La Fifa interdit lundi 22 novembre 2022 le port du brassard One Love pendant la coupe du monde de football au Qatar. Les associations LGBT déplorent une occasion manquée et dénoncent un recul des droits humains en général. Illustration et réactions avec l'association Equinoxe à Nancy (Meurthe-et-Moselle).
La Fifa (Fédération Internationale de Football Association) interdit lundi 22 novembre 2022 le port du brassard inclusif "One Love" par les joueurs européens pendant la coupe du monde de football au Qatar. Menacées de "sanctions sportives" par la Fifa si leurs capitaines arboraient durant le Mondial-2022 le brassard multicolore, les sept équipes européennes encore engagées dans cette campagne contre les discriminations (Allemagne, Angleterre, Belgique, Danemark, Pays-Bas, pays de Galles et Suisse), ont préféré renoncer à ce geste symbolique.
Les associations LGBT dénoncent un recul des droits humains en général. L'association nancéienne Equinoxe par la voix d'un de ses membres, Pierre Geerarts, déplore une occasion manquée.
Comment réagissez-vous à l'interdiction du brassard "One Love" ?
Avec cette décision, la Fifa à l’air tout à fait rétrograde. L’interdiction faite aux joueurs des équipes européennes de pouvoir s’exprimer sur les droits humains en portant un simple brassard est très problématique. Le milieu du football, depuis un certain nombre d’années, dit qu’il s’engage sur des questions comme l’homosexualité mais il est toujours aussi difficile de faire son coming-out dans ce milieu, y compris en France.
Pour Equinoxe, cette question dépasse les droits des personnes LGBT ?
Tout le monde est d'accord au sein de notre association pour affirmer que l'on ne peut pas dissocier les droits des personnes LGBTQ+ des droits humains en général. Nous savons que les lois appliquées aux personnes homosexuelles et minorités sexuelles sont au Qatar extrêmement répressives. Cela peut même aller jusqu'à la peine de mort je crois.
Comment expliquez-vous l'abdication de la Fifa face au Qatar ?
Sur ce point, le choix du Qatar dans les conditions obscures que l’on connait est déjà à la base très problématique. C’est la réalpolitique qui prime. On est dans le règne de la diplomatie et du "tout commerce" comme disent les Anglais. Encore une fois, on ne peut pas faire l’impasse sur les droits humains en général et les conditions de travail déplorables des népalais ou des Pakistanais qui sont allés construire les stades au Qatar et cela au prix de leurs vies pour beaucoup.
C'est une occasion manquée de faire progresser les droits des personnes LGBT dans le monde ?
C’est dommage que l’on ne profite pas de cette opportunité dans ce pays où les droits des LGBT sont inexistants pour faire valoir cette ouverture là, sur les droits des personnes LGBT et les droits humains en général. Mais en contre-coup, cette affaire du brassard "One Love" porte un éclairage cru sur ce que le Qatar en terme de régime politique a de problématique envers les minorités et les immigrés.