Ils s’appellent Michel, Danielle ou Eugène. Des dizaines de retraités se sont rejoints ce mardi 26 mars 2024 à Nancy, comme dans plusieurs villes françaises, pour manifester pour de meilleures conditions de vie et contre la réforme des retraites.
La précarité et l'inflation touchent de plein fouet les plus âgés. Mardi 26 mars 2024, des manifestations se sont tenues dans plusieurs villes de l'Hexagone, suite à un appel national lancé par neuf syndicats et associations de retraités. À Nancy (Meurthe-et-Moselle), des dizaines de retraités ont déambulé dans le centre-ville pour contester la baisse du pouvoir d'achat et la réforme des retraites. Voici leur témoignage.
Danielle, 78 ans : "Sans argent, on nous oblige à être de plus en plus isolés"
Danielle Valence, 78 ans, est retraitée de la fonction publique. Comme beaucoup de femmes, elle touche une retraite très modeste, après des pauses dans sa carrière pour s’occuper de ses enfants.
“J’ai commencé à travailler à l’âge de 17 ans mais je touche moins de 1000 euros de retraite par mois. J’ai stoppé ma carrière durant dix ans pour élever mes enfants puis j’ai travaillé à temps partiel jusqu’à mes 60 ans. Mon mari a une retraite plus élevée que la mienne, donc grâce à lui, je vis plus correctement que si j’étais seule, mais nous surveillons nos dépenses, surtout depuis l’inflation. Adieu les loisirs, aujourd’hui, on doit faire attention à tout ce qu’on fait même si on a une retraite correcte. La vie augmente mais nos retraites n’augmentent pas. Sans argent, on nous oblige à être de plus en plus isolés et à souffrir de la solitude”, déplore cette habitante de Vandœuvre-lès-Nancy.
Michel, 71 ans : “Ma femme ne touche que 980 euros de retraite, elle a pourtant travaillé pendant 44 ans"
Michel Mangeot, 71 ans, est retraité de l’industrie. Cet ancien ouvrier, qui a travaillé sans arrêt de ses 18 à ses 60 ans, vit avec 2000 euros de retraite. Sa femme, elle, touche moins de la moitié de cette somme.
“Ma femme ne touche que 980 euros de retraite, elle a pourtant travaillé pendant 44 ans, d’abord à La Poste puis comme agent territorial spécialisé des écoles maternelles. Avec environ 3000 euros à nous deux, c’est grosso modo comme si nous touchions chacun le Smic. On doit faire attention, on va très peu au restaurant, les loisirs sont plus rares. Nous ne sommes pas les plus à plaindre évidemment, mais nous manifestons aussi par solidarité. Nous côtoyons beaucoup de personnes qui sont dans une grande précarité. Il faut s’adapter à la hausse de l’électricité, des frais de santé, de l'alimentation, alors que nos retraites n’augmentent pas”, explique le Nancéien.
Eugène, 75 ans : "On ne touche jamais aux plus puissants"
Eugène Gérard, 75 ans, est retraité des douanes et responsable de l’Union Fédérale des retraités des Finances de Lorraine. Cet ancien douanier a travaillé durant 40 ans et touche une retraite de 2200 euros, contre 1500 euros pour sa femme.
“On s’en sort mais nous sommes solidaires de ceux qui ne s'en sortent pas. Certains retraités touchent 800 euros par mois, leur pension de retraite n’augmente pas alors que tout augmente. Les nouvelles générations vont partir à la retraite de plus en plus tard mais vont-ils pouvoir profiter de ces années ou seront-ils trop vieux et malades pour ça ? Quel sera leur niveau de retraite ? On vit de moins en moins bien et ce sont les toujours plus pauvres qui en payent le prix. On ne touche jamais aux plus puissants, on ne fait rien pour l’égalité. Il faut plus de justice fiscale au lieu de faire trinquer les plus faibles”, martèle le retraité.
Ce rassemblement du mardi 26 mars 2024 fait suite à celui du 24 octobre dernier. En France, 700.000 personnes vivent avec le “minimum vieillesse”, rebaptisé “allocation de solidarité aux personnes âgées” (Aspa). Ce montant équivaut à 1012,02 euros par mois pour une personne seule.