C'est l'heure de tirer les leçons de la crise du Covid. Pour les services de soins, elle a été l'occasion de redécouvrir les hôpitaux de campagne, connus pour leur mise en place éclair sur les zones de conflits. Ce vendredi 10 novembre, le CHRU de Nancy a déployé sa première unité de soins mobile (USM) à l'Hôpital Central. Visite à bord de ce camion hospitalier.
On le connaît sur les zones de guerre dans sa version militaire: l'hôpital de campagne revient dans les rangs du service hospitalier. Le CHRU de Nancy ouvre sa première unité de soins mobile ce vendredi 10 novembre.
Cet imposant camion hospitalier de 66m2 s'installe en une vingtaine de minutes et devient opérationnel une heure plus tard, le temps de préparer le matériel. Il peut accepter jusqu'à vingt patients à la fois dans ses dix cellules de soins. Une capacité d'accueil supplémentaire non négligeable, que l'hôpital aurait pu déployer pendant la crise sanitaire.
" Si on avait eu le véhicule pendant la crise du Covid-19, on aurait pu clairement l'utiliser. À Mulhouse par exemple, le centre hospitalier avait dû mettre en place un véritable hôpital de campagne militaire pour étendre sa capacité d'accueil."
Dr Lionel Nace, responsable SAMU du Service Zonal de Défense
L'unité de soins mobile pourra désormais servir à Nancy en cas d'une nouvelle pandémie ou encore d'une catastrophe naturelle si de nombreuses victimes étaient à secourir. À l'instar d'une tente militaire, cet outil portera assistance aux blessés et permettra de leur prodiguer les premiers soins sur place.
Le camion dispose de nombreux appareils dont des respirateurs, indispensables en cas de réanimation. En revanche, il n'y a aucun bloc opératoire : aucune opération ne sera pratiquée à l'intérieur du véhicule.
Un bijou de technologie hospitalier
L'hôpital mobile se suffit à lui-même. Il est entièrement autonome en eau, en électricité et en gaz à usage médical. Dans les étagères des cellules de soins, on y trouve du matériel pour la prise en charge de maladies graves comme des bouteilles à oxygène ou des moniteurs de surveillance pour suivre les paramètres vitaux.
" La structure est beaucoup plus fonctionnelle qu'une tente. On a du chauffage, la climatisation, du matériel réfrigérant pour stocker certains médicaments. Les conditions sont beaucoup plus proches de celles d'un hôpital."
Melinda Fiorani, infirmière au SAMU 54
Et si nécessaire, ce camion peut se transformer en service d'urgences avec ses 10 postes de réanimation, comme cela a été le cas devant le CHRU de Toulouse aux premières heures de la pandémie. Ce bijou de technologie a été d'ailleurs conçu en 2020 en Haute-Garonne, par le SAMU et la société Cegelec Défense, une entreprise toulousaine spécialisée dans les infrastructures mobiles et fixes.
À l’origine, il devait être utilisé lors de grands événements engendrant des afflux massifs de personnes ou en réponse à des catastrophes susceptibles de saturer les structures de soins locales. ll a finalement été adapté pour aider à faire face à la pandémie de Covid-19.
Déjà installé aux abords des hôpitaux de Bayonne et de Toulouse, c'est désormais au tour du CHRU de Nancy de se doter de cette nouvelle technologie pour un coût de 2,168 millions d'euros. Le dispositif a été totalement financé par un fonds européen grâce à l'appui de la région Grand Est. Les hôpitaux de Reims et de Strasbourg seront bientôt équipés d'un véhicule similaire.