Meurthe-et-Moselle : un projet d’hôpital de la faune sauvage pour mieux soigner les animaux blessés

Le centre de sauvegarde de la faune lorraine basé à Valleroy dans le Pays Haut, ne peut plus faire face à l’afflux d’animaux. Pour répondre à cette demande, ses dirigeants ont un projet d’hôpital estimé à huit millions d’euros pour lequel il faut trouver des financements.

AU CSFL, le Centre de Sauvegarde de la Faune Lorraine, en ce mois de novembre 2021, le téléphone n’arrête pas de sonner et Mégane ne sait plus où donner de la tête. La jeune femme est soigneuse au centre, elle informe et aiguille inlassablement les personnes qui se donnent la peine de signaler un animal blessé.

A la porte, un nouvel arrivant, un hérisson blessé et bourré de tiques. C'est l'espèce la plus souvent présente au centre, avec de nombreux oiseaux et de petits mammifères. Il est apporté par une jeune volontaire "rapatrieuse", qui vient régulièrement amener des animaux nécessitant des soins. Le hérisson va rapidement être pris en charge avant d’être placé en stabilisation, au côté de chouettes effraies, nombreuses avec la nuit qui tombe plus tôt et le risque accru de choc avec les voitures. Le poids et la température du petit animal seront ensuite surveillés jusqu’à sa guérison.

Le risque à terme, c'est de refuser des animaux.

Alexandre Portmann, directeur du CSFL

Le centre de soin compte trois pièces, un bureau, une salle de stabilisation où les animaux sont gardés au chaud et celle où sont prodigués les soins. Des pièces exiguës où les deux soigneurs et le jeune service civique se marchent un peu sur les pieds. Alexandre Portmann est directeur du centre, il ne compte pas ses heures pour apporter son assistance aux animaux blessés, y compris la nuit mais il se désespère de la situation :

"Le personnel est trop peu nombreux pour faire face à la demande grandissante, il faudrait qu'on soit le double, voire le triple. Ce centre a ouvert il y a quatre ans et nous en sommes à 2.500 animaux accueillis en moyenne chaque année. C’est beaucoup au vu de l’exiguïté du centre, il nous faut des locaux plus adaptés pour travailler dans de meilleures conditions. Le risque à terme, c'est de refuser des animaux".

Les rapaces et autres représentants de la faune sauvage présents sur le site proviennent de toute la Lorraine. Le CSFL est le seul organisme agrée pour la Lorraine mais il couvre également la Marne. Une zone très étendue donc, pour laquelle plusieurs relais existent, pour faciliter la prise en charge rapide des animaux. 

Un projet d’hôpital d’envergure

Alexandre Portmann et Frédéric Burda, président du CSFL ont décidé de prendre les devants et d’imaginer le futur.
Pour cela ils ont évalué leurs besoins et travaillé avec le cabinet d’architecte Mariotti & associés architectes à Metz, sur des plans d’hôpital. Encore fallait-il trouver le site adéquat, mais cela ne semble pas être obstacle. Un terrain de dix hectares est justement en passe d’être acheté par la municipalité de Valleroy pour le CSFL. En comparaison, c'est 62 ares pour le terrain actuel. L’ancienne propriétaire souhaite y voir se créer ce paradis pour les animaux blessés.

Le coût de cet hôpital a été estimé à huit millions d’euros, "ça peut faire peur mais c'est un vrai projet d'avenir", nous explique Frédéric Burda.

"On nous parle de défense de la biodiversité, c’est ce qu’on fait au quotidien au CSFL, huit millions d’euros c’est beaucoup, mais pourquoi pas. C’est un défi pour l’avenir cet hôpital et ça serait une première en France. On dépense parfois beaucoup pour des broutilles !"

Quel financement ?

Des locaux spacieux et adaptés, une salle d'opération, de grandes volières, pour accueillir jusqu'à 5.000 animaux, les plans ont de quoi faire rêver. Mais comment financer cet hôpital ?

Le principal financeur du CSFL, la région Grand Est, subventionne les quatre centres de soins de la région, à hauteur de 25.000 euros chacun. Jacky Desbrosse, vice-président de la commission environnement, assure qu'il va examiner le projet d’hôpital mais n’imagine pas pour l’instant augmenter la subvention :

"c’est un projet auquel nous allons nous intéresser, mais nous ne pourrons pas supporter des coûts de fonctionnement exponentiels. Il faudra trouver d’autres sources de financement, l’Etat devra se saisir de cette question".

Justement, la ministre de la transition écologique envisage un audit des centres de soins, pour réfléchir à des solutions de financement pérennes.
Parmi elles, la taxe dite "taxe croquette" : cinq centimes pourraient être prélevés par kg de croquettes pour chat. Au niveau local, les communautés de communes pourraient financer les centres de soins via une contribution de 20 centimes par habitant et par an; les départements pourraient aussi être contributeurs via la taxe d’aménagement pour les Espaces Naturels Sensibles.

Il existe une centaine de centre de soins en France et la plupart connaissent une demande exponentielle.
Les activités humaines provoquent toujours 95% des blessures constatées chez les animaux sauvages. Mais une meilleure attention de la population, plus sensibilisée à cette cause, explique aussi un nombre d’animaux soignés grandissants. Le projet d'hôpital du CSFL est ambitieux, il cherche de généreux donateurs dans le public comme le privé. Les rencontres avec les élus territoriaux ont débuté sur le terrain et les retours semblent favorables mais pour l'heure le centre doit faire face au problème de la grippe aviaire. 
 

La grippe aviaire empêche l'accueil de nouveaux oiseaux

Les oiseaux ne pourront plus être acceuillis dans le centre de soin jusqu'à nouvel ordre. En cause la grippe aviaire H5N1, des cas ont en effet été découverts sur le lac de Madine, la réserve de Lachaussée et dernièrement autour de l'étang du Haut Fourneau dans la Meuse. Une mortalité importante a été observée sur ces secteurs, proches du CSFL, par les agents de l'Office Français de la Biodiversité. Pour le président du centre c'est une situation sans précédent et il faut absolument éviter l'introduction d'une souche étrangère sur le site.

 

 

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