La Manufacture des Émaux de Longwy est placée depuis le 19 septembre 2024 en redressement judiciaire. La faïencerie, fondée en 1798, est confrontée à une dette d'un million d'euros. Martin Pietri, actuel propriétaire, espère redonner un second souffle à l'entreprise.
La Manufacture des Émaux de Longwy (Meurthe-et-Moselle) est placée depuis le 19 septembre 2024 en redressement judiciaire. L'emblématique faïencerie, fondée en 1798, emploie 38 salariés. Elle est confrontée à une dette d'un million d'euros. Martin Pietri, fondateur des Manufactures Emblem à Paris, a repris l'activité en 2014. Il a reçu jeudi 26 septembre 2024 nos journalistes Anne-Laure Chery et Lucie Philippot pour faire le point sur la situation de l'entreprise. On vous explique en trois questions.
1 Pourquoi avoir demandé le placement en redressement judiciaire ?
C'est en effet une démarche volontaire. C'est moi-même, avec l'assentiment des salariés qui a demandé le placement en redressement judiciaire pour assurer l'avenir de la manufacture. On a un carnet de commandes conséquent, mais comme nous avons accumulé ces dernières années un passif important, je veux nous redonner de l'oxygène afin de pouvoir construire le futur de la Manufacture. Donc, c'est vraiment une démarche volontaire de notre part.
2 Quelles sont les origines des difficultés que vous rencontrez ?
Il faut dire qu'on n'a pas vraiment été aidés au cours des dix dernières années : les centres-villes occupés par les gilets jaunes, les grèves et le prix des matières premières qui s'envolent avec l'inflation. Le marasme économique fait aussi qu'il y a moins de consommation pour nos produits. Tout cela nous impacte très directement. On nous demande aussi de nous développer à l'international, mais c'est comme courir un marathon avec des boulets aux pieds.
3 Comment envisagez-vous l'avenir ?
Positivement ! Contrairement aux redressements judiciaires précédents, nous avons des commandes. À ce jour, nous avons l'équivalent d'un quart de notre chiffre d'affaires annuel en commandes. Nous avons aussi des projets de collaborations avec des maisons luxe qui existent déjà ou qui sont en train de se développer. Donc, l'avenir est positif. C'est pour ça d'ailleurs que j'ai pris cette initiative de placer l'entreprise en redressement judiciaire. Tous les salariés sont très mobilisés. C'est en faisant cette démarche que nous maîtriserons notre destin.
La chouette, oiseau de bon augure
Pour donner un second souffle à Manufacture des Émaux, Martin Pietri en appelle aussi à la solidarité des Lorrains et plus largement du Grand Est en achetant les pièces fabriquées à Longwy. Les investisseurs locaux sont aussi les bienvenus. Symbole entre-autres de la protection, l'entreprise a créé une petite chouette avec un cœur qui s'appelle "Longwy mon amour". Elle est éditée à mille exemplaires au prix de 150 euros.
L'entreprise est placée en phase d'observation jusqu'au 5 décembre prochain, date de la prochaine audience au tribunal de commerce de Briey.