Gérald Bronner est un intellectuel issu d'un milieu populaire. Il est professeur de sociologie à La Sorbonne (Paris). Originaire de Nancy, il vient de publier "Les origines, pourquoi devient-on qui l'on est ?" (Autrement). Son nouvel essai s'attaque au déterminisme social.
Son essai "Les origines : pourquoi devient-on qui l'on est ?" aux éditions Autrement vient de paraître en librairie. "Mon livre est surtout un plaidoyer pour la complexité. Il n'y a pas de plus belle quête que de partir à la rencontre de soi-même".
Gérald Bronner, âgé de 53 ans, est Professeur de sociologie à La Sorbonne (Paris), "Les origines, ça nous concerne tous. On se raconte tous les histoires que l’on a envie d'entendre, de vivre. Et finalement, on se pose toujours la même question : Qui on est ?", explique-t-il dimanche 29 janvier 2023 à France 3 Lorraine.
Il est issu d'un quartier populaire de Vandœuvre-lès-Nancy, beau-fils d'un livreur, se fait fort de dénoncer le sentiment de "honte" d'avoir "trahi" son milieu d'origine. Il a grandi en HLM, sa mère était femme de ménage. De ses origines modestes, il ne s'en cache pas.
Pourquoi devient-on qui l'on est ?
L'identité se construit au fil de la vie, quelles places y tiennent le travail et la méritocratie ? "La France est l’un des pays les plus producteurs d'inégalités, où le mérite n'est ni nécessaire, ni suffisant, pour réussir", a-t-il dit sur France Inter. "Le mérite reste une valeur universelle que je défends. La méritocratie est une valeur de gauche, et le hasard devient en vieillissant une forme de sagesse de la vie".
L'identité se construit au fil de la vie, quelles places y tiennent le travail et le mérite ?
Gérald Bronner, sociologue
Un échec veut-il dire une faute ? Selon Gérald Bronner, "il y a un gros problème de culture de l’échec en France. Le dolorisme est une exaltation de la souffrance. La méritocratie est même un de mes combats intellectuel".
Il appelle "dolorisme" une mise en scène pathétique du déchirement d'appartenir à une classe bien plus élevée que celle où on a grandi. "Je n'ai jamais eu aucune honte. J’y retourne très souvent, je suis très attaché à ma famille, à mes amis. Je fais des va-et-vient, et ne me sens nulle part chez moi. Je n'ai jamais caché mes origines populaires".
Et il ajoute : "En fait, mon livre est un plaidoyer pour l’extrême complicité de ce que nous sommes. Le hasard, les rencontres, l’histoire que l’on se raconte autour de nous. Mais attention, ce n’est pas de la psychanalyse. Moi, je travaille beaucoup sur la façon dont fonctionne le cerveau. Il n’y a jamais une seule raison qui explique une personnalité. Il y a aussi les hasards de la vie".
"Les origines. Pourquoi devient-on qui l'on est ?" Une réflexion émouvante, ainsi qu'un plaidoyer en faveur de la complexité qui rend nos origines dignes d'être racontées.