Sept policiers de la Bac de nuit de Nancy ont été condamnés ce vendredi 13 mai 2022 à des peines allant de six à dix-huit mois de prison avec sursis. Ils étaient accusés par plusieurs de leurs collègues de harcèlement moral et d'injures racistes. Le meneur du groupe ne pourra définitivement plus exercer le métier de policier.
Deux mois après leur procès, le tribunal correctionnel de Nancy vient de rendre son délibéré ce vendredi 13 mai 2022 dans l'affaire des policiers de la brigade anticriminalité de nuit, poursuivis pour harcèlement moral et injures racistes non-publiques. Sept des dix prévenus ont été condamnés à des peines allant de six à dix-huit mois de prison avec sursis. Les trois autres sont relaxés.
Les juges ont également prononcé une interdiction définitive d'exercer le métier de policier à l'encontre du meneur du groupe, un brigadier de 43 ans. Les six autres "bacqueux" condamnés sont interdits d'exercer pour des périodes allant de un à cinq ans. Tous devront verser plusieurs milliers d'euros de dommages et intérêts au parties civiles. Ils ont dix jours pour faire appel.
Les bons flics ont gagné à la fin
Me Frédéric Berna, avocat des parties civiles
"Ce sont des peines très sévères et c'est un message fort de la justice : le harcèlement dans l'administration est intolérable et le racisme n'a pas sa place dans la police, a commenté Me Frédéric Berna, l'avocat des parties civiles, qu'il dit soulagées et satisfaites. Les bons flics, qui ont osé parler, ont gagné à la fin et ce jugement incitera peut-être d'autres policiers qui vivent des situations similaires à rompre le silence."
"Ces quelques policiers qui pensent pouvoir s'affranchir des lois républicaines n'ont pas leur place dans la police républicaine, poursuit l'avocat. Il faut couper les branches pourries pour que l'arbre reste sain".
Cette affaire avait fait grand bruit il y a quelques mois. Dix fonctionnaires de la brigade anticriminalité de nuit nancéienne étaient accusés de harcèlement moral et injures racistes non-publiques sur quatre de leurs collègues. Le procès, initialement prévu en septembre dernier, s'était déroulé du 10 au 15 mars 2022 à Nancy.
Un clan au racisme primaire, assumé et décomplexé
François Pérain, procureur de la République de Nancy
Lors de ses réquisitions, le procureur de la République avait qualifié les prévenus de "clan au racisme primaire, assumé et décomplexé". Leur slogan informel était “ni gonzesse, ni bougnoule”. Leur signe distinctif: une tête de loup, tatouée sur l’avant bras de certains, en référence à l’imagerie néonazie. L’enquête menée par l’inspection générale de la police nationale (IGPN), avait décrit un clan de “bacqueux” qui a fait vivre un véritable enfer à leurs collègues.
Entre insultes racistes, xénophobes, misogynes et humiliations, cette “meute” fixait ses propres règles et désobéissait aux ordres. Ceux qui s’y opposaient étaient isolés, on ne leur serrait plus la main, on ne leur adressait plus la parole. Une véritable entreprise de démolition, selon les plaignants, qui a laissé de nombreuses traces.
Suite à l’enquête administrative réalisée par l’IGPN, quatre des fonctionnaires mis en accusation avait été radiés de la police par le Ministère de l'Intérieur. Leur requête auprès du Tribunal administratif avait été rejetée.