Refus d’obtempérer d’un homme en cavale à Nancy, comment s’est-il évadé de prison ?

Dans la nuit du vendredi 30 septembre au samedi 1er octobre 2022, un détenu en cavale circulait dans une voiture volée. Après son refus d’obtempérer, un policier aurait été contraint de faire usage de son arme. Comment cet homme s'est évadé de prison ? Entretien avec Fadila Doukhi, secrétaire local FO Justice Pénitentiaire à Nancy.

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Les faits se sont déroulés dans la nuit du vendredi 30 septembre au samedi 1er octobre 2022, sur l’avenue du Maréchal de Lattre de Tassigny à Nancy (Meurthe-et-Moselle). Alors qu’il circule à bord d’un véhicule volé, un homme refuse de s’arrêter à un contrôle de police. Lors de son interpellation, la brigade anti-criminalité de nuit découvre que l’individu est en fait en cavale.  

Selon François Pérain, procureur de la République,"les trois policiers se sont approchés à pied du véhicule. Le conducteur redémarrait sa voiture tout en braquant vers la gauche. Le policier qui se trouvait ainsi devant le véhicule, a fait un pas de côté pour éviter le véhicule et a fait usage de son arme de service. Ni le policier, ni le conducteur n’ont été blessés".

Dans la soirée du dimanche 2 octobre, il a été placé en détention provisoire. Une information judiciaire a été ouverte des chefs de tentative d’homicide, refus d’obtempérer aggravé, conduite sous stupéfiants, conduite sans permis et fourniture d’identité imaginaire.

Que sait-on de l’individu ?

Il a été "incarcéré en janvier 2022 au centre pénitentiaire de Nancy pour des faits de vol avec récidive, délit de fuite, recel. C’est sa cinquième incarcération dans cette prison", explique Fadila Doukhi, secrétaire locale FO Justice Pénitentiaire à Nancy.

"Il a purgé une peine de prison ferme dans ce centre jusqu’à fin août, date à laquelle il a pu bénéficier du régime de semi-liberté au centre de Maxéville. Sa sortie était programmée dans 2 mois." précise Mme Doukhi. 

La semi-liberté, c’est quoi ?

La semi-liberté est un aménagement de peine qui autorise une personne condamnée à quitter temporairement l’établissement pénitentiaire dans lequel elle est incarcérée. C’est une mesure dite alternative à la détention pour préparer la libération des détenus et favoriser leur réinsertion. Afin d’éviter ce que l’on nomme "les sorties sèches", c’est-à-dire des libérations sans projet de réinsertion qui conduisent souvent à la récidive.

Les détenus bénéficiant de cette mesure sont par exemple autorisés à sortir de prison pendant quelques heures "afin d’exercer une activité professionnelle, de suivre un enseignement, une formation professionnelle, ou un emploi temporaire, de rechercher un emploi, de participer de manière essentielle à [leur] vie de famille, de suivre un traitement médical ou de s’investir dans tout autre projet d’insertion ou de réinsertion de nature à prévenir les risques de récidive", comme le précise le site du ministère de l’Intérieur.

Le soir, les détenus doivent retourner dans un centre de semi-liberté ou dans un quartier spécifique de l’établissement où ils sont écroués.

« Il avait toute latitude pour s’évader tranquillement »

Le 28 septembre dernier, le condamné demande au seul agent pénitentiaire présent une autorisation d’accès à la cour du centre de Maxéville pour une promenade. Il y est autorisé aux alentours de midi. Mais cette promenade n’est pas surveillée car il n’y a qu’un seul agent pour surveiller l’ensemble des 40 détenus de ce CSL qui "accueille des hommes adultes mais également des femmes et des mineurs". 

"Il a demandé à aller en promenade à une heure à laquelle l’agent est très occupé avec les autres détenus", affirme Mme Doukhi. "Midi, c’est une heure très chargée pour le seul agent présent chaque jour, car il faut gérer les entrées des détenus de retour du travail ou de formation mais également les sorties. Il avait toute latitude pour s’évader tranquillement", complète la secrétaire locale.

Selon François Pérain, procureur de la République, l'homme âgé d’une trentaine d’années s'est échappé en passant en dessous du grillage de la promenade. Devant le Juge des libertés et de la détention, "il a gardé le silence quant aux faits qui lui sont imputés", a ajouté Mr Pérain.

Un manque de personnel ?

Pour la secrétaire locale FO Justice Pénitentiaire à Nancy, "il n’y a pas assez d’effectifs" au centre de Maxéville. Dans ce CSL, il y a 6 agents au total. Chaque surveillant doit effectuer une vacation de 12h par jour.

"Les autres CSL de France tournent avec plus d'agents en charge des mêmes missions", regrette la secrétaire locale FO Pénitentiaire à Nancy.

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