Deux députés écologistes se sont rendus à Bure ce jeudi 1ᵉʳ février 2024. François Thiollet et Julie Laernoes ont visité Cigéo, futur centre d'enfouissement des déchets nucléaires les plus dangereux et rencontré des élus et la population.
Deux députés écologistes se sont rendus à Bure (Meuse) jeudi 1ᵉʳ février 2024. Le député européen François Thiollet et Julie Laernoes, élue de Loire-Atlantique, ont visité avec les représentants de la Commission Énergie du parti Les Écologistes EEVL, le laboratoire Cigéo, futur centre d'enfouissement des déchets nucléaires les plus dangereux, géré par l'ANDRA.
Les deux élus écologistes ont aussi rencontré les opposants au projet Cigéo et des élus locaux. Ils ont réaffirmé, au cours d'une réunion publique qui s'est tenue à la salle des fêtes de Mandres-en-Barrois (Meuse), l'opposition d'EELV à la politique de relance du nucléaire voulu par le Président de la République.
Julie Laernoes a fait partie en 2023 de la commission d'enquête visant à établir les raisons de la perte de souveraineté et d'indépendance énergétique de la France.
Elle déplore l'absence de véritable débat démocratique sur un sujet aussi grave : "on observe une relance qui ne passe pas par le Parlement. Elle est annoncée au sommet de l'État. On voit aujourd'hui, avec le nouveau gouvernement, que les questions cruciales du climat et de l'énergie ont complètement disparu".Manque d'anticipation
Cette relance du nucléaire sans réel débat ni anticipation voulue par le Gouvernement entraîne pour les deux parlementaires une cascade de problèmes à venir.
Cigéo est calibré pour accueillir les déchets déjà produits. Avec de nouvelles centrales, de nouveau volumes devront être stockés : "j'ai pu auditionner le président actuel de l'ASN (Agence de sûreté nucléaire). À La Hague [usine de retraitement où sont aujourd'hui stockés les déchets nucléaires, NDLR.], les piscines débordent. Pourtant, l'État n'a rien anticipé. On continue à produire des déchets. La saturation des sites et les chiffres que nous a montré l'ANDRA, ne prennent absolument pas en compte la relance du nucléaire".
Le député européen François Thiollet pointe le coût de Cigéo, évalué dans la loi de 2016 à 25 milliards d'euros puis réévaluer à 35 milliards par la Cour des comptes : "un chiffre nous a marqué, c'est celui du coût de traitement des déchets de haute activité : c'est, 350 000 euros le mètre cube. Et on continue à nous raconter que l'énergie nucléaire, ça ne coûte rien".
On noie les élus sous les subventions pour empêcher toute forme d'opposition à ce Cigéo
François Thiollet, député européen Les Écologistes EEVL
L'échange avec les élus et les associations a porté aussi sur la question de l'acceptabilité sociale du projet Cigéo. La politique "Bulldozer" de l'ANDRA a été dénoncée par les deux parlementaires : "C'est la politique du pied dans la porte. En 1994, on a dit aux habitants de signer pour un laboratoire et puis au fur et à mesure, c'est un laboratoire qui va évoluer vers tout à fait autre chose. Il y a la répression des opposants et on voit aussi comment on noie les élus sous les subventions pour empêcher toute forme d'opposition à Cigéo".
Pour l'anecdote, François Thiollet avait pu prendre sur le terrain la mesure de la détermination des opposants et celle, musclée, de l'État. Il a participé le 16 juillet 2016 à la reprise du bois Lejuc à Mandres-en-Barrois par cinq cents manifestants anti-Cigéo [l'ANDRA prévoit de raser la forêt qui fût longtemps une ZAD pour installer une plateforme technique. NDLR.]
Pour les deux députés écologistes, la relance du nucléaire est une impasse, car elle va à rebours de l'histoire et du bon sens. Ils défendent une politique basée sur le développement des énergies renouvelables et la sobriété énergétique.