Pneus usagés : pourquoi les agriculteurs ont tout intérêt à les faire recycler ?

Selon certaines associations de défense de l'environnement, il y aurait entre 400.000 et 600.000 tonnes de pneus dans les champs en France. Consciente des risques de pollution, la Chambre d'agriculture de Meurthe-et-Moselle lance une première collecte du 16 au 31 janvier 2023 pour revaloriser les tonnes de pneus agricoles usagés qui s'accumulent dans les fermes.

Georges Viriat est éleveur de vaches laitières à Remenoville (Meurthe-et-Moselle). Son attelage prend position sur la plateforme de pesée de la Coopérative Agricole Lorraine à Gerbéviller. Dans la benne, pas de céréales, ni de betteraves mais deux tonnes de pneus usagés. Ils servaient à maintenir en place les bâches des ensilages (une méthode de conservation des fourrages destinés à l'alimentation animale).

Depuis cinq ans,  il utilise une solution alternative avec de la paille. Les déchetteries classiques étant réservées aux particuliers, il se retrouve dans son exploitation avec un stock de sept tonnes de pneus sur les bras. 

Ça donne aussi une bonne image de l'agriculture car tout le monde doit faire des efforts

Georges Viriat, éleveur de vaches laitières

La collecte organisée par la Chambre d'agriculture de Meurthe-et-Moselle est l'occasion pour l'éleveur de se débarrasser à moindre coût de cette montagne de déchets : "avec le temps, les pneus se désagrégeaient et l'on retrouvait des corps étrangers dans la nourriture des animaux, ce qui est dangereux. Ça donne aussi une bonne image de l'agriculture car tout le monde doit faire des efforts"

La communauté de communes Meurthe-Mortagne-Moselle compte 120 exploitations agricoles, 57 se sont inscrites pour livrer leurs stocks de pneus. François-Etienne Mercier, secrétaire adjoint à la Chambre d'agriculture 54 supervise l'opération : " aujourd'hui, le monde agricole a hérité de pneus qui sont des déchets de l'automobile et des fabricants de pneumatiques. Ils nous ont servi pendant une époque mais aujourd'hui, ils représentent beaucoup plus d'inconvénients que d'avantages" 

Le pneu coûte très cher à être revalorisé, aux alentours de 280 euros la tonne

Cette collecte est possible grâce au soutien financier d' ENSIVALOR, une structure dédiée au recyclage des pneus d'ensilages. Elle regroupe tous les acteurs de la filière du pneumatique. Car collecter et revaloriser ces déchets coûte très cher, environ 280 € la tonne.

Trop onéreux pour les agriculteurs qui n'avaient d'autre choix que de stocker souvent à l'air libre des tonnes de pneus. Leur lente dégradation due aux intempéries est source de pollution, sans compter les rongeurs qui y élisent domicile et les nurseries idéales qu'elles constituent pour les moustiques. Grâce à ENSIVALOR, sur les 280 €/ tonne, les agriculteurs ne paient que 89 €.

Combustible pour les cimenteries

Avec cette première collecte de l'année, la Chambre d'agriculture 54 espère récupérer d'ici le 31 janvier, 450 tonnes sur la plateforme de Gerbéviller. Une autre collecte est prévue en février sur la Communauté de communes de Mad-et-Moselle pour un volume de 300 tonnes. Le gisement estimé dans le département est de 10.000 tonnes. La Chambre espère en revaloriser la moitié d'ici fin 2024.

La poursuite de ces opérations au delà de cette date est incertaine. Elle dépendra de la reconduction d'ENSIVALOR qui doit être renégocié.

Quant aux pneus récupérés, ils sont retraités par l'entreprise Henry Gilles à Chaudeney-sur-Moselle puis expédiés dans les cimenteries pour servir de combustible.

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