Maladie de Lyme : des victimes déposent plainte à Paris

Un collectif de 152 victimes de la maladie de Lyme a décidé de passer à l'action : 60 malades, par l'intermédiaire de leurs avocats, viennent de déposer plainte auprès du tribunal correctionnel de Paris. En cause : la fiabilité des tests de dépistage.

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Près de 152 victimes de la maladie de Lyme ont fondé un collectif et  60 personnes viennent de déposer plainte auprès du tribunal correctionnel de Paris. Objet de ces plaintes, la fiabilité des tests, sérieusement remise en cause depuis 2012.

Et de rappeler qu'en France, 55.000 personnes sont atteintes par cette maladie, transmise par les tiques. Avec des tests qui ne seraient pas fiables, ce qui empêche une détection précoce, et laisse donc libre cours à l'évolution négative de la pathologie. C'est pourquoi les plaintes correspondantes viennent d'être déposées au pénal, et contre X, par les avocats du collectif.

Plaintes qui visent les laboratoires pharmaceutiques, les experts, mais surtout l'Agence nationale de médicaments et produits de santé, ainsi que le Centre national de référence de Strasbourg, soit tous les organismes de santé publique parties prenantes dans la validation des tests de dépistage. Une procédure qui s'annonce longue et délicate, mais qui pourrait bien déboucher sur un nouveau scandale sanitaire.

Reportage de Pascal Zuddas - Stiliana Peev - Laurent Monpiou


Interview de maître Julien Fouray, avocat de "Lymaction"


Les précisions de l'AFP sur cette journée
Une soixantaine de personnes atteintes de la maladie de Lyme ont déposé une plainte jeudi à Paris, qui dénonce de possibles conflits d'intérêts entre les autorités sanitaires et les laboratoires, a-t-on appris auprès de leurs avocats et de source judiciaire.
           
"59 plaignants sont déjà enregistrés sur 152 malades pour cette première vague", ont déclaré les avocats Julien Fouray et Catherine Faivre, qui ont déposé cette plainte contre X au pôle santé publique du Parquet de Paris.         

Selon leurs conseils, les plaignants et l'association Lyme Sans Frontière réclament une enquête visant notamment l'Agence du médicament (ANSM) et le Centre national de référence de Strasbourg, dont ils pointent le manque de vigilance face à des tests jugés non fiables.

 Cette plainte, dont le projet avait été annoncé mi-décembre, dénonce de possibles faits de "conflits d'intérêts", "violation des règles d'indépendance en matière d'expertise", "trafic d'influence", "abus de biens sociaux et recel", "corruption" et "mise en danger de la vie d'autrui", ont détaillé maîtres Fouray et Faivre.

 Les avocats, qui comptent réunir à terme environ 300 plaignants, ont jusqu'ici
entamé uniquement des procédures en responsabilité civile contre cinq laboratoires
(DiaSorin, BioMérieux, Siemens, Euroimmun et Bio-Rad) afin d'obtenir des dommages
et intérêts.

Ils les accusent de ne pas avoir suffisamment informé le public sur le manque de fiabilité des tests de diagnostic qu'ils commercialisent.

 Ces procédures, toujours en cours, "ont permis de réunir des éléments sur les possibles conflits d'intérêts et collusions entre des responsables des autorités sanitaires et les fabricants", a expliqué maître Faivre.

Cette plainte pénale vient s'ajouter à celle déposée à Paris en février 2017 par une malade résidant dans le Cantal. Défendue par un autre avocat, Philippe Meilhac, elle avait porté plainte, également à Paris, mais pour "tromperie aggravée".

 Sa plainte avait débouché sur une enquête préliminaire de ce pôle spécialisé du Parquet de Paris. Elle est toujours en cours, selon une source proche du dossier.
 
La maladie de Lyme, infection transmise par les tiques, peut provoquer de nombreux troubles invalidants et douloureux.

D'un diagnostic difficile, elle a longtemps été sous-estimée et le ministère de la Santé a relevé en 2016 son estimation du nombre de cas en France à 55.000, contre 33.000 l'année précédente.

Des associations de malades et certains professionnels de santé militent pour la reconnaissance de la forme chronique de cette maladie, une sensibilisation de la population et la modification du protocole officiel de diagnostic et de soins.

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