Des étudiants de l’ENSEM de Vandœuvre-lès-Nancy en Meurthe-et-Moselle sont sélectionnés, avec un véhicule à hydrogène, pour la finale mondiale de l’Eco-Marathon Shell, en Inde, en octobre prochain.
Ce n’est pas peu dire que les étudiants de l'Ecole Nationale Supérieure d'Electricité et de Mécanique (ENSEM) de Vandoeuvre-lès-Nancy sont fiers et enthousiastes à l’idée de participer en octobre prochain en Inde à la grande finale mondiale de l’Eco-Marathon Shell. Le véhicule est parti de Nancy, en Meurthe-et-Moselle, le 18 juillet 2023, en camion pour rejoindre un bateau. "L’expédition se fait par la mer pour l’empreinte carbone, mais aussi parce que transporter du lithium, c’est dangereux", nous explique Léo-Paul Carré, 20 ans, président de l’association étudiant ENSEM Eco-Marathon.
l’Eco-Marathon est une compétition entre écoles d’ingénieurs du monde. L’objectif est de concevoir, construire et conduire les véhicules les plus performants, tout en étant les plus économes en énergie.
C’est la première fois en 25 ans que l’équipe de l’école se qualifie pour cette finale. Pour y parvenir, les étudiants ont travaillé d’arrache-pied. Léo-Paul nous raconte : "cela fait huit ans que c’est le même véhicule pour l’école. La structure, faite maison, est en fibres de carbone. Elle se déforme avec le temps. Il a été bricolé avec des matériaux de récup au départ.
On a eu beaucoup de pannes cette année. On a beaucoup travaillé à sa restauration. Après s’être qualifié pour la finale en Inde, on a redoublé d’efforts. On a changé les roulements. On a aussi changé les batteries auxiliaires. Le moteur est alimenté avec de l’hydrogène. La petite électronique est alimentée avec une batterie au lithium."
Pour se qualifier à cette finale, l’équipe a aussi bénéficié d’un petit coup de pouce du sort. Avec une 4ᵉ place, le véhicule ne pouvait pas participer. Mais le désistement d’une équipe en a décidé autrement, leur ouvrant la voie à la finale à Bangalore en Inde.
Véhicule à hydrogène
Le véhicule des élèves de l’ENSEM est le 604. Il est monoplace. Il pèse 116 kilos. Il fait trois mètres de long pour un mètre de haut. Il fonctionne à l’hydrogène, une particularité, qui a ses avantages et ses inconvénients. "Nous sommes la seule équipe d’Europe qui roule à l’hydrogène pour la finale. Il y a aussi une équipe asiatique. Nous avons prouvé qu’on avait des performances équivalentes à celles des véhicules thermiques et à celles des véhicules électriques."
Pour ce projet, les étudiants ont travaillé avec des scientifiques du LEMTA, un laboratoire de l’université de Lorraine, qui est dans les mêmes murs de l'ENSEM. "On est en contact avec les chercheurs du LEMTA. On peut bénéficier de leur savoir et de leur expérience. L'hydrogène est dangereux. C’est important d’être accompagné par des experts. J’ai pu découvrir comment fonctionne une pile à combustible, comment la caractériser, quel est son rendement, etc. Cela permet vraiment d’appréhender cette technologie."
Une aventure exceptionnelle
Quoi qu’il arrive à cette finale, c’est une aventure exceptionnelle que vivent les étudiants de l’association de l’ENSEM. Pour le stage en entreprise, l’école a accepté que l’association prenne Léo-Paul comme stagiaire pendant cinq semaines. Ce qui lui a permis de consacrer tout ce temps à préparer la finale en commençant par le transport. "J’ai travaillé sur le transport de matières dangereuses, du lithium, par voie maritime. Je ne suis pas un expert. Les compagnies ont des services spécialisés. C’était un véritable défi logistique. Nous avons dû acheter une caisse sur mesure pour mettre le véhicule."
Le transport est pris en charge par les organisateurs. Cette compétition donne une visibilité à l’école. Mais elle permet aussi aux étudiants de se dépasser. "Ce projet oblige les élèves, ingénieurs à sortir du papier pour avoir des applications sur un système concret. Cela permet aussi d’aborder le comportement des technologies liées à l’hydrogène, comme la pile à combustible. Une notion que l’on voit très peu en école d’ingénieurs en général. Alors que c’est un véritable enjeu pour la transition énergétique. On se pose des questions. On travaille à la conception et à la réalisation en équipe. Cela permet aussi de participer à une compétition internationale."
La grande finale
Les étudiants de l’association de l’ENSEM sont confiants. Ils ont travaillé sur un simulateur qui leur donne les informations sur leur consommation d’énergie et leur capacité à aller le plus loin possible avec le moins d'énergie possible. Les concurrents sont peu nombreux dans la catégorie "hydrogène" ce qui leur laisse de bonnes chances de passer les deux dernières épreuves en Inde. Ils ont un autre atout : le pilote. C’est Emile Menguy. Il répond aux critères physiques, car l’habitacle est étroit. "On a pu voir des trésors de pilotage de la part d'Émile avec le simulateur. Avec cet outil, on a pu déduire la consommation des accélérations en fonction des virages, de la route et du dénivelé.
On va essayer de consommer le moins possible d’énergie pour avoir une place pour la vraie compétition, c’est-à-dire la course contre-la-montre, la seconde et dernière épreuve. Ce sera la grande finale internationale pour laquelle on doit se qualifier."
Pour la totalité de l’association, soit 40 personnes comme pour l’école, il faut maintenant compter les jours jusqu’au 12 octobre.