Violences conjugales : depuis deux ans il est possible de porter plainte au CHRU de Nancy, "la parole se libère"

Déposer plainte pour violences intrafamiliales sera possible dans tous les hôpitaux de France en 2025. C'est déjà le cas au CHRU de Nancy depuis 2022. Un dispositif spécifique a été mis en place pour les victimes, des femmes qui osent de plus en plus parler à défaut de porter plainte.

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Ce 25 novembre 2024, journée de lutte contre les violences faites aux femmes, les annonces de nouveaux dispositifs se multiplient. Le premier ministre a ainsi annoncé la généralisation de la possibilité de porter plainte pour violences conjugales dans tous les hôpitaux de France. Une disposition qui existait déjà dans certains d'entre eux. C'est le cas au CHRU de Nancy depuis février 2022.

La plainte n'est pas devenue un automatisme. Ce qu'on remarque par contre c'est que ces victimes acceptent d'être suivies

Alain Bouchard, en charge du dispositif de violences intrafamiliales au CHRU de Nancy

Une femme victime de violences conjugales et intrafamiliales peut donc porter plainte si les équipes soignantes détectent des violences ou si la victime se confie à eux. Alain Bouchard, chargé de projet sur la prise en charge des violences intra familiales au CRHU de Nancy nous explique la procédure spécifique mise en place.

"Il y a deux cas de figure :

  • Si les violences viennent de se produire et si la victime est d'accord, les forces de l'ordre se déplacent au CHRU pour recueillir la plainte en présence de l'assistante sociale qui est dédiée à la prise en charge des victimes. 
  • Si les violences sont plus anciennes et qu'il n'y a pas de danger immédiat pour la personne, un juriste de l'association France Victime 54 fait un dépôt de plainte simplifié qu'il va transmettre au parquet, toujours en présence de l'assistante sociale".

Ce protocole a été mis en place en 2022 entre le CHRU de Nancy, la préfecture, le parquet et les forces de l'ordre, en plus d'un partenariat renforcé avec l'association France Victime 54. L'Agence Régionale de Santé a créé un poste d'assistante sociale et devant l'ampleur de la tâche un deuxième poste va être ouvert.

Plus d'accompagnement pour les victimes

Cette année, 152 femmes et deux hommes ont été pris en charge pour des violences interfamiliales au CHRU de Nancy. Seulement six d'entre eux ont porté plainte à l'hôpital, mais six autres ont porté plainte après.

"La plainte n'est pas devenue un automatisme loin de là. Ce qu'on remarque par contre c'est qu'une majorité de ces victimes acceptent d'être rappelées, c’est-à-dire d'être suivies. Pour les plaintes elles peuvent intervenir après car il y a tout un processus assez long de prise de conscience de ces violences. Ces femmes sont souvent sous emprise, elles ont peur, elles ont honte aussi, elles ne sont pas prêtes à porter plainte immédiatement" nous explique Alain Bouchard.

Le protocole inclut aussi un suivi en dehors de l'hôpital avec la juriste de l'association France Victime 54 pour les questions de droits et via un accompagnement psychologique essentiel pour se reconstruire.

Tous les services concernés

Si la plupart des victimes de violences viennent aux urgences, toutes les consultations proposées par le CHRU peuvent être l'occasion d'une prise de parole. Ainsi cette femme venue en consultation avec un anesthésiste pour une opération sur son enfant. Pendant la consultation elle s'effondre et raconte que son mari la frappe continuellement. Le spécialiste a alors appelé le service d'aide en interne. Cette femme a pu être entendue, mise à l'abri et accompagnée.

La prise en charge va donc au-delà de la plainte. "Généraliser la possibilité de déposer plainte à l'hôpital pourquoi pas mais ça ne suffit pas, il faut toujours l'accompagnement en plus" précise ainsi le cadre de santé Alain Bouchard.

Les femmes seniors violentées

Le service dédié aux violences a eu la surprise de voir arriver des femmes de plus de 65 ans. La doyenne avait même 82 ans... C'est à la fois le trop-plein de coups, la vague me too et les prises de paroles de femmes qui ont vécu le même enfer, qui les décident à parler. "On s'attendait à voir plus de jeunes, mais la violence concerne malheureusement toutes les femmes et nous avons aussi reçu des jeunes femmes de moins de 25 ans. Elles commencent leur vie affective et elles tombent sur des hommes violents" se désole le chargé de projet.

En dehors de l'hôpital, les victimes de violences interfamiliales peuvent toujours appeler le 3919 pour être écoutées et aiguillées pour être aidées.

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