La semaine du 15 août a été marqué par plusieurs accidents graves en Lorraine. Un motard de 53 ans a perdu la vie dimanche 11 août 2024 dans les Vosges après un choc frontal, deux autres conducteurs ont été grièvement blessés dans le Pays-Haut et en Moselle lundi 12 août. Cette série noire met en lumière les risques liés à la pratique de la moto même si le nombre de tués au guidon est en baisse régulière depuis dix ans en France.
Pascal Wolf est formateur moto à Nancy depuis quarante ans. Il revient d’une boucle de 1500 kilomètres sur les routes de l’hexagone : "avec la météo qu’on a eue jusque-là, les motards ont rongé leur frein. Alors forcément, dès qu’il fait beau, on se dit qu’il faut absolument aller rouler, pour rattraper le temps perdu".
La saisonnalité reste un élément basique dans le quotidien des motards. La majorité ne sort pas l’hiver. Les accidents se concentrent donc plus volontiers sur les beaux jours, jusqu’à constituer d'inquiétantes séries. Un motard de 71 ans héliporté dans un état grave après un accrochage avec une voiture à Longuyon, pronostic vital engagé pour un autre conducteur à la sortie d’Hellimer, et un mort dans les Vosges dimanche 11 août après une collision frontale… la liste s’allonge.
Dans ces deux cas, des véhicules de particuliers font partie de l'accident : selon la Mutuelle des Motards, deux tiers des accidents de moto sont en fait des accidents de voiture qui ont impliqué des deux-roues. Selon ses statistiques, 60% des accidents de ses conducteurs n’engagent pas leur responsabilité.
Plus de moto : plus d'accidents ?
Le nombre de deux-roues augmente régulièrement en France : 4 millions en 2023 selon l’Association des constructeurs européens de motocycles (ACEM), la moitié sont des motos de plus de 500cc. Le nombre de motards est également en hausse régulière : 2,5 millions de titulaires du permis A en 2023. Selon la Préfecture de Meurthe-et-Moselle, l’accidentalité des deux roues motorisés augmente bien depuis 2020 dans le département, mais pas dans les mêmes proportions : le nombre d’accident culmine à 128 en 2023, contre 104 en 2020, année particulière en raison des périodes de confinement. Le nombre de tués passe de 4 à 6 sur la même période, et les motos lourdes représentent une part toujours plus importante des accidents : 48 en 2020, 72 en 2023. En clair : l'augmentation des accidents ne suit pas celle du nombre de permis délivrés.
La formation continue des motards réduit les risques
S’ils ne représentent que moins de 2% des usagers de la route, les motards paient quand même le plus lourd tribut : 22% des tués. "L’équipement et la formation ont permis d’améliorer grandement les choses. Par 35 degrés, c’est dur d’enfiler un casque et de porter un blouson, mais même si on ne meurt pas d’une peau râpée sur le bitume, ça fait quand même réfléchir" explique Pascal Wolf, qui encadre également des stages de formation post-permis au sein de l’Association pour la formation des motards (AFDM), "mais le dernier, on a dû l’annuler, faute de participants en Lorraine. C’est pourtant le meilleur moyen de mettre à jour ses connaissances, et de se faire plaisir en limitant les risques".
Un membre des forces de l'ordre que nous avons interrogé est sur la même longueur d'onde : "tant que l'équipement obligatoire consistera seulement à enfiler des gants et porter un casque, on n'avancera pas. Le dernier accident sur lequel je suis intervenu, la passagère de la moto était en robe". Le bon sens motard n'a pas encore contaminé tous ses adeptes.