La clématite dans l'Art Nouveau et l'École de Nancy : découvrez la superbe verrière Gruber au Crédit lyonnais (5/12)

Dans le contexte historique d'après-guerre de 1870, Nancy devient la capitale de l'Est de la France. Les industriels et artistes y fondent un creuset pour la modernité de l'Art Nouveau : l'École de Nancy et ses inspirations issues de la nature vont rayonner sur toute la France. Voici la clématite.

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Il existe de nombreuses variétés de clématites, 250 espèces, sans compter les hybrides. Elles font partie de la famille des renonculacées et sont originaires de l'hémisphère Nord. C'est une plante grimpante ou herbacée à floraison dense. Mais Nancy a une histoire particulière avec cette fleur.

D'abord, par le truchement de Victor Lemoine (1822-1911), pépiniériste, botaniste et horticulteur de renommée internationale, qui en a hybridé certaines variétés comme la "Clematis viticella Kermesina (Rubra)". Ce botaniste est à l'origine de la fondation, en 1877, de la Société centrale d'horticulture de Nancy, avec entre autres Émile Gallé. Société sur le travail de laquelle les artistes de l'École de Nancy vont se baser pour réaliser leurs œuvres Victor Lemoine est à l'origine de créations de très nombreuses plantes d'ornement et gagne donc le titre d'obtenteur. La clématite n'en étant qu'un exemple parmi tant d'autres : lilas double, pivoines et autres fuchsias ne forment que le trio de tête de ses créations préférées. Avec par exemple les pivoines "Émile Gallé" et "Madame Émile Gallé".

Ensuite, en hommage à cet horticulteur majeur et dans un souci de l'environnement, la ville de Nancy s'est jointe à l'association de préservation de l'environnement nord-américaine "Jour de la Terre" pour faire créer une nouvelle variété de clématite nommée judicieusement "Nancy, Jour de la Terre".

Cette nouvelle variété a été présentée lors de l'inauguration du jardin éphémère de Nancy en septembre 2020, par le maire de Nancy Mathieu Klein. 

Enfin, le Jardin Jean-Marie Pelt de Villers-lès-Nancy possède une collection du patrimoine horticole lorrain qu'il faut découvrir au printemps au début de l'été, lors de sa floraison. 

Quelques notions historiques 

Depuis le mois de janvier, nous évoquons les plantes qui ont fait les belles heures de l'École de Nancy. Mais la question qu'il faut se poser, c'est pourquoi Nancy s'est retrouvée ainsi au coeur d'une mode qui a influencé l'Europe entière. Contextualisons en quelques lignes. La France s'est engagée dans la guerre face à la Prusse en juillet 1870. En mai 1871, elle perd la guerre et cède les territoires de Moselle et d'Alsace à la Prusse. Une partie, la plus riche, des habitants de ces départements, quitte la zone annexée et rejoint la ville la plus proche du côté français: Nancy, ville frontière et désormais capitale de l'Est, voit sa population doubler avec ces nouveaux et aisés résidents que l'on nomme "les optants". Ils arrivent avec leurs projets, leurs savoirs et leurs expertises déjà acquises et surtout leur argent. Ils se constituent en une sorte de diaspora et cherchent à effacer les heures sombres de la guerre. Ces industriels et ingénieurs ont en commun le goût de la culture et l'envie de le partager avec le plus grand nombre. Leur réseau d'influence s'étend jusqu'à Paris, où les modes se font et se défont dans ce qu'on a qualifié la Belle Époque.

Une touche artistique

S'il ne fallait retenir qu'une seule œuvre de l'École de Nancy, représentant la clématite, ce serait sans conteste la verrière monumentale de Gruber qui se trouve dans le hall de la banque LCL, rue Saint-Georges à Nancy. Gruber est un spécialiste du verre, peintre et dessinateur à l'atelier artistique de la verrerie Daum. Il devient à ce titre, un spécialiste du verre et de ses techniques, mais c'est aussi un touche-à-tout, un modèle d'artiste de l'École de Nancy.

Rendez-vous compte : 250 m² de surface de vitraux qui arrosent le hall de lumière douce. (264 panneaux, 8 mètres de large et 23 mètres de long) Et sur tous les contours arrondis, de la clématite en fleurs qui grimpe le long des structures en fer qui consolident le tout. Une splendeur visible aux horaires d'ouverture de la banque, qui laisse le visiteur circuler librement -mais dans le silence- sous ce puits lumineux. Conçue par Jacques Gruber et réalisée par le maître-verrier Charles Gauvillé en 1901.

Une verrière Gruber peut en cacher une autre. A l'occasion du départ d'une enseigne de vêtements et de linge de maison, une verrière réalisée également par Gruber a été retrouvée cachée sous de la laine de verre en 2017. Passée de mode, elle avait été recouverte dans les années 70. Il est question de trouver un repreneur pour l'immeuble afin de redonner de l'éclat à cette splendeur cachée.

Pas de clématite dans cette autre verrière coupole que l'on doit toujours à Gruber, mais une fleur géante qui surplombe les galerie Lafayette à Paris. L'opportunité de montrer le rayonnement des artistes lorrains de l'École auprès des commerçants parisiens, faiseurs de mode.

Le prestige du vitrailliste est tel qu'il réalise les dessins de cette verrière à couper le souffle installée au "Gran Hotel Cuidad" de Mexico. 

Un dernier mot sur Jacques Gruber. Si vous vous perdez dans les méandres d'internet, vous trouverez deux orthographes à son nom. Ne vous y trompez pas, la bonne, celle qu'il s'est choisie, c'est Gruber sans les trémas. Même s'il est né "Grüber", à Sundhouse dans le Bas-Rhin en 1870, c'est en Lorraine, terre de France qu'il a connu le succès et il a voulu donner une apparence française à son nom en lui ôtant les germaniques "Umlaute" (trémas). Un peu à la manière de Metz qui se prononce [mɛs] pour oublier son annexion allemande. (Ça c'est pour tous ceux qui ne savent pas prononcer son nom! Et bim!)

Quelques modèles de clématites

Toujours grâce à l'aide des spécialistes des musées de la ville de Nancy, du Musée des Beaux-Arts, celui de l'École de Nancy et de la villa Majorelle, voici quelques œuvres portant haut les couleurs de la clématite. Ici, une plaque en céramique sobre et vaguement ensorcelante.

Là, un vase majestueux de Gallé.

Et d'autres trouvailles sur internet. Comme ce vitrail. Ou encore ce vase Gallé. 

On pourrait encore évoquer cette table de Louis Majorelle. Et comment finir sans montrer les décors "Clématites", rue Félix Faure à Nancy.

Le mois prochain, Nous irons à la rencontre exotique de l'orchidée. 

Mais juste avant la parution de notre prochain article, ne manquez pas le 6 juin, la prochaine journée de l'Art Nouveau.

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