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DOCUMENTAIRE. Françoise d’Eaubonne, femme révolutionnaire et mère de la pensée écoféministe

Françoise d’Eaubonne, une épopée écoféministe

Les concepts de féminisme et d’écologie vous sont très probablement familiers. Mais connaissez-vous l’écoféminisme ? Il y a plus de cinquante ans, la femme de lettres Françoise d’Eaubonne a théorisé ce concept. Elle s’est engagée corps et âme dans cette lutte contre le patriarcat pour un monde plus respectueux des femmes et de la planète.

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Longtemps négligée par les historiens et inconnue du grand public, l’écrivaine Françoise d’Eaubonne était pourtant une militante précurseure de l’écoféminisme des années 1970. Engagée en faveur de l’écologie, du communisme et de la dénucléarisation ainsi que pour les droits des femmes, des homosexuels et des prisonniers, cette femme était sur tous les fronts. Décédée en 2005, elle revient désormais sur le devant de la scène grâce à ses idées visionnaires au cœur des préoccupations actuelles.

Voici trois bonnes raisons de regarder "Françoise d’Eaubonne, une épopée écoféministe" de Manon Aubel en replay ci-dessus.

1. Parce que c’est une femme visionnaire et inspirante

Première française à avoir conceptualisé le lien entre écologie et patriarcat, Françoise d’Eaubonne est une femme que beaucoup admirent. Arborant de longues couettes, son fils Vincent se nourrit encore des écrits de sa mère et veut faire vivre sa pensée. "Je me pose beaucoup de questions sur la question de genre, sur ce qui m’a fait homme," explique-t-il songeur.

Alain Lezongar, compagnon de luttes et fils adoptif de Françoise, a lui été séduit par son essai "Le féminisme ou la mort" publié en 1974 par Femmes en Mouvement où apparaît pour la première fois le terme d’écoféminisme. Rêveur et ému, Alain se remémore, le livre à la main, qu’ "elle mettait des mots et des théories sur des choses qu’[il] ressentait et auxquelles [il] n’avait jamais réellement réfléchies." Dans ce livre, Françoise d’Eaubonne "fait le lien entre la violence des hommes sur les femmes, la violence des hétéros sur les homos, la violence des hommes envers la nature, ce qu'elle appelait la domination, le pouvoir."

De son côté, Élise Thiébaut, autrice, a réalisé une biographie de Françoise d’Eaubonne car "Françoise d’Eaubonne avait vu et annoncé des choses qu’on ne lui reconnaissait pas. Le moment était venu d’être reconnue pour ce qu’elle a fait," raconte-t-elle admirative.

2. Pour en savoir plus sur la vie intime d’une femme publique

Plus connue pour ses histoires de luttes que pour ses choix de vie, Françoise d’Eaubonne avait une vie privée qui n’en reste pas moins singulière. Qui était-elle réellement ? Difficile tâche que de séparer la femme de la militante tant sa vie a été entremêlée à ses travaux.

Mes enfants sont les seuls à pouvoir me reprocher les choix que j’ai faits et je les accepte.

Françoise d’Eaubonne

Résolument non-conformiste, Françoise d’Eaubonne a toujours affirmé fermement : "mes enfants sont les seuls à pouvoir me reprocher les choix que j’ai faits et je les accepte." En effet, Françoise d’Eaubonne n’élèvera pas ses enfants. Sa sœur et son beau-frère le feront. Pour Élise Thiébaut, "elle n’est pas faite pour être mère." Mais plus encore, Françoise d’Eaubonne rejette le modèle traditionnel de la famille : "Je suis arrivée à l’idée que maintenant, la famille est quelque chose de totalement dépassé et qui doit disparaître." 

Son petit-fils, David Dufresne, se souvient, amusé, que "c’était une grand-mère bizarre." "Je me suis totalement désintéressé de ma grand-mère, car elle s’est totalement désintéressée de ses enfants et de ses petits-enfants," raconte-t-il, impassible. Même s’il n’oublie pas d’ajouter : "ça n’enlève rien à son œuvre, aux mots qu’elle a inventés – phallocratie, écoféminisme – mais sur la question intime, ce n'était pas ça." Il est d'ailleurs fier de cet héritage qu'il continue à faire vivre en réalisant des films et en écrivant des livres dans lesquels il réfléchit à la "violence au sein d'un État de droit".

Sur le plan des relations amoureuses, Françoise d’Eaubonne sort également du lot. Avec une soif de liberté profonde, elle cofonde en 1971 le Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire (FHAR). Par des actions de soulèvements, le mouvement donne pour la première fois de la visibilité aux personnes gays et lesbiennes dans un monde où l’homosexualité est encore considérée comme une perversion.

"C’est un acte fondateur du mouvement homosexuel en France," explique Caroline Goldblum, historienne. Le ton est donné. C’est à partir de ce moment-là "qu’elle décide de sortir de l’hétérosexualité en ayant uniquement pour amant des hommes bisexuels plus jeunes qu’elle," confie Élise Thiebaut. 

3. Parce que ses propos sont toujours d’actualité

Aujourd’hui, avec l'urgence climatique et sociétale, Françoise d’Eaubonne fait l’objet d’une attention renouvelée. Remarquée par Colette, et amie de Simone de Beauvoir, l’écoféministe commence à l’être à son tour. Ses idées sont de plus en plus prises en comptes, car elles trouvent des résonances dans notre société actuelle. Selon son petit-fils, attristé, "on se dit que les idées des années 1970 n’ont pas trouvé de réponses aujourd’hui."

On se dit que les idées des années 1970 n’ont pas trouvé de réponses aujourd’hui.

David Dufresne, petit-fils de Françoise d’Eaubonne

Militante écologiste et antinucléaire, elle n’hésite pas à prendre les armes. En 1975, des bombes artisanales explosent sur le chantier de la centrale nucléaire de Fessenheim dans le Haut-Rhin. Conséquence : la construction est retardée de plusieurs mois. C’est l’œuvre de Françoise d’Eaubonne et de deux amis. Elle pose même fièrement à côté des explosifs devant l’appareil photo.

Pour elle, il s’agit d’un acte de résistance, comme le répète Alain, son fils adoptif. Et face aux accusations de terrorisme, elle répond, agacée, qu’il s’agit de contre-violence. Car "il n’y a pas d’autres solutions que la violence politique des femmes pour sortir du patriarcat," rappelle Élise Thiébaut.

Comme un écho retentissant, ces actes nous ramènent aux manifestations contre le projet Cigéo d’enfouissement des déchets nucléaires à Bure, commune de Meuse. Les combats d’hier semblent finalement toujours être ceux d’aujourd’hui. 

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