Un laboratoire lorrain bien placé dans la course au dépistage sérologique du coronavirus

C'est une certitude : le dépistage à grande échelle va devenir capital pour protéger les populations les plus exposées au covid19 et, à terme, pour sortir du confinement. Un laboratoire de Nancy a pris une longueur d'avance avec ce premier automate dédié, en France, à la sérologie SARS-CoV-2.

Le laboratoire Atout Bio, un petit groupe régional, a eu du flair : il a commandé il y a trois semaines une machine pour analyser, à grande échelle, des échantillons de sérum. L'engin traite une cinquantaine de prélèvements à l'heure. Fabriqué en Chine, il leur a coûté 50.000 euros, plus les réactifs.

"Aujourd'hui, on pourrait le revendre le double" lance, amusé, Christophe Baillet, le biologiste responsable. il en va du matériel de dépistage comme des masques et des respirateurs : une course mondiale où tous les coups sont permis. "On est une petite structure, ça nous a permis d'être réactifs". C'est le cas de le dire.

Pourquoi le test sérologique ?

A Gentilly, sur les hauteurs de Nancy, le laboratoire pratique le dépistage "classique" par écouvillonnage, le fameux test PCR qu'on voit un peu partout. Un prélèvement des sécrétions nasales (réalisé sur ordonnance) qui permet de confirmer la présence du virus en cas de symptômes. Test fiable mais compliqué, relativement lent et cher.
Le test sérologique, lui, va rechercher les anticorps présents dans le sang. Comme pour d'autres infections virales (Sida par exemple), on s'intéresse à la "signature" du virus dans le système immunitaire. Des anticorps qui n'apparaissent que quelques jours après l'infection, mais qui persistent bien après la guérison. Selon Jean-Marcel Paulus, biologiste chez Atout Bio, "les deux tests sont complémentaires".

Mais le test sérologique a un gros avantage : le prélèvement, une simple prise de sang, peut être fait un peu partout, sans risque pour le technicien et à faible coût. Et l'analyse, une fois qu'on a l'équipement et les réactifs, est beaucoup plus rapide. Il se prête mieux à un dépistage à grande échelle.
La machine tourne depuis mardi 31 mars. Après s'être testés eux-mêmes, les biologistes ont lancé des dépistages dans la population des soignants et sur la totalité d'un EHPAD de Nancy, personnel en tête. Pour l'instant, le test n'est pas accessible à tout un chacun.

Les soignants sont prioritaires car ce test permet de clarifier leur statut sanitaire : non contaminé, malade, porteur sain ou guéri. Il y a, notamment chez les plus jeunes, de nombreux cas de Covid invisible (ou atténué) qui peuvent cependant contaminer les autres. L'espoir et de mieux gérer l'activité de ceux qui travaillent à l'hôpital ou en EHPAD, tout en diminuant leur stress.

A plus long terme, le dépistage massif doit éclairer la décision politique au plan national. Sans tester la totalité de la population française, on peut, sur un échantillon assez représentatif, avoir une idée du taux de personnes indemnes, contaminées ou guéries. Un peu à la manière d'un sondage. Cela sera indispensable pour prendre les bonnes décisions au bon moment : quand sortir du confinement, à quel rythme et selon quelles modalités ? Des questions auxquelles le gouvernement refléchit mais n'a, pour l'instant pas les réponses.
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