Le Nancéien Michaël Chrétien-Basser a fait le bonheur de l'AS Nancy Lorraine et de la sélection marocaine pendant de longues saisons. Très fier du parcours des Lions de l'Atlas, il se dit néanmoins écartelé avant la demi-finale France-Maroc ce mercredi. Quel que soit le score, il ne sait pas quelle sera sa réaction au coup de sifflet final.
L'ancien défenseur de l'AS Nancy Lorraine, Michaël Chrétien-Basser a défendu les couleurs de la sélection marocaine pendant six ans. Il a même participé à la dernière opposition en date entre la France et le Maroc il y a 15 ans au stade de France (2-2). La demi-finale de ce soir aura pour lui une saveur toute particulière.
"Le Maroc m'a permis d'être international et de vivre de très belles choses, mais je suis aussi Français et supporters des Bleus qui m'ont souvent fait rêver, lâche-t-il. Je suis mitigé. Je ne sais pas comment je réagirai au coup de sifflet final. Quel que soit le résultat, je ne pense pas que j'éclaterai de joie".
En plein rêve
Né à Vandoeuvre-les-Nancy (Meurthe-et-Moselle) d'un père marocain et d'une mère française, Michaël Chrétien-Basser est binational. Formé à l'AS Nancy Lorraine où il a joué neuf saisons chez les professionnels (293 matchs), le défenseur latéral est appelé par le sélectionneur du Maroc Henry Michel en 2006. "Un rêve de gosse et une fierté" pour celui qui portera à 36 reprises le maillot des Lions de l'Atlas.
Fier, le Nancéien de 38 ans l'est encore plus aujourd'hui en voyant le parcours historique des Marocains à la Coupe du monde. "Je suis en plein rêve ! exulte-t-il. Par le passé, le Maroc a souvent déçu, alors que sur le papier, il avait une équipe plus forte qu'aujourd'hui. Les valeurs de solidarité et de combattivité, l'envie que les Marocains montrent en ce moment font vraiment plaisir à voir. Ils procurent du bonheur à beaucoup de gens en Afrique et dans le monde arabe. Cela fait du bien."
Je veux que ce soit une belle fête !
Michaël Chrétien-Basser
Avant la compétition, jamais Michaël Chrétien-Basser n'aurait imaginé ce choc entre "ses deux pays" en demi-finale de la Coupe du monde, même s'il a vu le football marocain se structurer depuis quelques années. "Le Roi et la fédération ont beaucoup investi dans la formation. Des équipements de très haut niveau ont été créés, notamment le centre de rassemblement national à Rabat, qui est dix fois mieux équipé que Clairefontaine" raconte-t-il.
Et de poursuivre : "Le sélectionneur Walid Regragui est aussi pour beaucoup dans cette réussite. Il est lui aussi binational (NDLR: il est né à Corbeil-Essone) et en trois mois, il a réussi à résoudre un problème récurrent dans la sélection : la cohabitation entre les Marocains de souche et les Marocains d'origine. Avant, il y avait des clans, mais lui qui est un vrai meneur d'hommes a mis tout le monde au pas en expliquant qu'il n'appellerait que ceux qui le méritent. Quand on voit l'investissement aujourd'hui de certaines stars comme Hakim Ziyech, c'est flagrant".
Que le meilleur gagne
Même si l'absence de plusieurs joueurs pour cause de blessure va les pénaliser, Michaël Chrétien-Basser estime que ces Marocains euphoriques peuvent surprendre les Bleus, surtout si ceux-ci ne marquent pas rapidement dans la rencontre. Pas question pour autant de faire de pronostic.
"Je veux que ce soit une belle fête, que la meilleure équipe gagne et que tout le monde soit heureux, espère-t-il. Je suis ravi que ce match ait lieu, mais je suis partagé. Quoiqu'il arrive, il faut que l'équipe qui gagne ce soir remporte la Coupe du monde dimanche ! espère le Nancéien. Beaucoup de Marocains supportent les Bleus en temps normal et même si l'équipe de France bat le Maroc ce soir, je suis sûr qu'ils seront derrière elle en finale. Moi en tout cas, j'y serai !"