La consommation régulière de cannabis ralentit la réponse des cellules à la lumière et perturbe fortement le fonctionnement de la rétine, selon une étude menée par des chercheurs nancéiens qui ont publié leurs résultats préliminaires lundi 12 décembre 2016.
Chez les fumeurs réguliers de cannabis, la rétine fonctionne plus lentement, les cellules ont un temps de réponse plus lent de 10% dans leur fonction consistant à transformer la lumière en un message qui sera ensuite compréhensible par le cerveau.Le Dr Vincent Laprévote, psychiatre spécialiste en addictologie à Nancy est le coordinateur scientifique d'une étude sur l'usage du cannabis dont les résultats préliminaires ont été publiés lundi 12 décembre 2016.
Pour cette étude toujours en cours et qui a notamment été évoquée aux Rencontres de Biarritz en 2015 (voir vidéo ci-dessus), les médecins lorrains ont notamment mesuré les courants électriques échangés entre cellules nerveuses de la rétine pour transmettre le message lumineux.
Mené depuis février 2014 à Nancy, ce travail, une première mondiale, implique 52 personnes, dont 28 consommateurs de cannabis âgés de 22 ans en moyenne et fumant 20 joints par semaine.
Conséquences réversibles ?
Cosignée avec les psychiatres Raymund Schwann et Thomas Schwitzer, l'étude, dont les résultats ont été publiés la semaine dernière dans le journal scientifique américain Jama Ophtalmology (en anglais), a montré que les cellules de la rétine ne sont toutefois pas détruites du fait de l'usage de cannabis.
Les chercheurs cherchent donc à comprendre "si le retard de transmission est permanent, ou réversible après l'arrêt de la consommation", explique M. Laprévote, qui rappelle qu'outre ces troubles, le cannabis peut provoquer les mêmes maladies que le tabac - cancers des poumons, problèmes cardiaques, etc.
Il s'agit aussi désormais de déterminer si "ce retard de neurotransmission se retrouve ou non plus loin dans le traitement de l'information dans le cerveau, notamment dans le cortex visuel, point d'entrée de l'information visuelle dans le cerveau".
Tout en précisant qu'elle ne fournit aucune substance illicite, l'équipe de chercheurs nancéiens est à la recherche de fumeurs réguliers de cannabis pour cette étude toujours en cours, financée par l'Agence nationale de la recherche et la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca).