"Il faut donner le choix de décider librement de sa fin de vie en cas de maladie incurable et de grandes souffrances"

Paroles de députés lorrains après la signature de 272 parlementaires dans le "JDD" réclamant un débat sur la fin de vie et la possibilité de l'euthanasie active. Quelques députés opposés à ce projet ont déposé une avalanche d'amendements afin de bloquer le débat programmé ce jeudi 8 avril 2021.

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272 députés, tous partis confondus, ont apposé leurs signatures au bas d’un appel publié dans le JDD pour réclamer un débat suivi d’un vote sur la question de l’euthanasie active en cas de maladie incurable. Quelques députés s’y opposant ont déposé une avalanche d’amendements. Des signataires de l’appel dénoncent une manœuvre d’obstruction malsaine pour l’exercice de la démocratie parlementaire. Le député de Meurthe-et-Moselle Xavier Paluszkiewicz, secrétaire du groupe d'études sur la fin de vie à l’Assemblée nationale est très amer. "Cet épisode ne donne pas une belle image de l’Assemblée nationale" explique Xavier Paluszkiewicz, Député LREM de Meurthe et Moselle, "quand on voit le travail exemplaire de la commission présidée par Jean-Louis Touraine confisqué par quelques députés, ce n’est pas digne."

Donner le choix aux personnes en fin de vie

La loi Claeys-Leonetti sur la fin de vie adoptée le 2 février 2016 autorise en cas de maladie incurable la sédation profonde et continue jusqu’au décès, c’est-à-dire un droit à être endormi profondément jusqu’à la mort par l’administration de puissants sédatifs. Les signataires de l’appel demandent qu’un nouveau droit soit débattu, celui de l’euthanasie active. "Il ne faut pas opposer la loi Claeys-Leonetti et l’euthanasie" souligne Caroline Fiat, députée La France insoumise Meurthe et Moselle, "il faut donner le choix à chacune et chacun de décider librement de sa fin de vie en cas de maladie incurable et de grandes souffrances."

Il faut donner le choix à chacune et chacun de décider librement de sa fin de vie en cas de maladie incurable et de grandes souffrances

Caroline Fiat, députée La France insoumise (Meurthe-et-Moselle)

Sur la même longueur d'ondes que Caroline Fiat, le député LR des Vosges, Stéphane Viry, souhaite que cette question de société soit examinée pendant ce quinquennat. S’il reconnait que la loi Claeys-Leonetti sur les soins palliatifs apporte déjà une bonne réponse, il pointe aussi l’inégalité territoriale concernant l’accès à ses soins, souvent faute de moyens pour les mettre partout en œuvre. "On souffre dans certains territoires d’une insuffisance de compétences médicales pour assurer les soins palliatifs" expose de son côté Stéphane Viry, Député Les Républicains dans les Vosges, "je considère qu’il est nécessaire d’ouvrir un nouveau droit."

On souffre dans certains territoires d’une insuffisance de compétences médicales pour assurer les soins palliatifs. Je considère qu’il est nécessaire d’ouvrir un nouveau droit

Stéphane Viry, député Les Républicains (Vosges)

Un sujet tabou

Soignante de profession, Caroline Fiat côtoie la mort au quotidien. Elle déplore qu'en France, le sujet soit encore tabou. Le décès est au même titre que la naissance, un évènement naturel. La députée recommande de signifier très tôt ses directives afin d’anticiper sa propre fin de vie. "Il faut en faire part car personne n’est à l’abri d’un accident d’une maladie incurable. La question de la fin de vie ne concerne pas que les personnes âgées."

Pour Thomas Mesnier, député LREM de Charente, ce débat sur la fin de vie est inutile. S’il reconnait que la France a un problème avec la mort, cet urgentiste de profession estime que la loi Claeys-Leonetti est suffisante et ses moyens doivent être renforcés pour être pleinement opérationnelle.

Le débat est programmé ce jeudi 8 avril mais comme l’examen des quelques 3.000 amendements et le vote doivent avoir lieu le jour même, il y a peu de chance que le processus parlementaire aille à son terme.

Quatre pays européens autorisent à ce jour l’euthanasie active : la Belgique, le Luxembourg, les Pays-Bas et l’Espagne.

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