Les discriminations perdurent en France. En 2022, près de 12 600 infractions à caractère raciste, xénophobe ou antireligieux ont été recensées par les forces de l’ordre. À l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale, la LICRA organise un évènement, ce vendredi 22 mars 2024 pour lutter contre la haine. Dans ce contexte, Franck Porterat, président de la LICRA de Nancy a accepté de répondre à nos questions.
En 2022, les services de police et de gendarmerie ont enregistré 12 600 infractions à caractère raciste, xénophobe ou antireligieux. Les chiffres en hausse pour l’année 2023, dans un contexte de grande instabilité internationale. À l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale qui s’est déroulée ce jeudi 21 mars 2024 et pour lutter contre le phénomène, la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme de Nancy organise un événement artistique et engagé pour lutter contre la haine, ce vendredi 22 mars. Au programme : lectures, chants et paroles accompagnées par un comédien, une autrice et un chanteur. Pour l’occasion, nous avons posé trois questions à Franck Porterat, président de la LICRA à Nancy.
Quel est l’état de la discrimination raciale aujourd’hui en France ?
On constate une hausse importante du racisme et de l’antisémitisme. Il y a d’ailleurs une hausse constatée des crimes et des délits racistes et antisémites en 2023, de l’ordre de 32%. On remarque une très forte augmentation des actes et des paroles antisémites sur le territoire français, notamment depuis l’attaque du 7 octobre. On le voit par ailleurs, on a une tendance générale d’une société qui se divise, se fragmente. À Nancy, nous avons de la chance, nous sommes un peu sauvegardés, il y a un vivre ensemble qui perdure sur le territoire même si on trouve très régulièrement des tags antisémites.
Quelles sont les populations les plus touchées par les discriminations en ce moment ?
C’est assez général. On va justement avoir les personnes juives mais aussi les personnes d’origine africaine qui sont également victimes de racisme parfois insidieux et pas toujours affirmé, notamment sur les réseaux sociaux. Cela fait ressortir des formes de racisme et de discrimination que l’on n’a pas à subir au XXIᵉ siècle. Je suis toujours frappé par ce qu’il se passe dans les universités en France. Des étudiants dits blancs se rassemblent entre eux et excluent les étudiants dits racisés, c’est vrai aussi dans le cas inverse. Le summum, ça a été à Science Po, lors d’une mobilisation pro palestinienne, où certains jeunes qui étaient juifs se sont vus interdire l’entrée. Il y a une vraie remise en cause de l’universalisme.
Qu’est-ce que l'on peut faire pour lutter contre les discriminations ?
Il faut effectuer des actions comme celle de ce vendredi soir, il faut sensibiliser les plus jeunes, condamner les actes de discrimination, soutenir les victimes et faire vivre la mémoire de celles et ceux qui y ont laissé leurs vies. Les plus jeunes n’ont pas conscience de ce que peuvent ramener le racisme et l’antisémitisme. Nous opérons, sur l’ensemble du territoire de Meurthe-et-Moselle, des rencontres avec les jeunes, on en voit environ 400 à 700 par an, notamment à l’école. Et quand on arrive dans une classe, on remarque bien que parfois, il n’y a pas de sensibilisation sur le sujet. Nous sommes même confrontés à des prises de parole choquantes mais on en discute, on se base sur l’histoire et à la fin, ils viennent nous dire qu’ils n’avaient pas conscience de tout cela, qu’ils ne connaissaient pas la Shoah par exemple. Ils n’ont pas forcément de référence alors, on se met à leur place et on leur donne des exemples au cas par cas.
L’événement Ecrire, lire, parler et chanter contre la haine, élaboré en partenariat avec la Coordination d’acteurs et d’associations africaine de Nancy et la Ville de Nancy, vise à faire ressortir des idées concrètes pour lutter contre les discriminations. Elles seront ensuite envoyées à la LICRA nationale.