Nucléaire. Un concours de courts-métrages pour l'agence de gestion des déchets radioactifs : le malaise

Chaque année, l'Andra organise un concours audiovisuel sur le thème du traitement des déchets radioactifs. A la clé, un prix de 2.000 euros. Il fallait bien ça, et la promesse d'entrer dans le monde de la réalisation, pour trouver un moyen de parler aux jeunes de cette question anxiogène.

C'est la sixième année que l'Agence Nationale pour la gestion des Déchets RAdioactifs (ANDRA), organise son concours audiovisuel, "Regards sur les déchets radioactifs".

Destiné aux "jeunes vidéastes", même s'il n'y a pas de limite d'âge pour participer, ce concours les invite à soumettre le scénario d'un court-métrage autour du traitement des déchets issus de l'industrie nucléaire.
 
"Et après ?" d’Antoine Rodriguez, lauréat 2018

Selon l'agence, il s'agit de "nourrir le débat" sur un "sujet de société qui interroge la question du temps long et de la responsabilité intergénérationnelle". D'ailleurs, sur la page internet du concours, l'agence prend soin de préciser qu'il "ne s'agit en aucun cas d'un film publicitaire ou d'une commande institutionnelle".

« Comment prendre nos responsabilités aujourd’hui pour demain ? » « Comment parler d’un sujet qui fait peur ? » « Comment transmettre des informations aux générations futures ? »
- Dans son communiqué, l'Andra suggère plusieurs questions / angles aux candidats -


Mais, en regardant les courts-métrages lauréats des éditions précédentes, difficile de ne pas imaginer que ces vidéos, dont la production a été financée par l'agence, servent à l'Andra à expliquer son rôle aux jeunes. Ou du moins, qu'elles soient une tentative pour le faire.
 

Distopie, Histoire d'amour …. Et traitement des déchets radioactifs

Le type de récit, le ton, le scénario…. Les courts-métrages gagnants couvrent une large variété de formats.

De l'histoire d'amour impossible entre deux jeunes adultes dans un centre de stockage des déchets radioactifs (28,78 ans, lauréat 2017), à la distopie où l'Etat impose à chaque citoyen de stocker chez lui ces déchet (Et après ? lauréat 2018), les productions récompensées ont recours à des types de récits très en vogue auprès du public des adolescents et des jeunes adultes.

"28, 78 ans", de Sarah Vaillant et Carol-Anne Grosbois-Claveau, lauréates 2017
Ainsi, en 2015, c'est un documentaire, La solution Radiochat qui s'est attiré les faveurs du jury. A l'époque, les "mockumentaries", des fictions qui reprenaient les codes des documentaires, remportaient un franc succès.

La solution radiochat, de Benjamin Huguet, lauréat 2015
La solution Radiochat raconte le scénario improbable imaginé par deux sémiologues pour créer un message d'avertissement sur la toxicité des déchets nucléaires qui puisse durer plus de 10.000 ans : imaginer modifier le code génétique des chats, pour qu'ils deviennent fluorescents en présence d'une radioactivité excessive.
 

Que faire de nos déchets radioactifs ?

De ce documentaire aux allures de production du magazine Vice, à Pierre et le tigre, lauréat 2013 et son récit au ton léger et humoristique en trois minutes, le concours semble en effet, comme annoncé sur son site internet, "Laiss[er] parler [l']imagination !" des candidats.

"Pierre et le tigre", de Béranger Thouin, lauréat 2013
Et pourtant, un point commun se dégage des productions lauréates, une sorte de morale, irrémédiablement présente : les déchets radioactifs existent et il est essentiel de prendre en charge leur gestion. Autrement dit : nous devrions être tous très heureux que l'Andra soit là.

D'ailleurs, après avoir mis en scène une discussion entre trois vingtenaires sur la gestion des déchets, Pierre et le Tigre, s'achève sur un encart "peut-être qu'il vaudrait mieux continuer la discussion maintenant". Un message aux allures de slogan publicitaire.
 
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