Une grève illimitée a débuté ce lundi au Centre Psychothérapique de Nancy à l’appel du syndicat FO pour dénoncer l’inégalité des personnels face à la hausse de salaires de 183 € net par mois, octroyée récemment dans le cadre du Ségur de la santé.
Alors que des enquêtes montrent que la santé psychique des Français se dégrade et qu’elle pourrait représenter la prochaine vague dans cette pandémie de covid-19, une partie des personnels du Centre Psychothérapique de Nancy se sent exclue des mesures du Ségur de la santé. Ces accords prévoyaient une revalorisation salariale pour les agents des établissements publics de santé. Au CPN de Laxou, une centaine de personnes ne peut pas y prétendre. "Il s’agit de professionnels infirmiers, aides-soignants ou éducateurs de la Maison d’Accueil spécialisée (MAS) qui s’occupent de personnes atteintes d’une déficience mentale profonde, le plus souvent associée à des déficiences motrices, somatiques ou sensorielles ou des personnes avec atteintes neurologiques, qui ne peuvent se suffire à elle-même dans les actes de la vie quotidienne et dont l’état requiert une surveillance médicale et des soins constants ; de ceux du Centre de Soins d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie (CSAPA ) du Centre de Ressources Autisme (CRA) et du service de Mandataire Judiciaire à la Protection des Majeurs" nous indique Anthony Catania, Secrétaire Général FO au CPN de Nancy.
"Nous avons par exemple des collègues infirmiers ou aides-soignants de la Maison d'Accueil Spécialisée qui peuvent aller remplacer un collègue dans une de nos unités hospitalières. Ils n’auront pas les 183 € par mois. Alors qu'à l'inverse un infirmier ou un aide-soignant d'une de ces unités d’hospitalisation peut faire le même remplacement à la Maison d’Accueil Spécialisée et lui est bénéficiaire de cette augmentation. Autre exemple tout aussi ubuesque. Dans un même bâtiment du CPN, au rez-de-chaussée, le personnel du service qui gère le courrier de l'hôpital perçoit les 183 € ainsi que la personne du bureau voisin à la reprographie. Au premier étage juste au-dessus le service mandataire judiciaire à la protection des majeurs n’est pas concerné par la prime. On monte encore d'un étage, où se trouve le service formation continue et là, les personnels ont droit à la prime. On appelle cela le Ségur de la santé. Il est censé revaloriser les soins et les soignants à la suite de la crise du Covid-19. Vous avez des personnels techniques qui gèrent la voirie, les espaces verts, les cuisines ou encore les livraisons qui touchent les 183 €. Mais, une aide-soignante ou une infirmière de la Maison d’Accueil Spécialisée ou au CSAPA en Addictologie ne les touche pas. Ce n’est pas prévu en fonction des métiers, mais en fonction de la structure d’affectation. En fait, si vous travaillez dans le mauvais service, vous n’y avez pas droit."La situation est ubuesque
Pour Anthony Catania, la suite logique est une désertion des postes non concernés par la prime. Certains personnels n’hésitent plus à laisser des postes vacants pour faire la bascule. Certains préfèrent aller travailler en EHPAD qui eux sont concernés par cette prime. Les conséquences pour les patients sont désastreuses. ‘’On met les services en grande difficulté, car ils ne sont plus attractifs. ‘’
Il y a des professionnels qui commencent à être exaspérés. Ils se sentent méprisés.
Les exclus du Ségur de la Santé
Plusieurs groupes sont nés sur les réseaux sociaux ‘’Les exclus du Ségur ‘’. Partout en France, des personnels dénoncent une inégalité de traitement. "Les SIAD (Soins infirmiers à domicile). Eux sont exclus aussi. Mais ce sont eux qui ont été le plus en contact avec des malades du Covid à domicile".Tous ne sont pas logés à la même enseigne. Anthony Catania nous assure que "certains directeurs ou directrices sur le territoire ont versé la prime mensuelle. Ils sont allés à l’encontre du décret en l’interprétant, en partant du principe que tout le monde était agent de l’hôpital. Il y a eu des versements. Mais après, il y a des histoires de budget". Au CPN, une grève illimitée a débuté ce lundi. "On s’est mis en grève illimitée pour couvrir les actions des professionnels sur le terrain qui boycottent certaines réunions en interne. C’est une façon d’exprimer un mécontentement". Au Centre Psychothérapique de Nancy, une action était prévue le 5 novembre, mais elle a été annulée en raison du nouveau confinement et du plan blanc. "On avait préparé des panneaux. Mais on a été rattrapé par le confinement et le plan blanc. Potentiellement, on peut rappeler tous les collègues en congé. On peut basculer les organisations de travail en 12 heures à la place de 7h30. On a préféré reporter. Les personnels avaient préparé des pancartes et des banderoles. On les a, de manière symbolique, posées à l’entrée l’établissement pour marquer visuellement la contestation. Cela a été retiré au bout d’une dizaine de jours à la demande de la direction. La grève illimitée, c’est un point de départ, on est en attente de décision nationale".