet, partout présents sur les photos exposées.
Denis Bigel était électricien-mineur, il était en charge de la distribution et de la charge électrique de tous les engins du fond: «Les conditions de travail étaient très bonnes. Il règne ici un esprit d’équipe très fort»
Le fer avait ses Gueules jaunes, le charbon ses Gueules noires, le sel a ses Becs salés
Le retraité est membre actif de l’amicale des anciens des salines. Il ne rate aucune opportunité de descendre lorsque l’occasion se présente. Il apporte aussi ses connaissances et son savoir-faire : «la mémoire c’est important. C’est une industrie qui a fait vivre et fait vivre encore tout un secteur de la Meurthe-et-Moselle. Beaucoup de gens ignorent qu’ils vivent sur un immense gisement de sel âgé de 230 millions d’années »
Denis Bigel a créé un blog sur l’histoire de la mine de Varangéville :" le coin des becs salés" avec cette phrase en exergue: " le fer avait ses Gueules jaunes, le charbon ses Gueules noires, le sel a ses Becs salés ". Histoire de rappeler que quelque soit la richesse exploitée, la corporation des mineurs ne fait qu'une.
Cloé Vautrin elle, n’ignore plus rien de l’histoire de la mine. La jeune étudiante en BTS-tourisme a choisi ce musée atypique pour sa formation en alternance.
Elle garde aussi un souvenir marquant de sa première descente : «je ne connaissais rien du milieu de la mine. C’est une expérience très positive. Mon objectif professionnel : travailler à la valorisation du patrimoine industriel »
Elle ne cache pas sa fierté de travailler dans ce milieu exceptionnel : "ça change de l'hôtellerie !"
Déjeuner gastronomique au fond de la mine
Le musée accueillera ses premiers visiteurs lundi 28 février et proposera pendant la saison 2022 une expérience inédite : la possibilité sur réservation d’un déjeuner insolite ou gastronomique au fond de la mine. La table est taillée dans un énorme bloc de sel.
Denis Lhommé et son équipe pensent déjà à la saison 2023. Ils souhaitent aménager une salle d’exposition avec les photos des familles de mineurs. Avant de nous quitter il me demande : vous saviez que le mot "salaire" vient du mot "sel? Heu...Non.
Comme quoi on trouve toujours un petit grain de sel même là où nous nous y attendons le moins !