Essentiels dans la prise en charge des patients, les ambulanciers du CHRU de Nancy demandent à changer de statut pour ne plus être considérés comme de simples conducteurs. Ils manifestaient devant l’Agence Régionale de Santé ce jeudi 1er juillet.
Aurore Darbellay et Nasser Negmari sont ambulanciers hospitaliers au CHRU de Nancy. Chaque jour ils transportent des malades qui sont sous leur responsabilité le temps du trajet quel que soit leur état de santé. Leur statut les place pourtant dans la filière technique de catégorie C, contractuellement, ils sont donc toujours considérés comme de simples chauffeurs. En ce 1er juillet, ils ont décidé de se faire entendre.
On est écœurés, on se sent trahis, on ne transporte pas des colis !
"Pendant des mois on a transporté uniquement des malades Covid, on était au front, exposés. Le président Macron a reconnu le rôle des ambulanciers dans la crise et pourtant au final on a été exclus du Segur de la santé. On est écœurés, on se sent trahis, on ne transporte pas des colis", nous explique Nasser Negmari, ambulancier hospitalier au CHRU de Nancy.
Et sa collègue Aurore Darbellay, de renchérir : "on est pas dans la bonne filière, notre statut ne correspond pas à la réalité du terrain, on a en charge des malades toute la journée et on est formé pour."
Une prise en charge spécifique
Parmi la petite dizaine de malades transportés chaque jour par Aurore et Nasser, il y a les valides et les autres : sous oxygène, avec un drain ou une sonde urinaire par exemple. A chaque fois les ambulanciers doivent aussi prendre en charge le matériel et surveiller le patient quel que soit sa pathologie et son âge puisque toutes les catégories sont présentes, du nourrisson au centenaire. Les gestes de secours peuvent aussi être pratiqués si l'état du malade se dégrade, les ambulanciers sont aussi formés pour cela.
Quant à la conduite de l’ambulance, elle doit elle aussi être adaptée. On a parfois des multifracturés ou même simplement des patients inquiets et on est bien souvent la première personne que le malade va voir, notre rôle d'accompagnant est très important, précise Aurore.
Une lettre ouverte à Olivier Véran
"Les ambulanciers sont un maillon de la chaîne de soin, ce statut de conducteur c’est une vraie injustice, ça n'est pas des livreurs de patates !" s’insurge Ophélie Opfermann de la CFDT Santé du CHRU de Nancy. Lassés par ce manque de reconnaissance, les ambulanciers hospitaliers ont décidé de passer à l'action. Un mouvement national avait lieu ce jeudi 1er juillet et une manifestation s'est déroulée à 13h devant l'Agence Régionale de Santé à Nancy.
Parmi leurs revendications : l'intégration à la filière soignante, la suppression du terme "conducteur ambulancier" par celui d' "ambulancier hospitalier", la classification de leur métier en catégorie active et le passage en catégorie B. Ces revendications ont été exprimées dans une lettre ouverte au ministre de la santé Olivier Véran.
Côté salaire, les 38 ambulanciers du CHRU de Nancy, ont pu bénéficier de la prime Covid de 183 euros mais ils espèrent une meilleure revalorisation salariale en changeant de statut, la formation étant elle aussi plus longue qu’auparavant. "Ils passent les mêmes modules que les aides-soignants et ils sont titulaires d'un diplôme d'état depuis 2007, ils font partie de fait de la filière des soignants" insiste Ophélie Opfermann.
Nasser et Aurore travaillent 37h30 par semaine pour un salaire de 1578 euros par mois avec la prime Covid intégrée. Ils attendent une vraie reconnaissance pour leur investissement aux côtés des malades jour après jour.