Depuis trente ans, la journée mondiale de l'eau, le 22 mars, nous alerte sur ce bien pas comme les autres. Les effets du changement climatique, année après année, sont devenus considérables, et le manque d'eau est déjà ressenti dans de nombreuses régions. Les explications d'Alain Dupuy, hydrogéologue.
La Journée mondiale de l'eau a lieu le 22 mars de chaque année depuis 1993. Une date qui nous rappelle que les prévisions, années après années, sont toujours plus alarmantes. Car l'eau est devenue une des ressources les plus menacées. Tout en restant indispensable.
Alain Dupuy est professeur en hydrogéologie quantitative à l’École nationale supérieure en environnement, géoressources et ingénierie du développement durable de l'Institut Polytechnique de Bordeaux (ENSEGID-IPB) à Talence. Selon lui les prochaines années vont nous obliger "à faire des choix". Il répond à nos questions.
Avons-nous une mauvaise gestion de l'eau ?
- En France, on a été parmi les premiers et les pionniers d’une bonne gestion de l’eau. C’est une école de l’eau à la française. Historiquement on travaille sur la circulation de l’eau et ce sont des grands groupes en France qui gèrent la distribution de l’eau. Donc on a fait rapidement la distinction entre l’eau potable et les eaux usées. En fait, depuis 1963, ça se traduit par une gestion politique et quantitative de l’eau. On a plutôt une bonne gestion en France.
Les pesticides menacent les réserves d’eau ?
- Les pesticides sont des molécules en surface et donc elles impactent la partie superficielle de l’eau mais pas les nappes en profondeur. Cependant si on fait n’importe quoi, on va quand même contaminer l’eau et il faut éviter de disperser les pesticides qui sont des contaminants. Sur une durée assez longue, ça risque d'être très gênant.
La valeur de l'eau, même si elle est difficile à établir, est-elle bien réelle ?
- Effectivement, il faut se dire que sur la facture d’eau que l’on paye, on ne paye pas l’eau. C’est un bien commun de la nation. On paye juste le service de l’eau. Financièrement, elle n’a aucune valeur, mais il est évident que quand on n’en a pas, on se rend compte du manque et de sa valeur. Nous, on paye le service avec le volume. C'est un bien de grande valeur et on s'en rend compte avec le réchauffement climatique. Bien sûr, il faut éviter une pénurie d'eau dans les prochaines années.
Depuis quelques années, l’eau se fait de plus en plus rare. C'est une problématique mondiale qui concerne aussi la France.
Dans son dernier rapport, le Groupe international d’experts sur le climat (GIEC), montre que les plus grands effets du dérèglement climatique sont liés à l’eau : sécheresses, inondations, tempêtes et cyclones, disparition des zones humides.