Le Virtual Trainer, un système de lampes led installé au fond des bassins, donne aux nageurs un repère permanent sur leur allure. Cette technologie a été présentée vendredi 2 avril, en marge du meeting national de Nancy. Elle pourrait se démocratiser dans les piscines à l’avenir.
A la veille du Meeting National de Nancy le week-end des 3 et 4 avril 2021, deux nageuses du Grand Est ont pu tester une technologie innovante dans le bassin de la piscine Alfred Nakache. Baptisé Virtual Trainer, ce système consiste à installer un ruban de lampes LED au fond de l’eau, au centre d’une ligne de nage.
Le dispositif est connecté sans fil à un ordinateur ou à un smartphone. Le nageur paramètre le chrono qu’il souhaite réaliser sur une distance définie. Après son départ, la lumière va lui indiquer le rythme qu’il doit maintenir pour atteindre cet objectif. Une sorte de "lièvre" aquatique, destiné à améliorer les performances des nageurs lors de leurs entraînements.
Partenaire d’entraînement virtuel
La nageuse internationale Camille Dauba, du Cercle Nautique de Sarreguemines a été séduite par l’expérience. "Quand j’ai plongé, c'était un peu perturbant de voir la lumière au fond du bassin. Mais au final, c’était amusant et je me dis que ça peut être utile", analyse la Mosellane. "Parfois, à l’entraînement, je nage seule et je ne me rends pas compte quand je ralentis. Ça peut être intéressant d’avoir la lumière en dessous pour toujours me solliciter. Ça peut aider un nageur à se surpasser. Ça fait presque un partenaire d’entraînement virtuel !"
Résultats immédiats
Un avis positif partagé par Raphaël Jacquot, entraîneur à l’ASPTT Nancy. Sa jeune championne Léonie Thibult s’est aussi essayée au Virtual Trainer. "Ce qui est super intéressant, c’est qu’on maîtrise le temps, explique le technicien. "Tu as un adversaire, ce n’est pas une personne mais c’est une lumière. Je me suis servi de cette lumière pour dire à Léonie que le but du jeu, c’est de la suivre le plus longtemps possible."
Un challenge qui a été un succès pour sa nageuse puisqu’elle a quasiment réussi à égaler son record personnel sur la distance. Son coach soulignant même que ce test a été l’un de ses meilleurs chronos du week-end alors qu’elle était en compétition le samedi et dimanche.
Nouvel outil de performance
Et c’est là tout l’enjeu ! Mehdi Rahiem est chargé du développement des nouvelles technologies à la Ligue Grand Est de Natation et intervenant à l’INSEP. C’est lui qui est venu installer et présenter les deux lignes mobiles de Led à la piscine Alfred Nakache. Intéressé par la génération Z, il cherche à optimiser les séances d’entraînement et la performance des nageurs grâce au numérique.
"Cet outil est apparu il y a une vingtaine d’années", raconte-t-il. "À l’époque c’était des ampoules, c’était seulement utilisé à l’INSEP pour des tests de performances d’effort où on pouvait ne mettre qu’un seul nageur, alors que maintenant tu peux générer deux lièvres sur la même ligne."
Trois piscines équipées en France
En France, la piscine d'Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) a été la première à être équipée de ce système, développée par l’entreprise italienne Myrtha Pools. C'était en 2017. Depuis, deux autres piscines ont suivi, à Niort et à Brive. Mais c’est bien dans les bassins du Grand Est que Mehdi Rahiem cherche à promouvoir cette technologie, qui peut être installée, moyennant quelques milliers d'euros, à la faveur d'une rénovation ou d'une construction de piscines.
D’autant que ce dispositif permettrait de bousculer une pratique en manque de renouvellement selon Raphaël Jacquot : "Ça apporte de la nouveauté dans un sport qui est assez archaïque dans son fonctionnement, qui n’a jamais trop évolué, où il n’y a pas beaucoup de nouvelles technologies. C’est un sport qui est très compliqué où on passe des heures dans l’eau, où on voit toujours les mêmes carreaux défiler sous nos yeux. C’est vraiment un outil supplémentaire pour chercher la performance".
Utilisable par tous ?
Le Virtual Trainer pourrait même être utilisé par des nageurs lambda.
"Il y a quelques semaines, un groupe de personnes âgées de 65 ans a pu tester cette nouvelle technologie", relate Mahdi Rahiem. "Les gens sont venus par curiosité et ça les a éclaté ! On mesurait d’abord leur aller-retour avec un chronomètre, et ensuite on réglait le Virtual Trainer pour enlever quelques centièmes, quelques secondes. Quel que soit leur niveau, les gens étaient super contents".
D'autres usages du système sont aussi envisageables : "Le bassin pourrait s’éclairer pour alerter quand quelqu’un coule ou reste trop longtemps au fond de l’eau. Ou pour les personnes malentendantes, la piscine va s’illuminer pour prévenir que l’heure de fermeture approche".
Reste à convaincre les collectivités d'investir dans de ces lignes lumineuses au fond de leurs piscines.