La mini e.cigarette pré-remplie, jetable après 600 bouffées, aux arômes parfumés fait un tabac chez les adolescents. Pour le professeur nancéien Yves Martinet, président du comité national contre le tabagisme, cette nouvelle offre électronique est "dégueulasse" de la conception jusqu’à la vente du produit.
Tous attendent 14h et leur prochaine heure de cours, devant les grilles du lycée Jeanne d’Arc de Nancy, un établissement situé en plein centre ville. Eux sont en classe de seconde, cigarette au bec pour la plupart d’entre eux. Tous connaissent évidemment la puff, cette nouvelle e.cigarette pré-chargée en nicotine, au goût parfumé, avec 600 bouffées, débarquées sur le marché français, il y a moins d’un mois et promue par des influenceurs sur le réseau social TikTok.
Tous l’ont essayé au moins une fois, fumeurs ou non fumeurs.
"J’ai essayé pour voir. Les parfums sont sympas, mais je préfère encore me rouler des cigarettes, ça revient moins cher", m’explique Mathilde qui reconnaît une déferlante Puff au lycée, depuis un mois. "On ne voit que ça, même des non fumeurs ont testé pour voir également ce que c’était, avec le risque du coup de devenir accro, tout ça parce que c’est nouveau" ajoute la lycéenne.
Luc est non fumeur. Lui aussi a essayé la Puff, pour voir. Mais aussi, parce que tout le monde en avait au lycée.
A 7,90 euros, je me suis dit pourquoi pas ? j’ai pas aimé, je ne l’ai même pas terminée, je l’ai donnée à des copines.
Luc, élève en seconde au Lycée Jeanne d'Arc
Un peu plus loin sur le trottoir, Oscar vapote, une cigarette électronique somme toute classique, à la main. Lui aussi a testé la puff. "Moi je tourne autour de 10.500 taffes par semaine, la puff, elle me dure une heure max avec 600 taffes. Vous imaginez ce que ça me couterait par semaine ?"
Séduire les jeunes
Une nouvelle offre électronique mise sur le marché par les industriels du tabac et qui fait bondir Yves Martinet, le Président nancéien du Comité National contre le Tabagisme.
C’est encore une nouvelle porte d’entrée dans l’addiction à la nicotine.
Yves Martinet, Président du Comité National contre le tabagisme
"Ce que veut l’industrie du tabac, c’est séduire les jeunes. Les parfums ceci ou cela, dans la cigarette électronique, c’est pour attirer les jeunes : l’objectif est uniquement là et après, la nicotine sera là pour les fidéliser, c’est purement du business et c’est détestable" s’insurge le pneumologue.
Dans ce bureau de tabac situé près d’un centre commercial du centre ville de Nancy, les Puffs sont rangées dans une vitrine bien spécifique, un peu comme des stylos dans leur boîte d’emballage au couleur flashy selon les parfums proposés. Environ une quinzaine. Et pour le vendeur, c’est en ce moment le produit le plus acheté par les clients. "Il n’y a pas que les jeunes qui achètent, ça touche aujourd’hui tout le monde", me raconte ce vendeur entre deux clients.
Des e.cigarettes qui sont normalement interdites à la vente aux mineurs.
"Tous les buralistes comme les vendeurs de e.cigarettes ne respectent pas la loi : leur tiroir caisse se remplit avec des adolescents qui vont devenir addicts à la nicotine et qui deviendront des adultes consommateurs de tabac" explique Yves Martinet.
C’est dégueulasse, depuis la conception du produit jusqu’à sa vente. Il ne faut surtout pas se faire enfumer par cette puff, ce n’est que du business pour vous faire devenir accro à la nicotine
Yves Martinet
L’OMS s’est par ailleurs alarmée dans un rapport publié en juillet 2021, de la cible que sont les jeunes pour ces fabricants de produits aux arômes alléchants. 32 pays ont interdit la vente de ces cigarettes électroniques, 79 en ont interdit la publicité mais pas la vente. 84 pays autorisent en revanche en toute légalité, la vente de ces produits. Le tabagisme tue huit millions de personnes par an, dans le monde.