Grand Est: pourquoi les suppressions de postes à l'Office national des forêts inquiètent les communes forestières

Le 10 juin 2021 le gouvernement annonce la suppression de 475 postes à l'Office national des forêts dans les 5 prochaines années. La direction de l'établissement public assure que ces départs seront naturels. Pas de quoi calmer les inquiétudes des agents et des communes forestières.

Le 10 juin, les ministères de tutelle annoncent pour les 5 prochaines années la suppression de 475 postes à l'Office national des forêts. Ce seront des départs naturels assure la direction. L’intersyndicale déplore une nouvelle saignée dans les effectifs et une nouvelle dégradation des conditions de travail pour les agents. De leur côté, les communes forestières refusent d’augmenter leur contribution pour combler le déficit structurel de l’Office. C’est à l’Etat d’assurer le budget de son fonctionnement. Avec 60% de forêts publiques, le Grand Est sera touché par cette politique d’économies.

Après les attaques des parasites, le dépérissement des forêts du Grand Est va-t-il s’accélérer à cause des économies drastiques imposées à l’ONF dans le contrat de plan qui le lie à l’Etat ? C’est ce que craint Frédéric Bedel le secrétaire régional-adjoint du Snupfen Solidaires.

Nous sommes atterrés

Alors que les rapports se sont succédés ces dernières années pour démontrer la nécessité de maintenir les effectifs sur le terrain, voire de les augmenter pour préserver la forêt, c’est l’inverse qui est décidé. « Le code forestier est un code de protection de la forêt. Il est devenu un code d’exploitation à outrance des bois. Nous sommes atterrés par cette gestion quantitative. Avec les associations SOS Forêt et Canopée, nous réclamons 1 milliard pris sur le plan de relance pour refinancer l’ONF »

Confronté à un déficit structurel depuis de nombreuses années, l'Office national des forêts cherche des économies partout où cela est possible. Ce déficit est aggravé par la chute des prix des bois déclassés à cause des attaques des parasites. Les hêtres, les frênes, les résineux, sont en voie de dépérissement avancés.

Qui accepterait de payer plus cher pour moins de service ? 

Avec 60% de forêts publiques, le Grand Est est concerné par cette nouvelle saignée dans les effectifs. Les communes forestières sont vent debout contre l’augmentation de leur contribution au budget de l’ONF. Tirant une bonne part de leurs ressources grâce à la vente du bois, elles subissent de plein fouet la baisse des prix, à l’exemple de Lavallée dans la Meuse. Michel Moreau, maire de la commune et vice-président de l’Union régionale des Communes forestières de Lorraine s’interroge : « depuis la tempête de 1999 nous avons des cycles de production perturbés. Les cours du bois sont au plus bas, régénérer nos forêts va demander des investissements importants. Qui accepterait de payer plus cher pour moins de service ? »

La tempête de 1999 a ravagé 20% de la surface boisée de la commune. La vente de bois qui fournissait jusqu'à 40% des recettes n’en représente plus aujourd’hui que 10%. Pour financer les investissements courants, la commune de Lavallée doit vendre les bijoux de famille, les essences rares. « Nous allons faire abattre des érables sycomore arrivés à maturité. D’habitude nous réservons la vente des bois précieux pour financer des opérations lourdes comme le ravalement des façades de l’église »

Le maire de Lavallée n’est pas indifférent aux turbulences sociales qui agitent l’ONF. Depuis son élection en 1998, il a vu passer 11 agents. Souvent des contractuels avec qui l’édile doit rebâtir des relations de confiance mutuelle.

Le Snupfen- Solidaires par la voix de Frédéric Bedel rappelle que la forêt bien gérée rend d’immenses services à la société. Le couvert forestier limite le relargage du CO2 dans l’atmosphère et le réchauffement climatique. Il épure les eaux de pluie, stabilise les terrains instables en montagne et sur les littoraux, protège la biodiversité, autant de fonctions qui contribuent à la santé et à la sécurité environnementale de la population.

Il faut une médecine douce pour la forêt pas des saignées comme au Moyen-Age

Mais ces services gratuits rendus à la société sont fragiles. Menacées par les effets du rechauffement climatique, les forêts réclament plus de moyens pour se régénérer et non l’inverse. Selon le responsable syndical, il faut passer plus de temps sur le terrain, choisir soigneusement les arbres à abattre, prendre le temps d’observer chaque individu pour évaluer sa capacité de résistance aux parasites. « Les nouveaux moyens de détection numérique massive de l’état de santé des arbres vantés par notre direction ne sont pas adaptés. Il faut une médecine douce pour la forêt pas des saignées comme au moyen-âge »

En 4 ans, dans la région Grand Est l’Office national des forêts a perdu 7% de ses effectifs et 12% de fonctionnaires ont été remplacés par des contractuels de droit privé. Selon la médecine du travail, la charge de travail des agents culmine à 150%. Ceci expliquerait la lassitude qui atteint aujourd’hui même les plus motivés.

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