Le blé source d'inspiration des artistes de l'Art Nouveau et de l'École de Nancy (8/12)

C'est un mouvement artistique qui ne dura qu'une trentaine d'années. Débuté en 1884, la  Première Guerre mondiale y mit un terme. L'École de Nancy, courant de l'Art Nouveau fédère des artistes, artisans et petits industriels autour d'un thème qui les inspire, la nature. Voici le blé.
 

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Voici venu le temps des récoltes, le temps de la moisson des blés. Les artistes de l'École de Nancy ne pouvaient pas passer à côté de cette plante, offerte en gerbe en guise de porte-bonheur, symbole de fertilité et de prospérité. Peut-être le succès de Germinal de Zola en 1885 n'est-il pas étranger à leur inspiration, peut-être y a-t-il un écho entre l'histoire des mineurs du Nord et ceux de la Lorraine, écho auquel nos artistes-industriels ne sont pas sourds ? Peut-être plus simplement derrière le blé voient-ils le pain, essentiel et indispensable à la vie ?

Toujours est-il que les ateliers des frères Daum, ceux de Majorelle et bien d'autres encore se sont penché sur le fameux épi pour le représenter à l'envi. Lors des années florissantes que couvre le travail de l'École de Nancy, entre 1884 et 1914, les artisans et ceux qu'on n'appelle pas encore les designers du mouvement Art Nouveau de l'Est de la France ont rivalisé de courbes et de lignes mouvantes pour fixer les blés dans les matières à leur disposition. Mais respectons ce qui est désormais notre tradition, le petit point botanique.

Un brin de botanique

Ce qui est toujours terrible en botanique, c'est que les définitions sont toujours pleines de mots incompréhensibles : le blé est une plante monocotyléone du genre Triticum. Mais bien sûr ! Une fois qu'on a écrit ça, on est bien avancé. Plus sobrement, rappelons que le blé est une céréale qui appartient à la famille des graminées. Sa tige, appelée chaume, porte un épi qui contiendra les grains, une fois fécondé.

Un morceau de boiserie 

L'épi de blé règne en majesté dans la salle à manger de la Villa Majorelle. Il est de tous les meubles : Buffet, desserte, table et fauteuils en bois et ferronnerie. Dans le catalogue Majorelle, grosse innovation marketing, l'ensemble de mobilier porte le nom de "Les blés, modèle riche". La classe. Tous les concepts commerciaux qui feront fureur un siècle plus tard, lors des Trente Glorieuses, sont déjà présents dans l'approche commerciale de la maison Majorelle : le catalogue de présentation des meubles fabriqués en mode industriel, afin que le plus grand nombre de clients puisse découvrir sur le papier le mobilier des ateliers. Mais aussi et surtout, la très grande idée de l'artisan industriel de génie : sa maison personnelle, "total look" École de Nancy, et surtout son fameux salon : la petite histoire raconte qu'il prenait un malin plaisir à laisser poireauter ses visiteurs dans son salon d'accueil, leur laissant ainsi tout le loisir d'admirer les détails et les contours de ses meubles. Un salon-exposition, une maison témoin. Un show room avant l'heure. Le maître ébéniste a la bosse du commerce !

Mais arrêtons là nos remarques sur la Villa Majorelle. Nous l'évoquerons plus longuement dans l'article dédié à la monnaie du pape à paraître en novembre. 

 

Et voici donc la fameuse cheminée de grès flammé d'Alexandre Bigot, qui "fait écho" au mobilier de la salle à manger, et date de 1902. 

Sinon, Majorelle, qui ne manque pas d'audace, n'a pas illustré de blés que des meubles de salle à manger : cette bibliothèque en témoigne. une boucle est bouclée : de la culture à la culture.

Quelques gouttes de verre

Les ateliers verriers ne sont pas en reste. Et leurs techniques évoluant, ils représentent les blés à grand renfort de couleurs.

Coté céramique, je vous ai dégotté ce libertin petit vase, évoquant les joies des moissons d'antan.

Ou encore ce vase aux épis, cette cruche aux épis, ou cet autre vase aux épis et enfin ce Grand vase épi des Frères Mougin.

Plus prosaïquement, on retrouve les épis encadrant le village lorrain sur un des vitraux de Gruber à la CCI 54.

Quelques points de tissu 

Le Musée de l'École de Nancy possède également des pièces en tissu, comme ce napperon la vigne et le blé , signé Albert Horel.

Un petit pas de côté

Plus largement dans l'Art Nouveau, on ne peut pas montrer le blé sans mentionner Mucha. Certes, l'artiste n'est ni nancéien, ni membre du mouvement de l'Alliance, mais sa renommée est grande, et je ne résiste pas à l'envie de partager ses oeuvres friumentaires.

Notre petite récolte est terminée, n'hésitez à poursuivre la collecte.

Après la moisson des blés, nous nous consacrerons aux vendanges du raisin en septembre.

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