Sylvie Leclerc, 53 ans, a-t-elle voulu se libérer de l'emprise "perverse" et "dominatrice" de son compagnon, lorsqu'elle l'a tué en 2012? C'est la question qu'a commencé à examiner lundi la cour d'assises à Nancy, où les soutiens de l'accusée décrivent une nouvelle affaire Jacqueline Sauvage.
Le compte-rendu d'audience de Jean Baudin et Bruno Courtaux :
©France 3 Lorraine
Un soir de mai 2012, Mme Leclerc a tué son compagnon, Gérard Schahan, un éboueur de 58 ans dont elle partageait la vie depuis 35 ans et dont elle a eu une fille.
Elle l'a abattu d'une balle de fusil tirée à bout portant dans le thorax, tandis qu'il dormait dans le lit conjugal de leur appartement situé en banlieue de Nancy.
"On était au lit, tranquilles Une voix me dit à ce moment-là Sylvie, tu as assez souffert, il faut que ça s'arrête. Et tout s'est enchaîné."
Devant la cour, cette petite femme aux cheveux bruns et courts, vêtue d'un haut bleu à paillettes, un crucifix autour du cou.a tenté de décrire son quotidien : "Il me levait à 3H00 du matin tous les jours. Il me disait +tu ne te sauveras pas!+"
Devant les enquêteurs, elle avait décrit un compagnon "psychopathe" et "possessif", un "dictateur" raciste, qui la contraignait à s'agenouiller devant lui, et lui imposait des rapports sexuels forcés.
Encore aujourd'hui, en prison, "la nuit, il est là, il me surveille. Il me dit +je ne te laisserai pas+", a murmuré Mme Leclerc devant la cour.
"Je voudrais qu'on me soigne. Mais là en prison, personne n'est là pour m'aider", a-t-elle ajouté, d'une voix effondrée, avant que la présidente ne suspende l'audience pour lui permettre de reprendre ses esprits.
La comédienne Eva Darlan, créatrice du comité de soutien à Jacqueline Sauvage, est venue assister lundi à l'ouverture du procès. "Sylvie Leclerc a tué son bourreau", a-t-elle souligné sur Twitter.
"On est tous coupables, on a tous tué le mari de Jacqueline sauvage et le compagnon de Sylvie Leclerc, parce que ces femmes, on ne les a pas entendues, pas écoutées", a-t-elle dit aux journalistes lors d'une suspension d'audience.
Les parties civiles, cependant, s'opposent vivement à tout parallèle entre les affaires Leclerc et Sauvage.
Cette comparaison est "scandaleuse pour la mémoire de Gérard Schahan", a ainsi souligné devant la presse Me Philippe Lyon, qui représente notamment la mère de la victime.
"Non, ce n'est pas le procès des femmes battues, mais le procès d'une femme qui a tué son mari de sang-froid", a renchéri Me Rui Manuel Pereira, qui représente
le frère de Gérard Schahan.
Selon Me Pereira, "c'est la maladie et toute une vie faite de malheur qui l'ont fait passer à l'acte"."Elle était malade et des experts psychiatres ont reconnu qu'elle était atteinte d'une altération du discernement, mais il n'y a aucune trace de violence conjugale dans ce dossier." Me Rui Manuel Pereira
Sylvie Leclerc encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Le verdict est attendu jeudi 24 mars 2016.