Suicides chez les forces de l'ordre : les policiers nancéens expriment leur colère

Depuis le début de l'année, plus de 28 policiers se sont suicidés. Dans la nuit du 15 au 16 avril, un policier mettait fin à ses jours avec son arme de service à Metz. Les gardiens de la paix de Nancy se sont réunis, ce vendredi 19 avril, devant l'Hôtel de Police, pour une minute de silence.

Une centaine de policiers s'est retrouvée devant l'Hôtel de Police de Nancy, ce vendredi 19 avril 2019 à 11h30, pour rendre hommage à leurs collègues qui se sont donnés la mort depuis le 1er janvier 2019. L'émotion est palpable. Durant la minute de silence, certains regardent droit devant eux, d'autres cachent leurs larmes en baissant la tête. À la fin, des applaudissements viennent rompre ce silence. 

Ils sont plus de 28 policiers à avoir mis fin à leurs jours depuis le début de l'année 2019. Dans la nuit du 15 au 16 avril, un des leurs s'est suicidé avec son arme de service à son domicile, à Metz. 
 


Christophe Castaner, ministre de l'Intérieur a tenté de dédramatiser cette recrudescence de suicides au sein des forces de l'ordre. "Le suicide dans la police et la gendarmerie ne sera jamais une fatalité" a-t-il indiqué le 12 avril, lors d'une visite d'un hôpital des Gardiens de la Paix à Paris. Il a, par ailleurs, annoncé la mise en place d'une cellule de vigilance pour prévenir les suicides chez les forces de l'ordre. Ce plan permettra aux personnes dans le besoin une écoute téléphonique 24h/24 avec des assistants sociaux, des réunions et des séances de formation pour travailler sur ce sujet et un travail avec des psychologues. 
 
À Nancy, lors du rassemblement qui rendait hommage aux gardiens de la paix qui se sont donné la mort, l'intersyndicale police Nancy a souhaité se faire entendre.

Des suicides liés aux conditions professionnelles ou extra-professionnelles ? 


Pour Olivier Passade, du syndicat Unité SGP Police FO de Meurthe-et-Moselle, "on sait que certains collègues peuvent rencontrer des problèmes extra-professionnels, mais ça permet de dédouaner la hiérarchie des responsabilités". Pour les représentants de l'intersyndical de police de Nancy, les conditions de travail sont l'un des premiers facteurs des causes de suicide des policiers.  

On fait face à une hécatombe
- Karine Vandionant, déléguée adjointe du syndicat Alliance Police Nationale -

En 2018, 35 policiers se sont donnés la mort. En avril 2019, ils sont 28. "On fait face à une hécatombe" explique Karine Vandionant, déléguée adjointe du syndicat Alliance Police Nationale. Dans les rangs, les représentants des syndicats de Nancy déplorent tous le manque de moyens humain et matériel. "La police est malade. Il est grand temps de panser ses blessures. Le plus gros des chantiers est de renouveller nos effectifs au niveau national. On ne peut plus répondre correctement aux missions qui nous sont confiées" indique Karine Vandionant. 
 



Selon les policiers, les mesures appliquées par les hautes instances, après le suicide d'un gardien de la paix, ne répondent pas aux vrais problèmes. "Il faut s'intéresser au malaise. De tous les plans et les cellules mises en place par le gouvernement on traite les conséquences, pas les causes" déplore Cyril Baudesson, secrétaire du syndicat Alternative Police

Les policiers dénoncent un sous-effectif, mais également un surménage, qui jouerait énormément sur le moral de ceux-ci. "Il faut que les policiers retrouvent un rythme de vie normal et régulier" explique Olivier Passade. 

Les suicides des policiers ne cessent de croître. Hier encore, une policière de Montpellier a été retrouvée sans vie à son domicile. Elle s'est donnée la mort avec son arme de service. Un policier se suicide tous les quatre jours... 
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