La maison de santé de Revigny-sur-Ornain a obtenu, ce lundi 21 octobre, le label « Maison de Santé pluriprofessionnelle Universitaire ». Un label qui permet d’accueillir des jeunes médecins en formation, mais aussi de lancer des projets de recherche.
Entre 2012 et 2016, la région Grand Est a perdu 85 médecins généralistes. Sur la même période, la Meuse en a gagné 6. Le résultat d’une politique de santé tournée vers les maisons médicales. C’est le choix qui a été fait à Revigny-sur-Ornain le 5 mai 2010, lorsque la maison médicale de l’Ornain a été créée à l’initiative, notamment, du professeur Olivier Bouchy.
Le médecin généraliste, aussi professeur des universités, a donc tout naturellement œuvré pour ce rapprochement avec la faculté de médecine de l’université de Lorraine qui couronne le travail engagé depuis bientôt 10 ans : « C’est la reconnaissance du travail de toute une équipe de soins primaire, sur l’amélioration de l’accès aux soins, la mise en place de protocoles pluri-professionnels et de parcours de soins, pour les patients, avec les différents professionnels de santé. »
#Meuse : La maison de #Santé de Revigny-sur-Ornain devient #Universitaire. Explication de ce que ça change avec le professeur Olivier Bouchy. @F3Lorraine @ars_grand_est @Univ_Lorraine pic.twitter.com/nJ9uL9VJFR
— JP Tranvouez (@jptranvouez) October 21, 2019
Attirer les jeunes professionnels vers la médecine générale en zone rurale
L'un des intérêts de l’opération c'est « d'accueillir des internes, des étudiants en formation, pour leur faire découvrir les soins de premier recours et toute la complexité de la médecine générale » précise le professeur Bouchy. Objectif : trouver des remplaçants aux médecins qui partent en retraite. En Meuse, 47% des médecins généralistes ont plus de 55 ans. Alors pour convaincre des jeunes praticiens, il faut leur faire découvrir le territoire et leur montrer l’activité en zone rurale : « On accueille tous les semestres trois étudiants en médecine dans trois stages différents et on a depuis quatre ans, vu l’arrivée de trois jeunes confrères », précise Olivier Bouchy.Parmi les derniers arrivants, Alexandre Didelot est médecin généraliste et chef de clinique des universités. Pour lui, l’accueil des jeunes médecins est une nécessité : « le maitre mot, c’est l’attractivité », explique-t-il. « Cette maison de santé universitaire, en mettant en avant la formation, va forcément attirer des jeunes professionnels, qui vont pouvoir être bien encadré dans leur formation, et qui vont pouvoir construire leur projet professionnel au sein de la maison de santé. »
La recherche : développer la télémédecine
L’un des deux programmes de recherche prévus dans la convention avec l’Agence Régionale de Santé et la faculté de médecine, c’est un programme axé sur la télémédecine en lien avec l’Hôpital virtuel de Lorraine. Il prévoit des téléconsultations dans le cadre de visite à domicile avec une coordination médecin traitant et infirmiers, des téléconsultations dans les EHPAD et enfin des téléconsultations avec les pharmaciens. Il prévoit aussi de la télé-expertise avec les acteurs du soin de second recours (dermatologie, psychiatrie, …)#Meuse : La maison de #Santé de Revigny-sur-Ornain devient #Universitaire. Recherche et attrait pour les jeunes médecin : les avantages avec le docteur Alexandre Didelot. @F3Lorraine @ars_grand_est @Univ_Lorraine pic.twitter.com/6j8raAdVo5
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Pour le docteur Alexandre Didelot, « un des grands axes de recherche que l’on souhaite développer c’est la télémédecine, puisque nous sommes dans un département rural, avec un manque de spécialité de second recours. » Les soins de second recours, ce sont les spécialistes. « L’urologie, la dermatologie ou la neurologie sont des spécialités en manque dans nos territoires ruraux dans le pays du barrois » précise Olivier Bouchy qui compte sur le rapprochement avec l’Université pour pallier ces manques. « L’objectif ça va être de répondre aux besoins de la population en apportant une réponse concrète via le développement de la télémédecine pour des consultations par exemple en santé mentale » poursuit Alexandre Didelot.
La pratique avancée, nouveau maillon de la chaine de soins
Enfin, la maison de santé espère beaucoup de la création d’un nouvel échelon dans la chaine des soins : l’infirmier de pratique avancée (IPA). Un professionel de la maison médicale est d'ailleurs déjà en formation. « Dans le cadre de nos consultations on rencontre beaucoup de problèmes de santé mentale. Souvent on est amené à répondre à ces patients » explique Olivier Bouchy, qui poursuit : « Le médecin généraliste se trouve parfois un peu isolé, donc avoir une infirmière de pratique avancée en santé mentale qui écoute le patient, permettrait surement de faire beaucoup moins de prescriptions d’anxiolytiques ou d’anti dépresseurs, parce qu’aujourd’hui dans notre société les gens ont besoin d’être écoutés et souvent des mots révèlent une souffrance mentale derrière. »La maison de santé pluriprofessionnelle universitaire de Revigny-sur-Ornain en chiffres
La maison de santé pluriprofessionnelle universitaire couvre le territoire de 16 communes sur 184 km2 pour 7 409 habitants. Elle est placée en zone d’action prioritaire depuis juin 2018.Cette MSPU comprend 42 professionnels :
7 médecins généralistes (5 à temps plein sur le pôle de santé, et 2 médecins collaborateurs à temps partiel)
5 Maîtres de stage universitaires
1 professeur associé d’université
1 Chef de clinique des Universités
2 Chirurgiens-dentistes
5 Pharmaciens
14 IDEs
1 infirmière coordinatrice du SSIAD
2 IDE ASALEE
1 Sage-Femme
4 kinésithérapeutes
1 Opticien
2 Orthophonistes
1 Pédicure
4 secrétaires médicales, 2 secrétaires pour les chirurgiens-dentistes et une secrétaire pour les kinésithérapeutes